Lorsque le "hollandais violent" comme on l'appelle parfois s'attaque à la science-fiction, il ne fait pas vraiment dans la dentelle. Après ROBOCOP et TOTAL RECALL, Paul Verhoeven s'attaqua à l'adaptation d'un roman intitulé "Etoiles, gardes-à-vous !". Bien sûr, Veroheven a pris pas mal de liberté par rapport au matériel original afin d'y insuffler sa marque, c'est à dire un bon grain de folie. Après l'échec critique et commercial de son précédent film, SHOWGIRLS, le réalisateur décida de renouer avec un genre qui lui avait porté chance par le passé, ce qui ne veut pas dire qu'il ne se passionna pas pour le sujet.
STARSHIP TROOPERS nous dépeint une société gérée par une fédération et gouvernée par un "Skymarshal". Nous assistons en apparence au bon déroulement d'une société utopique où la famine, la pauvreté ou encore le racisme semblent avoir bel et bien disparu. Mais derrière cette apparence, cette même société encourage ses citoyens à accomplir leur service militaire. Ou plus précisement, leur service de citoyen car c'est de cette façon, et uniquement de cette façon qu'il obtiendront leur statut de citoyen. Ce monde est donc essentiellement gouverné par les militaires qui utilisent clairement la propagande afin d'enrôler un maximum de jeunes gens dans leurs troupes.
Ce sont justement des jeunes recrues que nous suivont ici et plus particulièrement Johnny Ricco, Izzy Flores, Carmen Ilbanez et d'un peu plus loin Carl Jenkins. Ces quatre jeunes terminent leurs années lycée et s'enrôlent tous dans l'armée. Et même si Ricco affrontent quelques difficultées suite au désaccord de ses parents quant à sa décision, tous vont s'engager dans différents domaines de l'armée. Nous avons ensuite droit à des séquences dignes de FULL METAL JACKET, à savoir la formation des troupes avec footing et instructeur qui nous gueule dans les oreilles. Mais cela n'est rien en comparaison des vrais combats qui les attendent lorsque la guerre contre les "insectes" est finalement déclarée...
Si le roman d'origine semblait vouloir affirmer qu'un monde sous autorité militaire serait mieux dirigé, Verhoeven traite ce même sujet avec ironie. Ici, les jeunes sont tous beaux et semblent sorti d'une série américaine genre "Beverly Hills". Ces mêmes personnages semblent aussi ne pas avoir de véritables opinions, étant donné qu'ils ont été quasiment lobotomisé depuis leur naissance. A titre d'exemple, la scène se déroulant dans la salle de cours est particulièrement explicite. Le professeur (excellent Michael Ironside) clame à ses élèves que la guerre semble être la meilleure des solutions en toutes circonstances. Mais Veroheven tourne ces situations au ridicule à le première occasion. Ainsi, Rico s'engage dans l'armée dans le seul but d'impressionner la belle Carmen, tout comme Izzy le fait pour se rapprocher de Rico. Triste... De la même façon, voir un vieil instructeur féliciter Rico de son engagement dans l'infanterie mobile en lui disant fièrement que c'est l'infanterie qui a fait de lui l'homme qu'il est... avant que Rico ne se rende compte que l'ancien ne possède plus de jambes. Dommage donc que la critique se soit acharnée à taxé le film en le traitant de "néo-nazisme". Ridicule surtout quand on sait que Paul Verhoeven a vu les bombes allemandes tomber chez lui dans son enfance. Et même si les uniformes des soldats rappelent fortement ceux du IIIème Reich, c'est justement pour accentuer l'agressivité et l'intolérance de cette société futuriste. De plus, les héros sont jeunes et beaux mais malgré les apparences, on peut considérer que ce sont eux les "méchants". Les insectes sont bien évidemment repoussants et font preuve d'une sauvagerie hallucinante lors des combats. Mais au bout du compte, qui sont les agresseurs et qui sont les agressés ?
Mais ce qu'il faut surtout saluer, c'est la géniale mise en scène de Paul Verhoeven. Le hollandais n'hésite pas à nous proposer des affrontements véritablement épiques. Le premier face à face entre humains et insectes ou le fameux siège dans le fort où les arachnides débarquent par milliers et massacrent les humains sont dantesques ! Pas de prisonnier chez les insectes. Et puis, ce fameux gros plan de Michael Ironside qui comprend que la victoire est impossible à ce niveau. Terrible. Les plans gores ne manquent pas dans STARSHIP TROOPERS. Bras et jambes arrachés, corps liquéfiés et enflammés, rien n'est épargné aux troupes terriennes. Si cela peut sembler habituel aujourd'hui, ces effets numériques étaient une véritable révolution à l'époque. Voir de telles créatures, parfois par centaines était une véritable performance de la part de Dennis Murren, grand spécialiste des effets numériques.
Seulement voilà, pour des raisons citées plus haut, le film fût un échec commercial aux Etats-Unis. En France, le film sorti dans des salles presque vide à la même période qu'un certain TITANIC. Sans commentaires...
Mais malgré tout, STARSHIP TROOPERS peut être considéré comme un classique de la science-fiction. Sa vision de l'humanité, sa caricature d'un monde en apparence parfait et ses effets spéciaux sublimes en font un film vraiment palpitant si on accepte toutefois de ne pas prendre au premier dégré l'idéologie véhiculé par la société représenté dans le film. Et puis surtout, nous avons droit à des séquences de batailles dans l'espace ou sur la terre ferme, avec des effets visuels vraiment réussis. Le film a d'ailleurs eu droit à deux suites très inférieures à l'original. A voir et à revoir tant le film semble se bonifier à chaque nouvelle vision.
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