Second volet réalisé par Robert Rodriguez du projet "Grindhouse" mis en chantier conjointement avec Quentin Tarantino, ce "Planète terreur" sera tout ce que "Boulevard de la mort" n'était pas, à savoir généreux, plus que généreux même dans son aspect graphique riche en hémoglobine et même dans un érotisme léger mais au moins existant, rythmé, jouissif et décomplexé pour un résultat qui fera plaisir à voir malgré ses petits défauts.
Le script va laisser un gaz s'échapper d'un laboratoire contrôlé par l'armée et qui va contaminer la population d'une bourgade rurale, obligeant les quelques survivants à prendre les armes pour se défendre de cette invasion d'"infectés".
Le métrage va commencer par nous présenter Cherry, une "go-go dancer" lassée de son travail (mais après avoir fait son show le temps d'un générique attirant) et qui va démissionner pour partir à l'aventure sur la route, bientôt obligée de se jeter dans des poubelles sur le bas-côté pour éviter un convoi de militaires roulant à vive allure. Et justement nous allons retrouver ces militaires dans une base normalement abandonnée où ils vont avoir maille à partir avec des soi-disant associés au look de crapules pour une situation qui va dégénérer après avoir mis en avant des éléments savoureux (le sac à couilles) et laissé sous-entendre que ce qui se trame sur place est louche et va certainement le devenir encore plus pour les environs après qu'un gaz verdâtre soit délibérément lancé dans l'atmosphère par un des associés des militaires.
L'élément nous promettant une contagion avancée, le métrage va alors nous présenter ces autres protagonistes principaux, le tenancier frappé d'un bar-restaurant spécialisé dans les grillades, les Block, un couple de médecins hospitaliers assez comiques dans leurs habitudes et Wray, un jeune homme qui va retrouver Cherry dans ce "restaurant" et en vieilles connaissances amères, ils vont discuter un peu avant de prendre al route ensemble.
Pendant ce temps-là à l'hôpital, un premier cas étrange va se présenter au Dr. Block, un homme mordu et dont les symptômes correspondront à ceux d'une gangrène galopante et qui sera examiné de manière rendue souriante avec cet autre médecin montrant des photos horribles de cas graphiques de maladie de soldats ayant œuvré en Irak.
Et la situation ne va pas tarder à dégénérer complètement avec d'abord Cherry et Wray qui vont avoir un accident de voiture aux conséquences dramatiques pour Cherry tandis que Wray sera arrêté par la police en tant que récidiviste et conduit au poste de police qui sera bientôt littéralement attaqué par des infectés, ce qui ne tardera pas non plus à arriver à l'hôpital.
Bien entendu l'intrigue du métrage ne sera pas d'une originalité folle sur le fond pour alors laisser Wray vouloir aller sauver Cherry à l'hôpital tandis que les événements vont obliger un petit groupe de survivants menés par le shérif et Wray au restaurant déjà vu auparavant pour finalement les confronter à ces soldats contaminés mais ayant réussis à retarder la propagation du mal dans leur chair.
Mais si le fond restera classique, la forme adoptée par robert Rodriguez sera tout simplement jouissive et débridée pour aussi bien accumuler les cartons exagérément gore sur des infectés purulents au possible que pour avancer toute une série d'idées grotesques mais terriblement visuelles (les hélices de l'hélicoptère pour mutiler les infectés, par exemple) et mettre en avant des personnages hauts en couleurs, comme cette Cherry et sa mitraillette épousant le moignon de sa jambe coupée pour une autre idée complètement frappée, ou encore la femme du Dr. Block qui devra s'enfuir en voiture alors qu'elle aura eu les mains anesthésiées par son mari lorsque ce dernier aura la confirmation qu'elle le trompe, sans oublier le chef des militaire qui aura abattu Ben Laden, pour un ensemble rendu aussi extrêmement souriant.
En effet, jamais le film ne se prendra au sérieux et bien au contraire, chaque situation sera prétexte à un humour décapant, parfois facile et gras, mais toujours volontaire et visuel pour accumuler les dérives régulièrement immorales (la mort du fils des Block) avec même un brin de perversité et toujours en tirant partie des délires graphiques et sanglants qui vont pulluler tout au long du film.
Car l'un des principaux atouts du film résidera dans cet aspect graphique de tous les instants qui ne se contentera pas de faire exploser les infectés pour mettre en avant d'autres scènes sanglantes terriblement volontaires (comme ce démembrement d'un adjoint du shérif joué par Tom Savini) dans un esprit jouissif excellent bien qu'évidemment facile.
Robert Rodriguez va également respecter le concept d u projet "Grindhouse" pour nous offrir une image qui sera souvent dégradée avec ces rayures et autres déformations, quand la bande ne sautera pas purement et simplement lors d'un passage "hot" pour revenir avec toute une bobine manquante, comme cela arrivait parfois dans les cinémas de quartier, mais heureusement, vu que cela sera voulu, l'intrigue n'en sera pas franchement affectée. Et Robert Rodriguez parviendra à inclure ces désagréments volontaires dans l'esprit même du film et sans que cela ne devienne gênant ou agaçant comme ce sera le cas dans le film de Tarantino où le réalisateur n'arrivera pas à gérer ces hommages aux bandes "grindhouse" de l'époque autrement qu'en passant pour quelqu'un de prétentieux, ce qui ne sera certainement pas le cas de Robert Rodriguez dont la générosité de tous les instants fera plaisir à voir.
En plus le métrage bénéficiera d'une interprétation de qualité, entre une Rose McGowan crédible et impliqué (plus que dans "Boulevard de la mort", d'ailleurs) ou un Bruce Willis nous offrant un second rôle tout à sa mesure. La mise en scène du réalisateur sera ici plus que dynamique pour toujours laisser parler l'action et nous livrer des effets efficaces. Les effets spéciaux sont largement probants dans un gore franc, outranciers et plus que généreux, tandis que les maquillages des infectés seront globalement réussis.
Donc, ce "Planète terreur" aura de son côté réussi son pari avec cet hommage appuyé et sans prétention à tout un pan du film de zombies, mais tout en se montrant extrêmement généreux, délirant et débridé pour ainsi contenter largement son spectateur ! Certains feraient bien d'en prendre de la graine…
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