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Comptant parmi les premiers westerns tournés par Giuliano Gemma, ce "Adios gringo" proposera une intrigue assez classique et prévisible mais pour autant le métrage restera prenant et dynamique avec une certaine violence, porté en plus par une interprétation remarquable.
Le script va laisser un homme (dont la tête est mise à prix suite à un meurtre pourtant commis en état de légitime défense) sauver une jeune femme ayant survécu à une attaque de diligence (mais ayant subi les derniers outrages) pour bientôt se retrouver confronté aux coupables, dont l'un est le fils du plus riche citoyen de la ville.
Dans sa séquence introductive, le métrage va avancer son personnage principal, Brent Landers, un homme apparemment suffisamment naïf pour acheter du bétail à une connaissance, Gil Clawson, sur présentation d'une simple facture, pour ensuite se rendre en ville avec les animaux et tomber sur un notable qui va revendiquer la possession du bétail, s'énervant même et menaçant Brent pour finalement lui tirer plusieurs fois dessus. Brent sera obligé de riposter et va tuer son "adversaire" pour ensuite devoir rapidement s'enfuir devant la menace de lynchage de la foule qui va le croire coupable de vol de bétail et de meurtre. Brent aura juste le temps d'échanger quelques coups de poing avant de prendre la fuite, en jurant de revenir prouver son innocence.
Cette introduction avancera déjà le personnage central du film comme un homme de bien, responsable et honnête mais floué par un scélérat qu'il va ensuite chercher à pister pour sauver son honneur et sa tête. Ce sera donc en suivant la trace de ce Gil qui aura fui au travers une région désertique que Brent va découvrir épouvanté une jeune femme attachée nue au sol en plein soleil et couverte de blessures. Bien entendu Brent va sauver cette demoiselle, Lucy, qui au début restera prostrée jusqu'à ce que plusieurs complices des agresseurs viennent la chercher pour évidemment se faire descendre par Brent. Prenant véritablement en pitié sa pauvre compagne, Brent va se détourner de son but premier pour emmener Lucy en ville afin qu'elle puisse se faire soigner par un médecin.
La découverte de Lucy va littéralement modifier la trame du métrage pour quitter en partie cette quête vengeresse de Brent qui va finalement rester aux côtés de la jeune femme, fille de pasteur qui ne voudra pas retourner auprès de sa famille par honte de ce qui lui est arrivé, même si le viol ne sera jamais évoqué qu'en sous-entendus) pour demeurer chez ce médecin débonnaire qui l'aura soigné et acceptera bien volontiers de les héberger, tandis que Brent va se heurter aux questions d'un shérif suspicieux mais au bon fond, jusqu'à l'autre tournant du métrage qui ne tardera pas à arriver puisque Lucy va reconnaître ses agresseurs fraîchement débarqués en ville et plus précisément au saloon, confirmant ainsi les suppositions de Brent, à savoir que l'objet de sa recherche, Gil est l'un des trois agresseurs de Lucy et de la diligence la transportant dont elle fut la seule survivante. Brent va aller trouver Gil et commencer une explication musclée bien vite stoppée par le shérif qui va emmener Brent en ne croyant pas à la possible culpabilité de Gil puisque l'un de ses acolytes sera le fils de Ranchester, le plus riche notable de la ville.
La suite de l'intrigue va facilement voir Gil et ses deux comparses tenter de se débarrasser de Lucy, seule témoin de leur méfait, pour ainsi proposer de nombreux rebondissements qui vont aussi mettre en avant le passé de Brent avec sa tête mise à prix pour meurtre, ce qui va forcer le shérif à un cas de conscience qui laissera régulièrement un petit suspense s'imposer, puisqu'il devra choisir entre sa situation rangée et le fait de plus en plus évident que le fils Ranchester n'est pas aussi innocent qu'il voudra bien le dire, tandis que Verne Barfield, le médecin de la ville sera lui complètement acquis à la cause de Brent, conscient de la bonté de ce dernier et de son dévouement pur envers Lucy, ce qui contrastera aisément avec l'arrogance présomptueuse de Ranchester.
Une fois son intrigue installée, le métrage avancera ses rebondissements et autres situations tendues avec un sens du rythme avéré pour ne jamais relâcher la pression posée sur les épaules des personnages pour ainsi dispenser une action prenante et sans cesse renouvelée jusqu'au final dynamique et épique qui certes avancera des coups de théâtre quand même faciles et opportuns mais tout à fait dans la logique dramatique de l'ensemble pour punir les coupables et laisser triompher la loi et la justice en scellant dans la bonne humeur retrouvée le destin de Brent et de Lucy.
Si beaucoup de situations pourront paraître assez classiques et anticipables, le métrage va pourtant s'arranger pour maintenir une certaine pression et imposer une certaine violence graphique qui certes ne se montrera pas encore sadique comme le genre pourra le faire plus tard dans le western spaghetti mais pour autant les bagarres seront percutantes avec des coups qui feront mal et on pourra noter une certaine volonté cruelle qui s'immiscera dans les événements, comme pour la découverte de Lucy qui tout en évitant toute nudité féminine nous renseignera sur le calvaire enduré par la jeune femme tandis que plus loin la mort d'un des acolytes de Gil sera quand même étonnante par son petit côté méchant (le clou planté dans la main). Par ailleurs, le métrage comportera son quota de bagarres et de fusillades pour exploser lors du final en apparence désespéré.
Les personnages seront bien travaillés pour de fait rendre sympathique Brent, son sens de la justice et de l'honneur, sans oublier sa bonté naturelle qui va le pousser à aider Lucy du mieux qu'il le pourra, mais d'autres personnages seront aussi attachants, ce médecin bienveillant en tête et alors que même le shérif sous son air suspicieux et inquisiteur cachera un homme droit et juste, ce qui tranchera complètement avec la fausse jovialité mesquine de Gil ou l'arrogance de Ranchester.
Le métrage pourra en plus compter sur une interprétation remarquable, avec un Giuliano Gemma aussi excellent que charismatique qui sera opposé une première fois à un Nello Pazzafini gouailleur. On retrouvera également Ida Galli (déjà vue dans "Le dollar troué", tourné la même année avec également Giulanio Gemma, mais ce ne sera pas la seule à apparaître dans les deux longs métrages) et plusieurs acteurs qui vont rendre les seconds rôles impactants, comme Roberto Camardiel ou Jesus Puente. La mise en scène de Giorgio Stegani est assez classique mais tirera profit de décors naturels flamboyants, tout en sachant garder un rythme vif sur la longueur.
Donc, ce "Adios Gringo" restera un western spaghetti plus qu'honnête porté par une interprétation franchement admirable pour une intrigue fougueuse et débordante d'énergie !
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