Modernisation d’un petit classique oublié des années soixante-dix, "Les pirates du métro", ce "L’attaque du métro 123" va partiellement réussir à dépasser son manque flagrant de subtilité par son rythme soutenu et un certain suspense qui ne manquera pas de s'installer de manière durable.
Le script va laisser des malfaiteurs prendre une rame du métro de New-York et ses occupants en otages contre le versement d'une rançon de dix millions de dollars.
D'entrée le métrage va suivre la mise en place de ce plan minutieusement préparé qui va voir monter à bord d'une rame de métro trois individus tandis qu'un quatrième va prendre possession de la cabine de pilotage pour bientôt obliger le conducteur à s'arrêter entre deux stations. Cela ne manquera pas d'alerter Walter Gaber, un employé de la société régulant le trafic du métro qui surveille le bon déroulement journalier du trafic sur ces écrans indiquant le déplacement de chaque rame, surtout que les preneurs d'otage vont rapidement se révéler au grand jour en dévoilant leur arsenal, tirant en l'air pour intimider les passagers et détacher de la rame presque tous les wagons pour n'en garder qu'un avec une vingtaine d'otages.
Cette mise en place de l'intrigue sera rapide et ne s'attardera pas en premier lieu sur les protagonistes pour ainsi préférer y revenir lorsque la situation sera posée, pour de fait lancer un dialogue entre Ryder, le chef des preneurs d'otages et Gaber qui va devenir le seul interlocuteur désiré par Ryder, après une situation qui montrera en même temps sa détermination.
Le métrage aura l'avantage d'avancer comme personnage principal cette ancien responsable démis de ses fonctions pour une affaire louche et qui se retrouvera donc à la circulation des rames de métro, ce qui tranchera avec les traditionnels protagonistes tout en lui donnant un caractère commun qui ne fera que renforcer le suspense avec des réactions bien naturelles de quelqu'un de "normal" et certainement pas habitué à traîner avec des malfaiteurs. En face de lui, on trouvera par contre un Ryder assez classique dans un mélange de calme et d'hystérie brusque le rendant certes encore plus dangereux mais qui viendra parfois nuire à la bonne lisibilité de l'ensemble. Pour accroître encore ce sentiment d'urgence, un délai très court sera fixé par Ryder pour recevoir la rançon exigée puisque le maire de New-York n'aura qu'une heure pour rassembler les dix millions de dollars demandés. Cela donnera lieu à quelques situations palpitantes et spectaculaires avec ces véhicules de police fonçant en pleine ville pour atteindre le point de rendez-vous avec l'argent.
Mais si dans ses grandes lignes l'intrigue semblera bien facile et parfois même opportuniste, on pourra heureusement noter quand même quelques idées cherchant à donner de la profondeur aux personnages avec notamment ce Gaber sur la corde raide après un suspicion de pot-de-vin ou encore ce maire assez croustillant tandis que certains éléments du script réussiront avec plus ou moins de bonheur à donner de la consistance à l'ensemble en posant des questions (la manie de Ryder de regarder les chiffres de la Bourse pendant la prise d'otages) ou en augmentant de manière quelque peu gratuite le suspense (le jeune otage qui sera en liaison par internet avec sa petite amie). Mais le métrage va réussir à se ménager de véritables plages de suspense solidement amenées et surfant sur une atmosphère tendue au possible pour ainsi captiver de bout en bout le spectateur, même si le dernier acte va légèrement dériver dans sa manière de traiter le personnage de Gaber en l'imposant comme héros dans un contexte musclé.
L'interprétation est convaincante, portée par un Denzel Washington tout à fait crédible et naturel dans le rôle de Gaber, tandis que John Travolta va cabotiner gentiment pour incarner Ryder avec ses grimaces et autre mimiques très visuelles. La mise en scène de Tony Scott est vive et dynamique pour ne pas laisser un instant de répit au spectateur, tandis que l'aspect clipesque clairement désiré par le réalisateur ne viendra fort heureusement pas nuire à l'ensemble en étant parfaitement maîtrisé et donc en ne venant pas nuire à l'atmosphère pesante régnant sur la rame de métro occupée par les preneurs d'otages.
Donc, ce "L'attaque du métro 123" s'avérera être un bon thriller, pas toujours très fin, mais parfaitement huilé, rythmé et parfois même spectaculaire !
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