Pour son premier film, le réalisateur anglais Christopher Smith nous livre un huit-clos haletant mais quelque peu classique, prenant place dans un lieu peu utilisé dans le genre, le métro ( si l'on excepte le sympathique "Métro de la mort" de Gary Sherman ).
Le script est assez simple, enfermant pour la nuit une jeune femme dans le métro londonien, où elle sera poursuivie par un être humanoïde barbare et violent.
Après une scène d'introduction prometteuse et une présentation assez rapide de son personnage principal ( mais suffisamment explicite pour nous donner envie de la haïr, avec son assurance surfaite, ou encore la réplique faite au SDF devant le distributeur de billets, par exemples ! ), le métrage nous convie dans sa première partie à un jeu d'attente de l'apparition du croquemitaine, le spectateur s'attendant à le voir surgir des moindres recoins de ces couloirs de métro trop vides ( sentiment renforcé par la possible mise en place d'une caméra subjective ), tout en ne négligeant pas de nous gratifier de quelques attaques sanglantes ( le meurtre du responsable de la sécurité ) parvenant parfois à faire sursauter, avant un rupture de ton totale, avec la première "vraie" apparition du monstre, surprenante et totalement réussie, faisant d'un seul coup basculer le film dans un climat plus putride et malsain ( les cages, la découverte du laboratoire avec ses bébés difformes baignant dans le formol ), prétexte à quelques exactions où le gore reste plutôt suggéré ( le meurtre de Mendy ), avec quand même quelques plans généreux, mais presque trop ( le final ).
Malgré une action sans cesse renouvelée, le réalisateur a réussi à pouvoir s'intéresser à ses personnages pour essayer de leur donner une certaine profondeur, surtout dans la transformation de l'héroïne, qui semble gagner en humanité au fur et à mesure que l'on avance dans le métrage, mais aussi avec le monstrueux Craig, qui de part sa nature ( presque frêle ) et son passé, arrive à inspirer une certaine pitié, presque dérangeante à la vue de ses forfaits.
Le film arrive sans mal à être prenant, à intéresser par les questions qu'il soulève ( sur l'origine de Craig, mais également sur l'issue du duel ) mais sans parvenir à engendrer des frissons, et on pourra aisément regretter quelques ficelles trop grosses utilisées par le réalisateur ( le cadavre sortant brusquement de l'eau, l'apparition du monstre derrière un des protagonistes, beaucoup trop évidente ), mais le spectacle n'en reste pas moins hautement jouissif, avec des scènes d'une violence volontaire et très graphique, surtout lorsque l'auteur filme avec une certaine complaisance ( l'ongle arraché ) les déboires de son héroïne, qui en voit quand même de toutes les couleurs avant un pied-de-nez final sarcastique.
L'interprétation est convaincante, même si la froideur hautaine de Franka Potente du début du métrage peut déstabiliser le spectateur en quête d'identification, et la mise en scène du réalisateur est très vivante, collant de près à l'action ( le film a été en grande partie tourné caméra à l'épaule, apportant ainsi un réalisme cru à l'ensemble ). Les effets spéciaux sont globalement probants, même si la créature laisse parfois deviner la présence du maquillage.
Donc ce "Creep" reste un spectacle réjouissant et parfois bien brutal ( surtout dans sa dernière bobine ), malgré ses quelques petits défauts !
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