Dans la vague de remakes qui sévit en Amérique depuis quelques temps, il y a des choix qui laissent perplexe. Ainsi revisiter le premier classique de John Carpenter avait de quoi surprendre, mais le réalisateur français Jean-François Richet a su s'éloigner suffisamment du matériau original pour nous offrir une relecture ( plutôt qu'un remake ) bien rythmée et brutale, mais oubliant de la sorte l'aspect contestataire du film de 1978.
Le script en reprend les grandes lignes, avec ces quelques policiers assiégés, dans un commissariat sur le point d'être fermé, en compagnie de malfrats dont ils avaient provisoirement la garde, par une menace extérieure largement supérieure en nombre et en armes.
Et dès sa séquence d'introduction, le réalisateur donne le ton du métrage : brutal, bourrin et assez méchant, mettant ainsi directement le spectateur dans l'ambiance, pour pouvoir ensuite présenter ses personnages principaux en insistant vaguement sur leurs psychologies ( ce qui restera un des points faibles du film ), avant de lancer véritablement le siège de ce central 13 pour une série de rebondissements non-stop mêlant adroitement un suspense parfois soutenu à une action sans cesse renouvelée, ne s'accordant que de très rares temps morts jusqu'au final plutôt bluffant.
Mais d'entrée, on sent bien la volonté du réalisateur, décomplexé, de prendre ses distances avec l'oeuvre originale de John Carpenter ( malgré la présence de petits clins d'oeil évidents, "t'as pas un clope ? ", réplique culte placée ici nonchalamment ), pour ne profiter que de la trame globale et de la confrontation et finalement l'union contre-nature entre le policier responsable du commissariat et le malfrat tueur de flic. Le script a notamment la bonne idée, en modernisant le propos, de changer l'origine de la menace extérieure tout en insistant bien sur la brutalité du méchant de service, un membre de la mafia cynique et individualiste. Et même si on retrouve quelques situations déjà vues ( la fuite en voiture, la tension entre les deux groupes d'assiégés, le tir nourri sur le commissariat ), les principaux retournements de situations et les différentes actions seront ici inédits, nous offrant même un twist final certainement trop classique, mais insoupçonnable.
Et si Jean-François Richet évacue un certain radicalisme présent dans le film de John Carpenter, symbolisé par le meurtre de la fillette, il le remplace par une violence plus présente et beaucoup plus graphique, tout en n'hésitant pas à recourir à des effets choquants ( l'assassinat de sang-froid d'un des protagonistes ).
Par contre, on pourra aisément regretter la tentative de psychologie apportée au personnage principal qui, même sans vraiment nuire à l'action, semble bien superflue et tombe à plat, d'autant plus que la présence de la psychologue dans le commissariat reste d'une crédibilité opportuniste plus qu'incertaine.
L'interprétation est convaincante et Laurence Fishburne parvient sans mal à voler la vedette à un Ethan Hawke au jeu juste mais quelque peu terne. La mise en scène du réalisateur est probante, maîtrisant parfaitement ses effets pour accroître un suspense soutenu.
Donc, sans bien entendu faire oublier l'original, cette relecture quasiment entièrement portée sur l'action reste un spectacle fortement jouissif ne laissant pas de répit au spectateur !
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