Après la vision de ce "2 soeurs", on pourrait être légitimement en droit de se demander comment les membres du jury du festival de Gerardmer ont pu, en 2004, lui décerner le Grand Prix, tellement le métrage souffre à mélanger les genres et intègre son élément fantastique de manière plus que formelle et sans grande réussite.
En effet, le script nous présente deux jeunes soeurs revenant vivre dans la maison "familiale", occupée par leur père et sa nouvelle compagne cherchant à remplacer une épouse décédée. Alors que des événements bizarres se produisent et que les rapports entre les deux enfants et leur entourage se dégrade, l'aînée semble peu à peu perdre pied avec la réalité.
Après une courte séquence d'introduction presque prometteuse, laissant déjà présager que des événements tragiques ont eu lieu, le métrage s'installe dans une torpeur languissante et fastidieuse pour nous présenter ses différents personnages et les rapports conflictuels existants entre les adultes et les deux soeurs du titre, tout en insérant maladroitement à son propos des scènes cherchant vainement à distiller une angoisse qui ne viendra pas ( le rêve, par exemple ), mais surtout plus tard avec des séquences que l'on pourra aisément qualifier d'hors-sujet ( le repas avec le cousin et les "hallucinations" qui en découleront, n'entretenant aucun rapport direct avec le sujet du film ), avant que le réalisateur ne nous inflige son twist certes surprenant sur le coup, mais amené sans fioriture ni sens de l'effet, pour mieux se laisser aller à une dernière partie des plus confuses, mélangeant le rêve/ cauchemar à la réalité sans se soucier de la moindre cohérence ni de la linéarité de l'ensemble, même si le final s'avérera être un brin cruel.
Et si la complicité excessive des deux frangines peut parfois émouvoir ( mais comment ne pas penser au "Créatures célestes" de Peter Jackson ? ), le reste laissera tout simplement dubitatif, tant l'aspect brouillon domine, s'empêtrant à aller dans de multiples directions, et ce ne seront pas les tentatives de référence au genre "fantastique" qui viendront sauver les meubles, tant celles-ci laissent une impression de déjà-vu ( le fantôme ne sort pas en glissant de la télévision comme dans "Ring", mais de l'armoire ) quand elles ne sont pas tout bonnement odieusement prévisibles ( la main sortant de l'évier ), prêtant ainsi donc plus à sourire qu'autre chose ( ce qui n'est certainement pas le but recherché ).
Et si l'interprétation est vraiment convaincante, en mettant en scène deux jeunes actrices très crédibles, la réalisation de Kim Jee-Woon est trop sophistiquée, s'ornant d'effets plus que superflus, quand elle n'est pas statique.
Donc, ce "Deux soeurs", s'étirant longuement et péniblement sur deux heures, ne parviendra jamais à captiver pleinement son spectateur trop plongé dans un ennui palpable pour espérer le moindre frisson, malgré la beauté de certains plans !
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