Réalisé par notre compatriote David Morley dont c'est le premier long métrage, ce "Mutants" réussira parfaitement à assimiler ses influences pourtant flagrantes pour parvenir à se doter d'une vie propre et à plonger son spectateur dans une ambiance putride pour un huit-clos horrifique tendu et sanglant qui manquera juste peut-être un peu de "pêche" dans sa partie centrale.
Le script va suivre les déboires d'un couple tentant de survivre après qu'un virus ait infecté les humains pour les transformer en de dangereux mutants cannibales.
Après avoir informé le spectateur de la propagation de ce virus par un petit texte introductif, le métrage va commencer par suivre une jeune femme fuyant ces mutants pour finalement avoir de sérieux problèmes (pour un premier effet de surprise remarquablement bien agencé pour ainsi fonctionner pleinement), ce qui permettra alors au réalisateur d'avancer les deux personnages principaux du film, Sonia et Marco, un couple d'ambulanciers parcourant les routes désertes avec à bord de leur ambulance une femme gendarme autoritaire et glaciale qui n'hésitera pas à évacuer un blessé mordu et donc potentiellement dangereux qu'elle achèvera sans pitié. Mais bientôt le trio va devoir s'arrêter dans une station-service désaffectée, l'ambulance manquant cruellement d'essence.
Cette présentation des personnages principaux ne traînera pas en prenant place dans la continuité de l'action pour laisser cet arrêt fatal nous réserver de nouvelles surprises sanglantes et douloureuses (l'autiste) qui vont uniquement laisser Sonia et Marco repartir en vie et finalement trouver refuge dans un grand bâtiment abandonné à l'utilité passée bien incertaine.
Le métrage va alors ralentir quelque peu son rythme jusque-là effréné pour s'intéresser uniquement à ces deux personnages centraux et notamment à Marco qui aura été mordu à son tour et commencera à montrer quelques signes de transformation, signes qui deviendront de plus en plus précis et sérieux, ce qui ne sera pas d'évoquer dans l'esprit de l'amateur le destin du scientifique de "La mouche" de David Cronenberg avec par exemple cette perte de dents graphiques. Cela donnera au réalisateur l'opportunité de bien mettre en avant les différents stades de cette mutation tout en générant une tension omniprésente puisque Marco pourra à tout moment devenir hargneux et agressif envers Sonia, tandis que nous serons également mis au courant de son immunité face au virus.
Cet acte du métrage fonctionnera en majeure partie grâce à une interprétation remarquable de crédibilité et d'implication qui va rendre communicatif les sentiments et les ressentiments de chacun des protagonistes, pour ensuite rebondir vers un dernier acte plus virulent avec l'obligatoire attaque des "infectés", tandis que Sonia aura été rejointe par d'autres survivants qui seront par ailleurs complètement sous-exploités et arriveront certainement trop tard dans l'intrigue pour pouvoir espérer exister devant la caméra.
La dernière partie sera donc particulièrement tendue, violente et même méchante avec cette férocité exacerbée des mutants mais si le métrage versera régulièrement dans le gore, ce sera au sein même de l'action pour des effets jamais gratuits.
Mais on sentira bien que le réalisateur a aussi été beaucoup attiré par les relations existantes entre les deux personnages centraux du film et par les modifications intervenant dans l'esprit de Sonia suite à la contamination de son ami, entre espoir béat, résignation et ces doutes qui alimenteront aussi bien les dialogues que les situations pour ainsi même participer au final de manière émotive et douloureuse.
L'interprétation aidera donc largement l'ensemble à garder en crédibilité et en implication pour le spectateur, avec une Hélène De Fougerolles impeccable tandis que Francis Renaud donnera la profondeur nécessaire à la détresse de son personnage. La mise en scène du jeune réalisateur est efficace, mordante et assumée pour coller de près aux événements et aux troubles, et même si ses influences demeureront parfois inévitablement visibles, entre "28 jours plus tard" et "La mouche", cela ne tournera jamais à la copie ou au plagiat, et enfin le réalisateur réussira le pari de ses effets de surprise qui fonctionneront à tous les coups tout en gérant un suspense avec brio. Les effets spéciaux sont plus que probants pour des plans gores graphiques et volontaires et des maquillages de mutants terriblement réussis.
Donc, ce "Mutants" fera largement plaisir à voir et confirmera le potentiel hexagonal du cinéma de genre en en devenant un vaillant fleuron horrifique et dramatique !
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