"Torture-porn" sans autre originalité que le lieu où va se dérouler l'intrigue, ce "Train" aura beau verser allégrement dans le gore graphique et se teinter d'un mauvais goût récurrent, cela ne l'empêchera pas de sonner creux à cause d'une intrigue aussi improbable que prévisible et surfaite, et de personnages vides et ne provoquant jamais l'empathie.
Le script va laisser quelques étudiants américains séjournant en Europe de l'Est monter dans un train en direction d'Odessa sans se douter qu'il sert de repaire à des trafiquants d'organes.
L'entrée en matière sera plus que largement prometteuse avec ce générique bien sanglant suivant notamment un scalpel découpant la peau d'un corps humain sur toute sa longueur, peau qui sera ensuite carrément ôtée de manière graphique.
Ensuite viendra la traditionnelle présentation des personnages principaux, un groupe d'étudiants participant à un tournoi de lutte dans différents pays de l'Europe de l'Est que nous découvrirons en pleine action pour voir l'un d'entre eux gagner son duel et retrouver son adversaire dans les vestiaires, qui en n'étant pas rancunier va les invitant à une fête donnée le soir même. Mais d'abord il faudra à ces jeunes passer par le case "hôtel" avec leur coach rigide, ce qui ne les empêchera pas de sortir après le couvre-feu qu'il leur aura imposer pour se rendre à cette soirée donnée dans une boîte de nuit glauque et sordide, très portée sur le sexe puisqu'en déambulant les protagonistes vont par exemple tomber sur un recoin où des couples ou même des trios se livrent à des ébats sexuels sans pudeur. Après une petite bagarre et une nuit festive, ils vont rejoindre la gare où seul leur coach les attendra puisqu'ils auront raté l'heure du rendez-vous et manqué leur train pour Odessa. Ce sera grâce à l'aide d'une énigmatique femme blonde qu'ils vont pouvoir monter dans un train archaïque censé les amener à destination.
Cette présentation des protagonistes restera basique et sans profondeur malgré les maigres tentatives du réalisateur de donner un peu de poids à certains de ses personnages et notamment à la jeune Alex, ainsi prédestinée à devenir l'héroïne du métrage, et ce ne seront pas les rapides plans graveleux qui vont rendre cette partie du film plus convaincante.
La montée à bord de ce train d'un autre âge ne tardera pas à consommer les doutes quant à l'avenir du groupe, avec par exemple ces deux dégénérés libidineux servant de guide qui vont demander les passeports de chacun pour mieux les brûler ensuite, tandis que un par un les jeunes vont tomber dans les griffes des leurs bourreaux, tout les prétextes étant bon pour se séparer, même les plus ridicules (le gage donné au jeu stupide de "Action ou vérité").
Heureusement, si l'intrigue ne suivra pas en accumulant les inepties et les situations prévisibles ou improbables, le réalisateur tiendra en majeure partie ses promesses au niveau d'un aspect sanglant régulièrement présent pour des élans graphiques volontaires et variés dans l'art de mutiler les victimes de manière sadique et douloureuse, ce qui nous vaudra de remarquables effusions gores mais hélas les personnages nous étant complètement indifférents, leurs souffrances n'aura aucun impact émotionnel. Et pourtant ces scènes gores seront bien corsées pour diverses mutilations, énucléations et autre castration qui auront lieu dans des décors craspecs et glauque dans la grande tradition du sous-genre, tandis que les instruments utilisés seront eux aussi sévères.
Et lorsque le métrage se mettra à vouloir donner des explications aux agissements de ces tortionnaires, ce sera pour s'enfoncer encore un peu plus dans une banalité presque affligeante et dont la volonté de fustiger les trafics fantasmés des pays de l'Europe de l'Est tombera à plat malgré ses efforts encore bien sadiques (le sort laissé à l'appréciation du spectateur de la jeune femme donnée en pâture aux soldats en échange de leur silence complice). La dernière partie, elle aussi grandement prévisible en laissant Alex lutter seule contre les bourreaux, ne parviendra même pas à rehausser l'ensemble en continuant d'accumuler les invraisemblances jusqu'au final sans ampleur, si ce n'est cette volonté graphique toujours très présente.
Alors il ne restera au spectateur qu'à parcourir le film en attendant la prochaine séquence gore, seul point sur lequel il ne devrait pas être déçu, les déboires du script ne devenant même pas drôle au nième degré et les quelques pointes de mauvais goût (comme lorsque les deux dégénérés vont uriner abondamment sur une de leurs victimes, ou encore avec ce passage reprenant une des pires idées scabreuse de "August underground mordum" mais pour ici seulement la sous-entendre) n'arriveront pas réellement à choquer.
L'interprétation est aléatoire, transparente pour ne jamais donner une quelconque ampleur dramatique au sort réservé au victimes et la pourtant mignonne Thora Birch semblera étrangement mal à l'aise et déplacée, tandis que la métrage avancera une plaisante galerie de "gueules" incroyables. La mise en scène du réalisateur est assez vive et dynamique tout en privilégiant les phases sanglantes du film. Les effets spéciaux sont probants pour avancer ces multiples plans gores volontaires et réalistes qui iront parfois assez loin.
Donc, ce "Train" manquera le coche en étant trop superficiel et conventionnel au niveau d'une intrigue facile et sans surprises autres que cette constance et cette obstination à verser dans un gore franc et brutal qui lui fera plaisir à voir !
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