Ce sera en se servant du contexte politico-géographique explosif du Moyen-Orient post 11 septembre que ce "Le royaume" va verser dans le thriller parfois bien violent mais limité au niveau de sa capacité à faire réagir ou réfléchir son spectateur.
Le script va laisser quatre agents du F.B.I. aller enquêter sur un attentat monstre commis en Arabie Saoudite contre des civils américains implantés sur place.
Le métrage va commencer par profiter de son générique pour retracer l'histoire réelle des relations entre l'Amérique et l'Arabie Saoudite depuis le début du siècle, afin de bien replacer l'intrigue dans son contexte pour tous, avant de lancer son action par cet attentat aussi terrible que plein de (mauvaises) surprises pour ces américains vivant dans un quartier "sécurisé" de Riyad. Cette première séquence sera parfaitement huilée pour maintenir le spectateur en haleine, l'imminence de l'acte criminel étant connu de tous, mais ses préparatifs en immisçant la caméra dans la vie quotidienne de ces civils lui donnera une force supplémentaire qui sera encore accrue par plusieurs coup de théâtre vicieux et bien trouvé, déroutant ainsi le spectateur devant la violence du méfait. Le réalisateur en profitera également pour nous présenter brièvement le personnage principal du métrage, Ronald Fleury, un agent du F.B.I. que nous découvrirons racontant à la classe de son fils la naissance de ce dernier pour une présentation quand même classique et cherchant fortement à déclencher une sympathie feinte pour ce protagoniste qui sera rapidement détourné de ses occupations par l'annonce de l'attentat meurtrier de Riyad.
S'ensuivra une première partie faussement complexe au cours de laquelle Fleury va devoir se battre avec sa hiérarchie pour pouvoir aller en compagnie de trois de ses agents enquêter sur place puisqu'il sera personnellement impliqué vu qu'un de ses amis proches est mort dans l'attentat. Et finalement, suite à un chantage, le quatuor va pouvoir s'envoler pour l'Arabie Saoudite, où les américains ne sont pas forcément les bienvenus, et rencontrer une fois arrivés sur place un responsable de la police locale, Faris Al ghazi qui va les escorter pendant leur séjour.
Le "ventre mou" du métrage verra donc en parallèle le comportement des saoudiens changer, la crainte confinant les agents du F.B.I. en ne les laissant rien faire pour faire avancer l'enquête sur l'attentat et être uniquement spectateurs va se changer en une collaboration étroite qui va bien entendu faire avancer les choses, tandis que les rebondissements se feront justement en suivant cette enquête et les analyses très "high-tech" des américains proches des séries criminelles du moment.
Mais le métrage parviendra quand même au milieu de ces situations à installer un danger constant grâce à une atmosphère lourde d'une menace aussi sournoise qu'invisible, l'attitude réfractaire des saoudiens n'y étant pas pour rien, pour nous amener doucement vers une dernière partie explosive, blindée d'action et de "gunfights" impressionnants qui réveilleront et scotcheront littéralement par le réalisme de rigueur et la violence inhérente qui viendra se greffer aux situations de façon parfois sanglante, pour au final nous délivrer un message incertain qui prouvera bien que l'action engagée par ces américains n'aura rien changé.
Hélas, le métrage aura du mal à se défaire des stéréotypes imposés, en présentant les américains comme des "gentils" au travers de clichés régulièrement effarants de naïveté (la sucette par exemple), tandis que les musulmans extrémistes, bien évidemment barbus resteront des brutes assoiffées de crimes et l'islam sera montré sous un jour bien radical et intransigeant, donnant même parfois l'impression que le réalisateur cherchera à dénoncer certains de ses aspects et en particulier l'opulence démesurée de ces princes arabes.
Par contre, au niveau des temps forts du film, il n'y aura rien à redire, les phases d'action étant filmées de manière dynamique, caméra à l'épaule pour plus de crédibilité et seront rondement menée avec ce qu'il faut de cascades et autres fusillades cadrées de près qui insisteront en plus sur l'omniprésence du danger pouvant se cacher n'importe où et dans n'importe quelle situation, et ce même si l'intrigue deviendra presque "limite" en se servant de drames vécus pour faire monter l'adrénaline (la menace de décapitation pesant sur un des américains enlevé devra par exemple rappeler de tristes souvenirs aux spectateurs américains).
L'interprétation est convaincante, dominée par un Jamie Coxx charismatique et crédible, tandis que Jennifer Garner apportera une touche de féminité qui servira bien l'intrigue pour dénoncer ou stigmatiser certains penchants de l'islam, mais hélas les seconds rôles seront plus ou moins inexistants et sous-exploités. La mise en scène du réalisateur Peter Berg est dynamique et vive pour filmer l'action et les cascades et autres scènes ayant nécessité des effets spéciaux ou des explosions seront parfaitement réalistes et bluffantes.
Donc, ce "Le royaume" pourra impliquer son spectateur et l'épater par ses temps forts plus que démonstratifs, mais le reste pourra décevoir avec des stéréotypes bien flagrants et une utilisation du contexte politique ne servant que l'intrigue !
|