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Western aussi carré qu'efficace mais très classique dans son agencement, ce "Texas adios" profitera pleinement de la présence d'un Franco Nero encore méconnu du grand public mais déjà largement percutant à l'écran pour dynamiser une intrigue déjà bien travaillée, fouillée et riche en situations prenantes et en personnages forts.
Le script va laisser deux frères texans partir au Mexique à la recherche du meurtrier de leur père, devenu un riche et tyrannique propriétaire terrien.
Le métrage débutera de manière percutante en suivant d'entrée au travers du générique un duel entre deux hommes se pourchassant en se tirant dessus dans une ville déserte, le réalisateur Ferdinando Baldi procédant même à des arrêts sur image efficaces, jusqu'à ce que l'un des deux soit touchés et à la merci de l'autre qui s'apprêtera à l'abattre, stoppé dans son geste par un tir d'un troisième larron sorti de nulle part et qui va s'avérer être le shérif de la ville, Burt Sullivan, empêchant donc un chasseur de primes de tuer sa proie. Et brusquement, la ville va se doter d'une vie retrouvée, les passants et des calèches envahissant les rues. Nous découvrirons alors Jim, le frère cadet de Burt, allongé dans l'herbe avec une demoiselle à l'abri des regards et qui sera averti de la nouvelle arrestation d'un bandit par son frère aîné. Tout émoustillé par cette nouvelle, Jim abandonnera sa dulcinée pour rejoindre la ville et se préparer à la fête qui sera donnée le soir même pour célébrer cette prise.
Mais alors que les citoyens s'amusent dans dehors, Burt va confier son insigne de shérif pour pouvoir partie seul et discrètement, l'heure étant venu pour lui de retrouver l'homme ayant abattu son père il y a des années. Mais en cours de route Burt devra se défaire d'un tireur embusqué avec qui il va lutter pour finir par abattre l'homme et retrouver au pied de son cheval Jim qui, ayant pressenti son départ, l'aura suivi. Malgré le refus initial de Burt, Jim va finir par le convaincre de l'accompagner dans sa quête, se sentant également et légitimement concerné.
Cette mise en situation de l'intrigue ne traînera pas pour installer l'enjeu principal du film avec ce thème classique de la vengeance et enverra donc les deux frères jusqu'au Mexique où ils vont s'arrêter dans une ville afin de trouver des renseignements sur l'homme qu'ils recherchent, Cisco Delgado. Mais partout où ils prononceront ce nom, les visages se fermeront et personne ne semblera disposer à les aider, ni l'employé de banque à qui ils auront changé des dollars, ni la servante du bar dans lequel ils seront descendus, entraînant l'animosité des mexicains présents et déclenchant même une bagarre violente entre Burt et un homme qui avait frappé Jim. L'intrigue va également mettre en avant la justice expéditive régnant sur place avec cet alcalde prénommé Miguel, un homme alcoolique qui déclenchera des exécutions de voleurs en ouvrant sa gourde dans un bruit caractéristique.
Après plusieurs rencontres et quelques rebondissements qui prouveront à Burt et à Jim qu'ils ne sont pas les bienvenus au Mexique, loin de là, ils vont finir par trouver une escorte qui va les conduire jusqu'au domaine de Delgado. Entre-temps le métrage aura pris soin de nous présenter de Cisco Delgado comme un homme sans pitié, doté d'une cruauté infinie, le faisant par exemple tuer les fils d'un homme ne voulant pas vendre ses terres sous ses yeux atterrés, jusqu'à cette première confrontation qui prendra une tournure bien étrange puisque, une fois arrivés à leur destination, Burt sera reçu par Delgado sans violence alors que l'on était légitimement en droit de s'attendre à un règlement de comptes en bonne et due forme. Et pour causes, des révélations liées au passé de Delgado et ses liens avec la famille de Burt vont tomber et présenter certains aspects de l'intrigue sous un jour complètement nouveau qui obligera à revoir certains jugements, sans que cela fasse dévier Burt de son intention première, ramener Delgado au Texas pour qu'il soit jugé de son crime passé.
L'intrigue se parera également d'une connotation sociale avec ces mexicains avides de liberté et rebelles à l'autorité de Delgado qui vont lancer un mouvement révolutionnaire qui servira bien Burt lors du dernier acte qui nous réservera encore des surprises tout en se montrant sans pitié pour certains protagonistes avant de nous offrir un duel final attendu qui tiendra toutes ses promesses.
Si le métrage comptera évidemment bon nombre de péripéties propres au genre, avec fusillades, guet-apens, bagarres et situations impossibles dont Burt et Jim arriveront à se sortir sans encombre, et tout en faisant preuve d'une cruauté réelle (le meurtre d'un petit mexicain, le sort réservé à la servante du bar), ce seront surtout les personnages et les développements de l'intrigue qui participeront grandement à la réussite globale du film.
En effet, les principaux protagonistes seront bien travaillés, pour par exemple opposer les caractères des deux frères, avec la fougue et l'innocence de Jim pour qui ce voyage prendra une tournure initiatique qui contrastera avec l'intelligence posée d'un Burt bien plus efficace dans l'action et tandis que les seconds rôles seront également impactant Cisco Delgado en tête, en se révélant ne pas être uniquement la brute présentée, laissant même l'alcalde Miguel changer de comportement et devenir au final plus pitoyable que méchant malgré les apparences.
Et en modifiant la donne en cours de route, l'intrigue s'offrira des passages insolites et originaux, comme la première rencontre entre Burt et Delgado, tout en développant une dualité certaine chez ses personnages doublée d'un sentiment de trahison apparent, pour déboucher dans sa seconde partie sur des situations totalement inattendues qui resteront fort heureusement prenants et largement efficaces.
L'interprétation est remarquable avec un Franco Nero au charisme naturel envahissant l'écran, tandis que José Suarez campera un Delgado marquant et que nous retrouverons au hasard des événements des "gueules" hautes en couleurs, comme Gino Pernice, Livio Lorenzon ou encore Luigi Pistilli. La mise en cène de Ferdinando Baldi est vive et dynamique pour donner du rythme à l'ensemble du métrage tout en mettant parfaitement en avant des décors naturels riches mais tout en demeurant quand même assez classique sur le fond.
Donc, ce "Texas adios" saura légitimement se faire apprécier par son intrigue riche et bien fouillée guidée par des personnages forts et impactants !
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