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Reprenant à son compte le traditionnel thème de la vengeance, ce "Un par un sans pitié" n'offrira hélas qu'un bilan mitigé à cause d'une intrigue superficielle et elliptique au goût d'inachevé et pas forcément aidée par des personnages sans réelle saveur.
Le script va suivre la vengeance d'un jeune homme contre les meurtriers de son père assassiné par ses quatre coéquipiers alors qu'il transportait de l'or pour l'armée.
Dès son introduction le métrage va avancer son personnage principal, Bill Grayson, un jeune homme qui va se mêler à une conversation dans un saloon, puisqu'un promoteur de matériel agricole va tenter de vendre ses articles tout en recherchant un vendeur, ce qui semblera intéresser Bill mais lorsqu'il prononcera son nom les hommes présents dans l'assistance vont s'énerver et déclencher une bagarre en plusieurs parties qui verra Bill éjecté une première fois pour revenir à la charge et finir encore par mordre la poussière. Il faudra l'intervention du shérif pour que les esprits se calment un minimum, shérif qui va annoncer à Bill le pourquoi de cette fureur. En effet, le père de Bill est accusé d'avoir détourné de l'argent qu'il convoyait avec quatre autres soldats lors de le Guerre de Sécession.
Cette entame du métrage oscillera déjà entre sérieux et humour pour suivre ce Bill essayer de se battre avec des méthodes et des manières guère appropriées face aux brutes lâchées sur lui, scène dont ne perdra pas une miette un mexicain attablé en plein repas et qui semblera quand même bien intéressé. Cet aspect comique se montera au grand jour lorsque Bill quittera al ville avec une monture offerte par le shérif qui se révélera être un âne, ridiculisant encore un peu plus ce personnage principal bien emprunté et qui ne tardera pas à trouver sur sa route le mexicain déjà vu. Cet homme, nommé Joe Charro, se présentera comme ayant été présent dans le convoi d'argent soi-disant volé par le père de Bill et se proposera de rétablir la vérité, avançant ainsi une toute autre version des faits, tout en apprenant à Bill la mort de son père, tué par les quatre autres, tandis que Joe avait été abandonné sur place, enterré alors qu'il était encore vivant, comme nous pourrons le voir au cours d'un flash-back assez réussi en se mêlant adroitement avec le présent.
Le contexte de l'intrigue ainsi replacé, les deux protagonistes vont bien entendu faire équipe pour se venger des quatre assassins et voleurs, pour des motifs quand même quelque peu différents puisque Joe semblera largement attiré par l'appât du gain tandis que bill ne voudra que venger son père, et tandis qu'une relation bien classique et vue maintes fois auparavant va se lier entre les deux hommes, Joe faisant de la sorte office de mentor et d'initiateur face au jeune Bill qui aura encore beaucoup de choses à apprendre. Cette partie de l'intrigue va être prétexte à quelques situations souriantes, comme lorsque les deux hommes vont se battre jusqu'à "plus soif" uniquement pour montrer leur capacité à se défendre tandis que le réalisateur va en cours de route mettre plusieurs fois en doute la fidélité de Joe lors de circonstances bien faciles (le scorpion, par exemple).
L'aspect "vengeance" pur du métrage apparaîtra par contre comme largement décevant puisque si les deux compères vont effectivement retrouver (très facilement…) la trace des quatre malfaiteurs, ce ne sera que pour des séquences superficielles qui ne laisseront pas la place à une véritable présentation de ces lascars, initiant même des esquisses de sous-intrigues complètement avortées et laissant des ellipses énormes venir faciliter la tâche des personnages, et ce même si les stratagèmes imaginés par Bill et Joe pour cueillir leurs proies seront parfois savoureux (le saloon piégé par exemple) et donneront lieu à des passages obligés toujours sympathiques à suivre, comme cette bagarre générale dans un autre saloon.
Mais hélas l'intrigue, qui donnera l'impression d'avoir été écrite au joue le jour, se perdra en digressions ternes, comme ce shérif désireux de récupérer l'argent volé par Joe et qui viendra se greffer à l'histoire de manière abrupte, ou encore cette attaque de diligence certes plaisante à suivre mais sans intérêt, laissant même une dernière partie bien opportuniste venir clore la vengeance de Bill avant qu'un dernier coup de théâtre aussi improbable que grossier, certes inattendu mais tombant comme un cheveu sur la soupe, arrive pour clore les débats d'une manière décevante et inutile.
Pour espérer gagner un peu d'ampleur, le métrage aurait pu compter sur ses personnages principaux avec ce duo certes sympathique mais étouffé par l'inconsistance globale de Peter Lee Lawrence qui incarnera un Bill Grayson bien effacé et sans aucun charisme, ce qui sera en partie compensé par la prestance de William Bogart et son charisme bourru mais foncièrement attachant. Et comme évoqué plus haut, les malfaiteurs n'auront pas le temps d'exister à l'écran suffisamment pour déclencher le moindre sentiment.
Le réalisateur Rafael Romero Marchent adoptera ici une mise en scène assez plate et manquant de vivacité, tout en ne tirant pas profit des splendides décors naturels qui ne seront jamais véritablement mis en valeur, tandis qu'il aura tendance à truffer l'intrigue d'ellipses et même d'incohérences dommageables (l'homme caché dans un rideau lors d'une séquence tendu qui ne se manifestera jamais, notamment).
Donc, ce "Un par un sans pitié" manquera grandement de profondeur, d'originalité et de sérieux dans son agencement pour espérer pouvoir séduire pleinement, mais pour autant, quelques passages savoureux et autres péripéties sympathiques viendront heureusement le sauver du naufrage !
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