Neill Blomkamp, illustre inconnu dans nos contrées, en réalisant la version longue de son "Alive in Joburg" seule référence dans son CV, nous fait pousser un immense OUF de soulagement, non le cinéma divertissant et intelligent n'est pas mort.
Ce dernier donne un sacré coup de pied dans la fourmilière hollywoodienne avec son budget de série B, et oui création ne rime pas forcément avec budget pharaonique. Avatar, 300 millions de dollars, images sublimes mais scénario à la pocahontas, 2012, 200 millions, effets spéciaux dévastateurs mais psychologie hollywoodienne surannée, Transformers 2, 200 millions, effets pyrotechniques frisant l'indigestion et scénario végétativement débile, ces 3 blockbusters ont bien des points communs, celui d'essayer de nous en mettre plein la vue grâce à un budget démesuré afin de palier un scénario rachitique.
On suit donc ces pauvres aliens prisonniers depuis plus de 20 ans sur notre bonne vieille terre, dans un lieu qui ne privilégie pas enfin un état américain, mais un pays au passé lourdement chargé de symboles. Le réalisateur nous propose la première partie du film sous forme de reportage, cloverfield a déjà fait ses preuves, la méthode employée évite heureusement un tangage de l'image si douloureux pour les estomacs fragiles. Ces aliens, "les crevettes" sont décrits comme le rebut de la galaxie, se nourrissant de pourritures et de déchets. Leur nombre croissant sans cesse, amène chaque jour un peu plus de crainte chez les autochtones, il est donc décidé de cantonner ces "touristes intergalactiques" dans un univers ressemblant à s'y méprendre à un camp de concentration. Il ne manquait plus qu'un bon bourrin, attaché à l'ordre et aux anges des responsabilités qu'on lui octroie pour bien planter le décor de cet univers post-apocalyptique. On suit donc les aventures peu envieuses de cet agent du MNU, qui va apprendre à ses dépens ce que signifie la différence.
Pas mal de clin d'oeil égrènent le métrage, on pense évidemment à "La Mouche", derrière certaines scènes très gores, l'humour est omniprésent. La seconde partie quitte l'option reportage pour se consacrer un peu plus à l'action, on rentre pleinement dans la partie divertissement bannissant tout temps mort. La grande réussite du film et surtout l'intelligence du projet consiste à montrer les failles de l'humain, ses peurs face à la différence sans jamais juger ni apporter de solutions illusoires.
Ce district 9 impressionne par la maturité du récit , mais également par sa maîtrise technique qui sait se passer d'esbroufes, dommage que certaines scènes trop gores doivent priver la vision d'un jeune public. Ce tout jeune réalisateur a le mérite de conserver une ligne directrice unique sur son projet: le respect du spectateur ! Voila sans doute l'un des meilleurs film de science-fiction de ce début de millénaire.
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