CRITIQUE DVD

La série « Rome » avec ses deux saisons n’était pas de trop pour afficher au grand jour cette ville mythique corrompue par l’avidité du pouvoir et ses trahisons. Il était intéressant après cela de se replonger dans le sulfureux Caligula, affichant déjà ses 30 ans, afin de voir s’il gardait toujours le même impact.

Caligula, « petite botte » pour les intimes, n’a qu’un seul désir, voir mourir Tibère son grand-père afin de lui récupérer son trône. Son nom sera synonyme de folie et de cruauté, sa sauvagerie sera aussi grande que son règne fut heureusement court. Nous suivons pendant 2h30 les humeurs d’un personnage se souciant peu de la noblesse de sa cour et des sénateurs, ses délires, ses orgies ou ses exécutions semblant plus le préoccuper. Ce qui fit grand bruit à l’époque de son tournage, furent ces fameuses scènes de sexe non dissimulées, tournées dans le plus grand secret par son producteur Bob Guccione à l'insu de son réalisateur plus en clin à montrer le sexe sans artifice et surtout sans esthétisme. Ces divergences vaudront pas mal de désaccord et de procès, même John Gielgud demandera sans réussite à faire retirer son nom de l'affiche.

Toute cette frénésie médiatique était-elle bien fondée ?

Incorporé quelques scènes de fellation dans une orgie paraît peu déplacée, s’en offusquer frise l'hypocrisie pour peu que le film affiche bien son interdiction aux moins de 18 ans. Résumer ce film à un simple porno serait un raccourci stupide et trompeur, les quelques minutes qui y sont consacrées saupoudrent bien souvent furtivement les scènes jouées. Seulement 2 séquences peuvent prétendre être à part entière des scènes de sexe, celles tournées justement par le producteur. Bizarrement la scène d’émasculation est reléguée au second plan, il faudra m’expliquer un jour pourquoi une scène comme celle du frère de joe pesci se faisant massacrer à coup de batte de baseball dans « Casino » est seulement interdit aux moins de 12 ans, ou alors je viens de trouver la définition exacte de la mauvaise foi.
Voilà donc une frénésie médiatique qui fit le bonheur de Bob Guccione qui ne pouvait trouver meilleure presse, cette dernière devant payer sa place voudra le lui faire payer.
Sur ces 30 années passées, le film garde sur le fond tout son impact dramatique et artistique emmené par un incroyable Malcolm Mcdowell complètement habité par son personnage et n’oublions pas pour le clin d’oeil les filles de Penthouse, une sacré référence physique faute d’être artistique. Sur la forme, l'édifice présente quelques fissures, tout d'abord par un jeu théâtral et suranné, ensuite par des décors majestueux certes mais devenus franchement kitch à l'image de cette machine outrageusement rouge découpant les têtes.

Au final ce péplum à mi-chemin de « satyricon » et de « Salo » dresse un portrait assez fidèle du personnage funeste, le film est à déconseiller bien évidemment à un public jeune et non averti. Il reste une oeuvre controversée mais aboutie, crue dans sa violence comme dans le sexe et indiscutablement un film qui ne peut laisser indifférent !

L'image alterne le bon et le moins bon, le grain est sacrément présent par moment avec pas mal d'artéfact et quelques couleurs diluées sur les extérieurs. Heureusement un contraste soutenu et de bonne facture ainsi qu'une absence de poussière contrebalancent l’ensemble.

On retrouve dans la version française l'excellent doublage d'origine, le dynamisme est pratiquement égal à la VO et atténue quelque peu le  « jeu théâtral ». Peu d'effets sont à noter mais l'ensemble reste plaisant.

Le making of constitue un petit trésor de cinémathèque, le film (56'29) tourné visiblement peu de temps après le film présente les personnages clés de l'oeuvre, Gore Vidal l'auteur non crédité au générique qui exècre les réalisateurs, Bob Guccione le producteur au look plutôt provocant, chemise ouverte jusqu'au nombril lesté de multiples chaînes et Tinto Brass l'homme au bob qui exècre les auteurs. On y apprend une foule de détails sur les acteurs, les scènes tournées en cachette, les décors, les castings, le tout narré en voix off sur un ton très solennel et décalé. Au même titre que le film, certaines scènes ne sont absolument pas visibles pour une jeune public (-18ans). On pourra juste reprocher une image catastrophique, parfois même à la limite de la lisibilité où les couleurs bavent complètement, cachant les personnages. Sinon c’est un régal pour s’immerger complètement dans cette odyssée sulfureuse.
L’interview de Tinto Brass (8’50) nous apprend qu’il maîtrise parfaitement notre langue, sa vision sur l’érotisme est très intéressante et remarquablement argumentée, à noter qu’il ne mentionne jamais ses désaccords avec Guccione.
Les secrets d’un tournage mouvementé, structurés par petits modules écrits fourmillent de détails, on y apprend le professionnalisme surfait de Peter O’toole et son sérieux penchant pour l’alcool, le côté pingre de Malcolm McDowell est également mis en lumière. On retrouve également un diaporama commenté par le journaliste François Cognard assez savoureux, les filmographies et un lien internet. Le tout présenté avec des menus très sympathiques.

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Le coffret qui nous est proposé est superbe, l’étui présente une pièce de monnaie à l’effigie de Caligula dans un magnifique relief. Le digipack en 3 parties se compose d’un chapitrage et de 2 photos du couple incestueux Caligula et drusilla. La sérigraphie identique reprenant la pièce de monnaie se décompose en 2 teintes, bleue pour le film et rouge pour les suppléments. Les logos et mentions légales sont malheureusement éparpillés « mangeant » un peu l’ensemble, mais on pardonne ce petit défaut qui n’enlève rien à la classe de ce collector.

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