A partir d’une intrigue se voulant inspirée de faits réels avec la disparition complète de la première colonie anglaise à avoir foulé le sol américain au seizième siècle, ce "Lost colony" ne va développer que des péripéties classiques, prévisibles et portées par un rythme parfois douteux au sein d'un fantastique jamais effrayant et peu sanglant misant surtout sur un climat d'attente pour justifier quelques apparitions fantomatiques aux effets spéciaux mitigés.
Le script va laisser des colons anglais s'installer sur l'île de Roanoke en Amérique de prospérer, mais ce sera sans compter sur la présence de spectres affamés d'âmes humaines qui vont les attaquer nuit après nuit.
Après un petit rappel historique, la séquence introductive sera assez encourageante en suivant un soldat anglais courant dans la forêt poursuivi par un mystérieux prédateur pour finalement venir s'échouer devant la porte du fort qu'un de ses compatriotes refusera d'ouvrir, laissant cet homme se faire massacrer par son poursuivant dans une explosion sanglante facile et guère élaborée. Finalement le survivant cloîtré à l'intérieur du fort, terrifié, ira se pendre.
Le métrage va alors laisser passer quelques mois pour voir débarquer sur place un groupe de colons menés par le Gouverneur White et nous permettre de faire la connaissance du héros clairement identifié d'entrée, Ananias, gendre de White dont la fille, Eleanor attend un enfant.
Tout ce petit monde va bien entendu arriver au fort vu auparavant pour tomber sur le squelette du pendu, tandis qu'un indien présent sur place et ami d'Ananias, Manteo, va les mettre en garde contre la forêt et les nuits d'hiver.
La mise en place de l'intrigue prendra bien son temps pour avancer les liens unissant les différents protagonistes et placer la situation précaire dans laquelle le groupe va se trouver par manque de nourriture (les chasseurs revenant bredouille d'une forêt apparemment vide de vie), ce qui va pousser le Gouverneur White à repartir, non sans avoir nommé Ananias gouverneur en son absence. Mais pendant ce temps-là, Eleanor va commencer à avoir des visions et cauchemars récurrents au cours desquels des créatures monstrueuses vont vouloir s'en prendre à son enfant à naître. Mais ce ne sera pas le seul élément précurseur puisqu'un indien sorti d'on ne sait où se fera littéralement englober par un arbre alors qu'il espionnait le fort.
L'intrigue va laisser dans l'ignorance du danger les colons le temps de quelques disparitions synonymes de séquences cherchant vainement à installer un climat tendu avant de balancer ces spectres devant la caméra, et ce sera auprès de Manteo qu'Ananias va en apprendre plus sur cette île maudite et cette légende viking qui viendra donner une "justification" aux événements surnaturels qui vont suivre, les spectres attaquant enfin de manière frontale les colons afin de se nourrir de leurs âmes.
Hélas, à partir de quelques idées intéressantes sur le papier et débouchant sur un huit-clos à l'intérieur du fort, le métrage ne va nous offrir que des situations superficielles, parfois même dictées par des "bons sentiments" faciles et mièvres, pour en plus laisser des péripéties annexes venir parasiter l'intrigue principale, comme cette expédition punitive stupide au camp des indiens, et laisser un final confus, presque bâclé mais assez pessimiste et évitant toute happy-end classique venir clore les débats sur une note amère et tranchant pleinement avec l'ambiance globale du film.
En plus de mal exploiter son idée de base, le métrage subira une interprétation plus que mitigée, portée par un Adrian Paul guère expressif et sans aucun charisme à l'écran, tandis que les effets spéciaux resteront aléatoires pour animer ces spectres mal incrustés, et tandis que les petits effets sanglants demeureront bien timides et bien faciles.
Par contre, la reconstitution historique, malgré son minimalisme (un fort en bois et basta !) sera plutôt soignée, notamment pour des costumes crédibles. Enfin, la mise en scène du réalisateur tentera d'apporter sporadiquement de l'énergie à ses séquences d'actions et à celles se voulant effrayantes, quitte à reprendre les longs travelling d'"Evil dead" à travers bois, mais le génie en moins, mais hélas, cela contrastera trop largement avec des phases de calme bien trop régulières et empiétant sur l'action.
Donc, ce "Lost colony" n'arrivera pas franchement à séduire, partagé entre diverses aspirations pas forcément complémentaires et plombé par un rythme souvent défaillant en imposant un faux rythme. Dommage, l'idée de base étaient plutôt bonne…
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