Avec ce "The bloody judge" (également connu sous le titre "Le trône de feu"), Jess Franco va nous livrer une œuvre hybride, axée sur une intrigue d'aventures historiques sur laquelle viendront se greffer plusieurs des thèmes chers au réalisateur avec un aspect horrifique bien présent à l'aide de scènes de tortures explicites, ainsi qu'un érotisme certes plus discret qu'à l'accoutumée chez l'auteur mais bien présent pour autant, ce qui se fera hélas au détriment d"une intrigue assez confuse et brouillonne qui aura du mal à s'imposer.
Le script va suivre les méfaits d'un juge de l'Inquisition anglaise face à la montée en puissance d'une rébellion hostile au roi en place.
Après un petite rappel par une voix-off de la situation politique trouble de cette fin du dix septième siècle en Angleterre, le métrage va lancer son intrigue en suivant une petite communauté païenne se livrant à un rituel autour d'un feu, rituel qui sera rapidement stoppé par l'arrivée de serviteurs de Lord Jeffreys qui vont saccager le campement avant de poursuivre Peter et Alicia, un couple s'étant isolé pour batifoler, Peter succombant, tandis qu'Alicia sera arrêtée.
C'est donc dans la continuité que nous allons découvrir ce Lord Jeffreys, juge résidant la cour qui va hâtivement condamner Alicia à mort en la considérant comme une sorcière, alors que dans l'assistance se trouvera sa sœur Mary. Celle-ci tentera bien d'amadouer le juge, mais rien n'y fera, Alicia sera exécutée. Mais avant cela, Jess Franco nous gratifiera d'une première séquence de tortures certes complètement gratuite puisque la présumée coupable a déjà été condamnée, mais qui offrira l'occasion de faire la connaissance de ce sinistre et charismatique bourreau, Jack Ketch, au look et au faciès impressionnants qui dans son antre torturera sévèrement Alicia, la brûlant même au fer rouge, préambule à son supplice final puisqu'elle finira sur le bûcher pour hérésie.
Ensuite l'intrigue va développer le côté historique de son intrigue pour voir Lord Jeffreys rencontrer Lord Wessex, un éminent personnage ayant eu pour serviteur Alicia et dont le fils Harry se sera amouraché de Mary, ce qui reviendra aux oreilles de lord Jeffreys à cause d'un gaffe (involontaire ?) de Satchel, le métayer de Lord Wessex. Nous découvrirons ensuite que cet Harry fréquente un opposant au Roi, Barnaby, prêt à lancer une offensive avec l'aide d'un Duc fraîchement arrivé sur place. Cette partie du métrage sera sans aucun doute la plus faible, en tentant des connexions entre ces protagonistes de manière confuse et elliptique, sans garantir la bonne compréhension du spectateur de ces remous historiques internes à l'Angleterre, mais tout en comportant une séquence prolongée de combat entre les deux "armées" réussie avec tirs de canons dévastateurs qui ne paraîtra jamais "cheap".
Mais par la suite Mary se retrouvera aux mains des sbires de Lord Jeffreys, obligeant Harry à partir à sa rechercher pour laisser une dernière partie revenir se vautrer dans l'exploitation pure avec un retour dans l'antre du bourreau et un détour dans l'intimité de lord Jeffreys qui sera aussi bien sujet à des cauchemars sanglants qu'il succombera aux charmes de Mary, prête à tout pour voir "son" Harry lui aussi finalement capturé être épargné.
Bien que confus et parfois même nébuleux, l'aspect historique du métrage sera parfaitement rendue, avec déjà une reconstitution toujours crédible de cette époque, aussi bien dans les décors que pour des costumes adaptés, en s'appuyant sur une réalité historique puisque ce lord Jeffreys aura réellement existé, tandis que les pratiques liées à l'Inquisition resteront également réalistes dans leur aspect sordide.
Justement, Jess Franco alignera au cours du métrage quelques passages graphiques lorsque le bourreau entrera en scène pour faire subir quelques sévices à des suppliciées hurlantes, fouettées, écartelées, tailladées dans une atmosphère assez glauque et malsaine, le métrage s'offrant en outre des relents de film de WIP (Women In Prison) avec ces prisonnières enchaînées dans des cachots qui se battront même entre elles au début du métrage ou offrant un arrière-plan esthétique aux décors de l'antre du bourreau.
L'érotisme cher au réalisateur sera aussi de la partie, le temps de quelques séquences qui déshabilleront Mary le temps notamment d'un court ébat avec Harry et plus tard pour une scène plus langoureuse avec Lord Jeffreys, mais cette fois-ci Jess Franco restera "sage" avec uniquement quelques gros plans sur des mamelons et sans jamais s'en aller flirter avec le hardcore.
Les personnages joueront un rôle certes important mais n'arriveront pas à avoir la dimension désirée, notamment ce Lors Jeffreys dont les tourments liés aux condamnations émises seront réduits à une petite séquence sanglante faisant office de cauchemar mais surtout le charisme de Christopher Lee ne suffira pas à imposer son personnage à l'écran. Et face à lui les autres personnages resteront bien pâles et sans réelle saveur, à l'exception de ce bourreau terrible et qui illuminera le métrage à chacune de ses apparitions, mais il faut dire aussi qu'il a bénéficié de la prestance d'un Horward Vernon toujours aussi excellent et parfaitement à l'aise dans ce rôle décisif pour animer tout un pan du métrage, certainement le plus jouissif. La mise en scène de Jess Franco est adaptée, linéaire et assez vive pour suivre les phases d'action, sans pour autant négliger ses tics, qui ici seront quand même limités. Les effets spéciaux saignants demeureront rudimentaires mais tout en ayant quand même de l'impact.
Donc, ce "The bloody jugde" restera savoureux malgré ses petits défauts liés à une intrigue délaissée par le réalisateur au profit des différentes aspirations mises en avant au sein de ce récit d'aventures jamais désagréable et même très régulièrement appréciable !
|