Ce sera à partir d'une idée originale (des zombies dotés de parole et continuant à "vivre" presque normalement en marge de la société), que ce "Zombie anonymous" va hélas développer une intrigue quelque peu minimaliste et parfois plombée par son petit budget, ce qui ne l'empêchera pas pour autant de placer régulièrement grâce à son sujet des situations délectables.
Le script va suivre le parcours d'Angela, une demoiselle abattue par son petit ami pour devenir ainsi une morte-vivante continuant à "vivre" au milieu des vivants et découvrir les affres de cette nouvelle existence.
Après un défilement d'images télévisuelles annonçant ce phénomène qui fait revenir à la vie les morts récents, les laissant doté d'une conscience pour de la sorte agir normalement tout en nous donnant quelque renseignements sur la condition de ces morts-vivants atypiques, le métrage va tout de suite s'intéresser à son personnage principal que nous allons découvrir en bien mauvaise posture, enfermée dans sa salle de bains avec à l'extérieur Josh, son petit ami plus qu'énervé et armé d'un revolver qui lui demandera le laisser rentrer pour une explication sur leur relation avant finalement de fracasser la porte et de tirer une balle dans la tête d'Angela. Réalisant la portée de son geste, Josh va s'enfuir, laissant Angela baigner dans son sang mais trouvant la force d'appeler les secours qui, une fois sur place, ne feront rien puisque Angela sera déclarée morte.
L'intrigue fera alors un bond de cinq mois dans le temps pour réintroduire Josh, désormais flanqué de deux acolytes et passant son temps à brutaliser des morts-vivants, comme ce jeune homme zombifié qu'ils vont kidnapper pour l'emmener dans un endroit tranquille afin de le dépouiller de son argent avant de le malmener pour finalement lui exploser le crâne, seul moyen de détruire les zombies, tout en rêvant de rejoindre l'armée du "Commandant", armée dont le but est d'éradiquer illégalement les morts-vivants, alors que les gouvernements n'ont pas pris de mesures allant dans ce sens.
Mais nous allons aussi retrouver Angela, devenue elle aussi un zombie mais continuant à travailler et faisant partie d'un petit groupe de soutien constitué uniquement de morts-vivants. Cette présentation de l'intrigue sera largement probante, pour bien canaliser la situation en multipliant les détails sur cette nouvelle forme de "vie" cohabitant avec les humains, au point d'avoir des publicités télévisuelles destinées à vanter des produits de beauté destinés à cacher le statut de zombie, puisque ces morts seront quand même mis en marge de la société, rejetés et même sujets au racisme des vivants, le réalisateur s'amusant à faire des parallèles osés avec la situation des étrangers sur le sol américain (surtout après les événements du 11 septembre et les réactions du peuple américain envers la population arabe qui ont "aidé" l'auteur dans l'écriture du script) ou même carrément avec le nazisme et les chambres à gaz pour éradiquer les zombies. Mais cette comparaison quand même aisée et opportune se fera de manière assez facile et manquant parfois de finesse, heureusement compensé par l'humour global des différentes séquences.
Ensuite, l'intrigue va suivre d'un côté les déboires d'Angela, bientôt repérée par Josh qui verra en elle l'occasion de se faire bien voir par le "Commandant", en fait une femme un peu cinglée experte en arts martiaux et en armes à feu qui ne vivra que pour exterminer les zombies (avec toujours cette similitude avec le nazisme), et de l'autre côté les aventures de Josh et de cette armée de volontaires triés sur le volet pour servir le "Commandant", ces deux aspects du métrage ne manqueront bien évidemment pas de venir se télescoper à de nombreuses reprises au cours du film.
Le métrage profitera largement dans son idée de base pour multiplier les situations cocasses, souriantes et satiriques en fustigeant donc le racisme et la peur de ce qui est "différent" pour ce qui restera comme le point le plus positif du métrage, pour en plus développer des concepts intéressants à partir de ce postulat, comme ce clan de zombies luttant et prônant l'avènement d'une nouvelle race asservissant les vivants en se laissant enfin aller aux penchants naturels des morts-vivants pour la viande rouge si possible humaine.
Mais hélas, le métrage n'a bénéficié que d'un budget limité, ce qui viendra obliger le réalisateur à revoir ses ambitions à la baisse, notamment en ce qui concerne le "Commandant" et son armée, ici uniquement constituée de quelques misérables pékins, tandis que les scènes d'action souffriront aussi largement en étant minimisées pour en plus manquer de "punch", et bien entendu, aucune scène d'envergure ne viendra illustrer l'apparition de ces morts-vivants d'un genre particulier.
Par contre, cette rigueur budgétaire ne viendra pas réduire l'impact des effets spéciaux sanglants ici bien présents, réguliers et parfois très volontaires pour rester le plus souvent assez réalistes, avec notamment un dernier acte assez fou et très graphique.
L'interprétation sera elle aussi cohérente, avec la mignonne Gina Ramsden qui interprétera Angela avec conviction, ce qui ne sera pas forcément le cas des seconds rôles bien plus hasardeux. La mise en scène du réalisateur est vive, dynamique pour permettre au métrage de conserver un rythme constant grâce aussi à des situations renouvelées régulièrement et ne souffrant d'aucun temps mort.
Donc, ce "Zombie anonymous" arrivera à exploiter son concept de base original de manière satisfaisante et souriante, pour en plus nous gratifier d'un aspect saignant bien réel, ce qui rendra encore plus dommage le manque de moyens alloués au métrage qui restera parfois flagrant et quand même gênant !
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