Après son esthétique 300, Zack Snyder est choisi pour réaliser Watchmen, roman graphique jugé pendant longtemps inadaptable sur grand écran.
Nous sommes placés dans une histoire contrefactuelle, dans une Amérique où richard Nixon rempile pour un cinquième mandat, en partie grâce à la victoire des États-unis acquise au viet-nam, aidé par ces "gardiens" avec à leur tête le Dr Manhattan. Le temps a passé, ces super héros ont remisé leurs costumes pour une retraite bien méritée, mais deux événements vont leur faire reprendre du service, tout d'abord l'assassinat du "comédien" et le danger imminent d'une guerre nucléaire.
Pendant plus de 2h30, nous allons suivre et surtout revivre des moments clés de chacun de ces personnages, des événements souvent tragiques, nous rappelant que derrière ces masques se cachent de simples humains avec ses tourments, ses doutes ou ses vices.
Avant le somptueux et très astucieux générique retraçant plusieurs décennies de super héros, nous assistons à la mise à mort du Comédien, le face à face est brutal, saignant et sans fioritures, le ton est donné, pas de place pour les âmes sensibles. La voix d'outre-tombe de Rorschach morcelle intelligemment tous les chapitres qui égrainent ce puzzle constituant un récit fantastique à tout point de vue. La complexité peut en décourager plus d'un, à commencer par tous les gamers accros aux bourre-pifs et sulfateuses qui verront là pour une telle durée trop peu d'actions. Pour nos jeunes bambins également, derrière certaines scènes limite gore, la complexité de l'âme humaine et sa grande difficulté à cohabiter dans l’harmonie peut leur passer au-dessus de la tête.
Mais pour les autres dont je fais partie, c'est un régal scénaristique qui nous est proposé, avec ses multiples clin d'oeil comme le coup de feu échangé sur la porte au numéro 300, ses personnages hauts en couleur et ses vrais rebondissements.
C'est également un régal visuel qui nous est proposé, que ce soit dans les ruelles obscures de New York avec ses combats chorégraphiés à couper le souffle, ce vaisseau de verre symbolisant la mécanique d'une horlogerie sur Mars ou les désintégrations du Dr Manhattan.
C'est également un régal sonore où l'on retrouve de sacrés clients, Bob Dylan Simon and Garfunkel, Jimmy Hendrix ou Nena.
Enfin pour réaliser le grand chelem c'est un régal côté casting, Jeffrey Dean Morgan sort du sirupeux Grey's Anatomy pour interpréter le rebus de l'humanité, ce dernier quand il n'essaye pas de violer sa collègue "spectre soyeux" n'hésite pas à abattre froidement une jeune femme portant son enfant. Jackie Earle Haley, l'incorruptible de service derrière ses bandelettes à l'humeur changeante a de sacrés comptes à régler avec la société. Patrick Wilson est épatant de justesse et de sobriété et Carla Gugino crève l'écran tant sa beauté nous inonde.
Cette oeuvre sombre et violente est je le disais sans concession, néanmoins la scène d'infanticide est très limite et risque à juste titre de choquer, surtout les âmes sensibles, la mise en garde est nécessaire.
Zack Snyder signe là une adaptation magistralement maîtrisée de bout en bout. Le film accueilli plutôt tièdement à sa sortie française méritait un meilleur sort, souhaitons que la sortie vidéo permette de rectifier le tir.
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