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Western définitivement atypique, ce "Tire encore si tu peux", longtemps censuré et disponible dans sa version intégrale que depuis quelques années seulement alors que le film date de 1967, aura largement de quoi surprendre par son caractère cru, violent et flirtant même parfois avec l'horreur pure pour avancer frontalement une certaine forme de bassesse humaine appâtée par la tentation du gain tout en laissant s'exprimer un aspect gothique flirtant même avec le fantastique.
Le script va suivre la vengeance d'un métis laissé pour mort après avoir été fusillé avec ses amis mexicains par des américains avec qui il avait dévalisé une diligence transportant de l'or.
D'entrée, le métrage sa donnera un air quand même surnaturel pour voir un homme sortir du sable dans lequel il était enseveli et être recueilli par deux indiens qui vont le soigner, tandis que nous allons suivre grâce à un long flash-back les événements l'ayant conduit dans cette situation. En effet, cet homme (dont nous n'apprendrons jamais le nom mais appelé régulièrement "l'étranger") faisait partie d'un groupe de brigands, divisée en deux clans (les mexicains d'un côté et les américains de l'autre), ayant réussi à braquer une diligence transportant de l'or en tuant les convoyeurs mais au moment de se partager le butin le chef des américains va refuser et au contraire avec ses amis mettre en joue les mexicains pour finalement les forcer à creuser leur tombeau. Après une tentative d'évasion de l'un des mexicains qui conduira à sa mort mais également à la fuite d'une bonne partie des chevaux du groupe, les américains vont fusiller les mexicains rassemblés au bord du trou fraîchement creusé. Ce flash-back, déjà quelque peu sadique en forçant les condamnés à creuser leur propre tombe, semblera poser les bases d'une intrigue classique, en mettant d'un côté les vilains américains, racistes de surcroît, pour bien identifier celui qui deviendra évidemment le personnage central du film, laissant présager d'une vengeance qui s'étendra tout au long du métrage.
Mais il n'en sera en fait rien puisque nous allons ensuite retrouver le groupe d'américains débarquant dans un village à la frontière du désert, ce qui nous vaudra une traversée des plus intrigantes de l'endroit en plus d'être foncièrement malsaine, pour voir rapidement les habitants et notamment le tenancier du saloon, Templer, se rendre compte de la présence de l'or véhiculée par les nouveaux arrivants et se lancer dans un lynchage en bonne et due forme, tuant et pendant les voleurs sans aucune forme de procès, au nom de la justice et de la tranquillité du village. Ce sera le moment que choisira "l'étranger" pour arriver en ville, flanqué de ces deux indiens l'accompagnant aussi bien pour le soutenir que pour espérer lui soutirer des informations sur ce qu'il a vu dans l'au-delà.
Le véritable pugilat dont seront victimes les brigands sera foncièrement violent, sans aucune pitié et n'hésitera pas à avancer quelques détails bien macabres notamment en insistant sur les pendaisons. Le spectateur sera alors amené à se demander quelle tournure va pouvoir prendre les événements puisque la vengeance de "l'étranger" aura été accomplie en majeure partie par d'autres, trouvant même son apogée sadique dans la mort du chef des américains, criblé de balles par "l'étranger" et qui verra ses plaies littéralement fouillées par les autochtones lorsque ceux-ci se rendront compte que "l'étranger" tire avec des balles en or confectionnées par les deux indiens mystiques pour ce qui restera comme l'une des séquences fortes et folles du métrages.
Mais l'intrigue parviendra à rebondir de manière largement prenante et captivante en avançant un nouveau protagoniste, Sorrow, le propriétaire d'un ranch voisin semblant régner avec sa milice sur les lieux et désireux de s'emparer de l'or caché par Templer et un des notables de la ville, Hagerman. "L'étranger" se trouvera à la croisée des destins de chacun, Sorrow tentant de l'amadouer pour qu'il vienne travailler pour lui, avant que ce soit Hagerman qui l'engage pour le défendre, le tout dans une ambiance délétère parsemée de sous-intrigues troublantes.
En effet, le métrage s'aventurera parfois sur des terrains glissants et sordides, en plaçant sur sa route des sous-entendus homosexuels évidents, avec cette milice qui violera le fils de Templer tombé entre leurs mains et si bien sûr rien ne sera clairement montré, la situation exposée ne laissera aucun doute et se montrera même cruelle pour le jeune homme au physique vaguement efféminé. Mais bien entendu, ce seront les entourloupes et autres turpitudes de ces personnages voulant s'emparer de l'or qui occuperont les débats, montrant l'homme sous un jour volontairement peu reluisant, avide et sordide, chacun semblant être prêt à tout et même au pire pour cet or, quitte à mentir, tuer ou briser des amitiés.
Sous ses allures de western, le métrage ira se frotter à plusieurs autres genres, au film d'horreur lors de quelques plans sanglants volontaires, tel ce scalp en gros plan complaisant et réaliste ou encore le carnage au ranch de Sorrow et ce cheval éventré, mais surtout au fantastique gothique en proposant de nombreuses situations sans équivoque, comme ce saccage de cimetière, ou encore cette jeune femme enfermée, séquestrée par son mari telle une pestiférée errant en robe de chambre fantomatique et bien sûr cette issue finale cruelle qui se retournera contre un des pires personnages du film de manière féroce et graphique.
Les différents personnages serviront l'intrigue de manière impactante, avec bien évidemment cet "étranger" mystérieux, presque surnaturel, qui portera le métrage sur ses épaules, mais les trois principaux candidats pour s'approprier l'or ne seront pas en reste en avançant chacun une mesquinerie indéfendable, alors que tous bénéficieront d'une interprétation exemplaire et surtout Tomas Milian formidable dans le rôle de "l'étranger", alors que le métrage nous donnera également l'occasion de découvrir Ray Lovelock dans son premier rôle crédité. La mise en scène du réalisateur Giuilo Guesti, auteur rare dont ce fût le seul western, est efficace pour mélanger les styles, devenant même parfois expérimentale lors des flash-backs et baroque, comme lors de ce festin paillard. Les quelques effets spéciaux sont étonnants pour l'époque, mais si les plus simplistes demeureront largement visibles.
Donc, ce "Tire encore si tu peux" restera comme une œuvre à part dans le genre, virulente dans sa violence et son sadisme, même s'ils pourront sembler aujourd'hui quelque peu datés et dépassés, pour nous réserver quelques scènes mémorables tout en proposant une intrigue qui arrivera à se démarquer de son apparent classicisme.
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