Sorti en plein mai 68, "Le viol du vampire", le premier long métrage de Jean Rollin, fût très critiqué à sa sortie et fit immédiatement scandale, mais malgré cela ou grâce à cela, le film eût un certain succès commercial. A l'origine le film devait être un court ou moyen métrage (d'environ 40 minutes) qui devait être programmé en complément d'un film américain de vampires jugé un peu trop court (65 minutes). Le film fût financé par Sam Selsky qui satisfait du résultat, surtout par rapport au faible coût du film, demanda au réalisateur d'en tourner une seconde partie afin d'en faire un long métrage. Jean Rollin tourna alors cette seconde partie appelée "Les femmes vampires", souvent appelée également "La reine des vampires". Le film sortit d'ailleurs comme étant un double programme avec les titres des deux parties. Ce film filmé en noir et blanc contient une très jolie photographie qui lui apporte un réel cachet. Tout comme dans de nombreux autres de ses films, Jean Rollin filme dans de splendides décors typiques de son oeuvre, composés de vieux châteaux, de forêts, de cimetières, de cryptes et enfin de la fameuse plage de Pourville Lès Dieppe si chère au cinéaste. L'histoire est assez simple, mais étonnement assez confuse, ce qui constitue le principal point faible du film. Malgré le fait qu'il s'agit d'un film très amateur, le film fait assez professionnel et l'interprétation est assez convaincante, ce qui est plutôt surprenant pour un film de Rollin. Le casting est composé de jolies jeunes femmes souvent dévêtues ou en tenues assez légères, apportant un érotisme relativement soft, mais osé pour l'époque (on a le droit dans cette édition à la version non coupée). Quant aux personnages masculins, il est composé de l'américain Doc Moyle à l'accent très prononcé et peu compréhensible, imposé par Sam Selsky et de nombreux amateurs dont certains faisaient également partis de l'équipe technique. Le film comporte de nombreux moments bizarres et oniriques, mais curieusement celui-ci est beaucoup plus rythmé que la plus part des films de Jean Rollin. Les costumes souvent choisis par les acteurs eux-mêmes sont très années 60 et apportent un charme au long métrage. Il est à noter que l'un des costumes de la reine des vampires est inspiré d'une bande dessinée de Philippe Druillet, auteur des affiches du film et figurant dans un rôle de paysan. La seconde partie du long métrage est beaucoup plus dépouillée au niveau des décors et donne souvent l'impression de partir dans tous les sens, plus que la première partie qui comportait pourtant également des moments forts étranges. La musique de cette deuxième partie est assez bizarre, très jazzy et donne encore plus une ambiance particulière au film, alors que la musique de la première partie est beaucoup plus classique. Les effets spéciaux sont très rudimentaires, mais ne choque pas pour l'époque.
Même s'il est assez inégal, "Le viol du vampire" reste un film attachant et esthétiquement très beau qu'il est indispensable de voir pour tout amateur de ce réalisateur atypique.
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