Le coup de grâce :
Avec Le coup de grâce, l'allemand Volker Schlöndorff adapte le roman éponyme de Marguerite Yourcenar.
S'il se déroule en 1919 en Lettonie avec des troupes allemandes qui pourchassent les bolchéviks, le contexte sert avant tout à excarber les sentiments.
On est dans un curieux film qui donne l'impression au départ d'être un film de guerre. En fait, on est plutôt dans un drame où il n'est question que de passion.
Un officier allemand revient chez lui, où réside sa soeur, avec son meilleur ami, l'officier Erich Von Lhomond. Ce dernier est aimé à la fois par le frère et par la soeur. Le film montre parfaitement que la femme n'arrive pas à accepter que Lhomond, qui est d'une grande froideur, ne puisse pas l'aimer.
Sur ce synopsis du triangle amoureux, le cinéaste Volker Schlöndorff ajoute un nouvel élément : le traître, à savoir celui qui sera passé du côté des bolcheviks et qui leur aura donné des informations. Mais tout cela n'est finalement que le résultat de cette passion amoureuse.
Le film attend clairement son niveau paroxysmique lors de sa célèbre scène finale, qui est sans concessions. C'est aussi la preuve jusqu'où l'amour peut aller.
Tourné dans un noir et blanc qui ajoute au côté glacial des sentiments de Lhomond, le film de Volker Schlöndorff ne se donne pas au spectateur. Il faut que ce dernier accepte de rentrer dans cette histoire où les mensonges, les pensées, sont toutes utilisées pour ramener vers doi l'être aimé.
L'interprétation du film est de premier ordre, et notamment pour le duo vedette qui joue le rôle de Sophie et de Lhomond.
Assurément, Le coup de grâce est un film difficile d'accès mais qui mérite amplement d'être vu. Marguerite Yourcenar peut être satisfaite de l'adaptation de son roman.
9/10
Le tambour :
Avec Le tambour (co-palme d'Or à Cannes en 1979 avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola), Volker Schlondorff effectue une adaptation du roman de Gunter Grass. Ce film montre l'évolution de l'Allemagne des années 20 à la seconde guerre mondiale puis aux conséquences de la guerre par le biais d'un garçon de petite taille, Oskar, qui a cessé de grandir (suite à un événement un peu particulier) et qui surtout refuse le monde des adultes qui l'entoure, d'où l'utilisation de son tambour qui lui permet d'échapper à ce monde. Le film, dont les dialogues sont assez enlevés, montre bien l'entrée progressive de l'Allemagne dans la guerre et la mentalité de ses habitants. Les personnages que l'on voit dans le film sont par moments assez originaux, le film mettant bien l'accent sur les laissés pour compte, les démunis et les gens inquiétés par le régime nazi (par exemple Charles Aznavour interprétant le marchand de jouets victime de la politique antisémite). Le film traite de sujets aussi variés que l'ineptie de la guerre , le monde du spectacle. A noter que l'interprétation du film est au top et notamment David Bennent qui joue le rôle d'Oskar Matzerath. En somme, un film politico-social très original, très intéressant mais déconcertant par le ton qu'il adopte.
9/10
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