Sorti en 2004, "Calvaire", premier long métrage du réalisateur belge Fabrice du Welz, est un "survival" vraiment atypique. En effet, tout au long du film, on est à la lisière du fantastique grâce à des personnages très bizarres, un environnement semblant être en dehors du monde réel et des situations très particulières. Au début du film, on découvre le protagoniste principal du film, un chanteur itinérant très "professionnel", Marc Stevens, magnifiquement interprété par Laurent Lucas, donnant un concert dans un hospice, habillé d'une grande cape lui donnant une allure de vampire à l'ancienne et dès le début, l'ambiance est assez étrange, avec ces deux femmes éprises de lui, une vieille dame très énigmatique lui faisant des avances maladroites et mademoiselle Vicky, l'infirmière, jouée par Brigitte Lahaie, qui en venant le payer pour sa représentation, lui fait une déclaration fort touchante. Le film va alors peu à peu basculer dans un autre monde peuplée de personnages tous plus étranges les uns que les autres... Sur la route vers une autre représentation, Marc Stevens va tomber en panne avec sa camionnette au milieu d'une forêt. Il va alors croiser Boris un personnage simplet cherchant sa chienne en pleine nuit et qui l'accompagnera à l'auberge la plus proche tenue par un certain Bartel, joué par Jackie Berroyer. Bartel, aux premiers abords, très sympathique, va peu à peu s'avérer être un dangereux maniaco-dépressif très perturbé par le départ de sa femme Gloria. Il va alors séquestrer Marc en l'identifiant à sa femme, l'habillant, le nourrissant ou le baladant comme une poupée. Jackie Berroyer est vraiment fabuleux dans ce rôle, à la fois touchant et inquiétant. Autres personnages particulièrement bizarres, les autres villageois de ce coin paumé (que des hommes!), menés par un Philippe Nahon toujours très convaincant. A noter aussi, parmi les villageois, l'excellente interprétation de Jo Prestia. Le film sera parsemé de scènes bien étranges comme ces enfants, tous vêtus de rouges, croisés au milieu de la forêt ou encore la scène du bar où les villageois se mettent à danser comme des pingouins après le départ de Bartel. La violence dans "Calvaire" est présente et dérangeante, mais rarement frontale, elle est le plus souvent hors champ. Le métrage est assez déviant, montrant notamment, les villageois comme étant zoophiles et violeurs. La musique est quasiment absente, mais le son joue un rôle très important surtout lors des scènes dans la forêt. Les seules musiques présentes sont la chanson de Marc Stevens et le morceau joué au piano dans le bar, mais celles-ci sont assez marquantes et restent dans notre mémoire tout au long du métrage. La photographie de Benoît Debie est splendide avec un jeu de couleurs essentiellement basé sur les rouges, verts et marron, dans des teintes le plus souvent assez ternes. Dans l'ensemble, le film est assez sombre, mais lors des scènes de jours, la clarté est très vive créant un contraste intéressant. La réalisation est très soignée et très travaillée, avec des plans assez incroyables. Fabrice du Welz est de toute évidence un passionné de films de genre et il n’hésite pas à rendre ici hommage à certains de ses films préférés comme « Psychose » ou « Massacre à la tronçonneuse » avec en particulier cette très belle scène du repas… La fin du film est très onirique et très troublante. Un petit conseil, allez jusqu'à la fin du générique !
Pour un premier film, "Calvaire" est une vraie réussite, un film troublant et dérangeant qui ne devrait pas vous laisser indifférent... Fabrice du Welz est un réalisateur fort talentueux et il le confirmera par la suite avec le très beau "Vinyan". J’attends personnellement son adaptation prochaine de "L'île aux trente cercueils" d'après Maurice Leblanc avec beaucoup d’impatience.
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