Oeuvre fondamentale dans la filmographie de l'immense cinéaste japonais Kenji Mizoguchi, Les amants crucifiés (1954) est un sublime drame. Mizoguchi nous dresse le portrait de deux personnes qui tentent de vivre un amour (impossible) dans le Japon du 18ème siècle. Avec la sensibilité qui lui est propre, le cinéaste n'a de cesse de montrer deux personnes qui s'aiment, et ce au sens le plus noble du mot amour. Les relations entre ces amants, Osan et Mohei, ne peuvent laisser impassibles le spectateur. On est vraiment en face d'un amour avec un grand A et des personnes qui n'hésitent pas à aller jusqu'au bout. Avec ce superbe noir et blanc, Mizoguchi nous amène vers le destin de ces personnes qui ne peut être que funeste.
On appréciera notamment la superbe scène de la fuite sur la barque qui peut rappeler le passage à un autre monde, un peu comme le passeur Charon dans la mythologie grecque qui fait passer les morts dans l'au-delà. Ici, le passage est plutôt celui de nouveaux amants qui vivent pleinement, même si ce n'est qu'éphémère, le mot bonheur.
Avec une mise en scène classique et des acteurs au top, Mizoguchi filme un superbe drame shakespearien, qui n'a rien à envier à un Roméo et Juliette.
Voilà un classique du septième qui demeure indémodable.
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