Polar hyper violent nous venant de Hong-kong, ce "Dog bite dog" utilisera une intrigue finalement assez simple pour mettre en avant deux protagonistes forts, aux destins inversés, qui vont s'affronter sans merci dans une atmosphère moite et sordide et un déluge de violence brute et sans concession.
Le script va suivre la confrontation entre un tueur brutal et quasiment animal et un policier ivre de vengeance après la mort d'un de ses collègues.
D'entrée, le métrage va avancer l'un de ses deux principaux personnages, Pang, reclus dans la cale d'un bateau et nourri quasiment comme un animal féroce, avant de le suivre arrivé sur le terre ferme où il va rencontrer un contact qui va lui remettre une somme d'argent et une photo de sa cible, puisque Pang s'avérera être un tueur mandaté qui va tout de suite se rendre dans le restaurant où il devra accomplir son forfait. Mais d'abord, après avoir réussi à se faire comprendre d'un serveur, il va se goinfrer, s'arrêtant lorsqu'un couple âgé va pénétrer dans le restaurant pour rapidement se lever et aller tranquillement tuer la femme de plusieurs balles, en s'assurant de sa mort en lui tirant encore plusieurs fois dans la nuque. Sa mission accomplie, il va quitter l'endroit sous les regarda abasourdi des autres clients. La présentation de ce tueur sera largement impactante en l'avançant presque comme une bête sauvage ne parlant pas et aux manières peu orthodoxes de se nourrir en se servant directement de ses mains, et sa froideur dans l'action ne le rendra que plus dangereux.
Ensuite l'intrigue va laisser la police investir le restaurant pour avancer notamment l'inspecteur Wai, qui passera au début pour un jeunot bon à rien avant de rapidement montrer sa violence lors de l'interrogatoire d'un pauvre cuisinier ayant eu le malheur de ne rien voir, pour finalement laisser sa perspicacité se montrer au grand jour puisqu'il va tout de suite repérer l'assassin aux abords du restaurant, ce qui déclenchera une prise d'otages se terminant dans le sang puisque Pang n'hésitera pas à tuer à nouveau, un des collègues de Wai en faisant les frais. Pang arrêté réussira pourtant à s'échapper toujours dans la violence, laissant Wai et ses coéquipiers déroutés par tant de sauvagerie, mais bien décidés à rattraper le fuyard.
Cette partie du métrage sera extrêmement tendue, puissante dans ses rebondissements violents sans aucune concession pour laisser ensuite quelque peu retomber la pression en s'intéressant aux affaires familiales de Wai, avec ce père, également policier, dans le coma et soupçonné d'être ripou, tandis que Pang va atterrir dans une décharge où il va faire la connaissance d'une demoiselle qu'il va délivrer de l'emprise de son père incestueux. Mais l'action va très rapidement reprendre ses droits et la traque va continuer sans relâche jusqu'à ce que Pang réussisse à quitter le pays pour rentrer chez lui avec sa nouvelle compagne pour alors s'humaniser, tandis qu'au contraire Wai va sombrer dans l'ultra violence pour retrouver Pang.
Ces deux destins croisés et inversés resteront un des enjeux clairement privilégié par l'auteur dans la seconde partie du métrage, nous montrant bien les changements de comportements de Pang, qui de bête sauvage ayant passé sa jeunesse à se battre lors de combats clandestins sordides et meurtriers, tandis que Wai, même s'il ne semblera pas très net dès le départ, s'enfoncera progressivement à son tour dans une brutalité jusqu'auboutiste, ce qui placera le spectateur dans une position inconfortable puisqu'il sera bien difficile de prendre parti pour l'un ou pour l'autre de ces deux individus, Pang étant un assassin sans scrupules, tandis que Wai n'hésitera pas à frapper et à molester à tout va pour obtenir ce qu'il désire, y compris l'amie de Pang qui sera sévèrement maltraitée.
Mais ce qui frappera le plus dans le film, ce sera cette violence omniprésente, primitive qui viendra secouer et choquer par tant de haine et de sauvagerie, rabaissant presque l'être humain au rang d'animal féroce sans merci si ces deux personnages n'agissait pas dans un but précis et bien défini.
Par contre, lorsque l'intrigue s'éloignera de son sujet principal, le métrage perdra un peu de sa force et de sa tension, et toute cette sous-intrigue basée sur le père de Wai n'apportera au final qu'un intérêt limité, mais cela ne viendra pas entraver plus que de raison le bon fonctionnement global du film.
Les personnages seront donc ici prépondérants pour garantir l'impact du film, même les protagonistes moins représentés qui eux aussi sembleront atteints par cette violence apparemment contagieuse, et l'ensemble bénéficiera d'une interprétation remarquable, adaptée et sans aucune surjouage néfaste. La mise en scène du réalisateur est efficace, aussi bien pour suivre l'action de près en renforçant idéalement son impact, que pour installer une atmosphère sordide, baignant le métrage d'une lumière ocre presque glauque tandis que Hong-Kong sera présenté sous un jour sinistre et lugubre, vraiment peu reluisant.
Donc, ce "Dog bite Dog" s'avérera être un polar âpre, jusqu'auboutiste dans sa violence exacerbée mais jamais gratuite et qui parviendra également à livrer une certaine critique du pays gangrené par la pauvreté et la misère !
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