Après le remarquable et dérangeant Mystic river, Clint Eastwood remet le couvert en peignant un los angeles avec son sérial Killer qui garde les coudées franches grâce à une administration laxiste et corruptible où visiblement sa bonne image semble être sa priorité.
Nous suivons au travers d'un fait divers des années 20, le combat de Christine Collins pour retrouver son enfant. Le réalisateur, comme à son habitude, prend son temps pour présenter les personnages. La mention Histoire vraie dévoile prématurément que cette opératrice en apparence sans histoire, va vivre une histoire dramatiquement exceptionnelle. A l'image du révérend Gustav Briegleb, cette femme est utilisée pour décrire et surtout condamner une administration corrompue à tous les niveaux, son mécanisme aberrant est d'une froideur terrifiante.
L'oeuvre d'une grande classe révèle cependant quelques petites faiblesses, sa longueur tout d'abord même si l'ennui ne vient en aucun cas nous effleurer l'esprit, l'épilogue s'étire dans un final typiquement américain, voir hollywoodien. Et encore une fois, certaines images très dures sont à déconseiller aux âmes sensibles. L'exécution frappe plus sur le fond que sur la forme, cette peur viscérale du condamné avant de mourir nous rappelle qu'il reste humain avant d'être un monstre, mais ce n'était pas le sujet du film et de ce fait on n'évite pas la complaisance, les scènes d'enfanticides, frisant quant à elles le racolage malsain.
Malgré tout Clint Eastwood réalise là une oeuvre poignante, une nouvelle fois les acteurs prennent le pas sur l'action, cela doit être un bonheur d'être diriger par cet homme là. Le soucis des détails est époustouflant, que ce soit pour la reconstitution de Los Angeles ou surtout pour les costumes, les couturières ont du se faire plaisir. La photo, mais ce n'est pas une surprise, est somptueuse, il suffit de regarder la jaquette.
Angélina Jolie trouve là un rôle référence, sa détermination dominant sa beauté force le respect, la scène où on lui annonce son fils retrouvé est un beau moment d'émotion tant elle reste mesurée. John Malkovich joue les bons princes en s'effaçant devant la performance de l'actrice, mais il incarne parfaitement le contre pouvoir, en se servant de cet enlèvement pour mettre en avant tout le laxisme de l'administration, il n'éprouve pas de sentiment pour cette femme, juste de l'intérêt. Jeffrey Donovan est exceptionnel, en capitaine froid et méprisant, Denis O'hare, le directeur de l'asile, est également impressionnant, démontrant toute la puissance d'une entité qui peut ruiner à sa volonté la vie d'une personne.
Effaré, écœuré, les superlatifs ne sont pas de trop pour décrire ce que l'on ressent pour cette femme qui subit les foudres du pouvoir américain. A ce titre, clint eastwood réussit parfaitement son entreprise en nous faisant adhérer au sort de Christine Collins, malheureusement un racolage souvent limite fait l'échange d'un chef d'oeuvre annoncé en thriller poignant et captivant.
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