Pour son premier long métrage, le réalisateur espagnol Paco Cabezas s'attaque à une intrigue complexe pour nous délivrer une "ghost story" originale largement prenante renvoyant directement au passé argentin douloureux.
Le script va suivre le périple d'un frère et de sa sœur sur les traces du passé de leur père, mais la découverte d'un mystérieux journal intime narrant les "exploits" d'un meurtrier va rapidement bouleverser leur voyage.
Après une première séquence que l'on devinera issue du final du film et n'étant pas de bon augure pour un des protagonistes tout en demeurant mystérieuse, le métrage va avancer ses deux personnages principaux, Malena et Pablo, un frère et sa sœur débarquant dans un hôpital de Buenos Aires afin d'y signer les papiers permettant de "débrancher" leur père en état de mort clinique. Mais Pablo, n'ayant jamais connu ce dernier, va être bouleversé en voyant le vieil homme sur son lit de mort et à la suite d'un petit chantage à la signature, va imposer à Malena un voyage à bord de la voiture de leur père jusqu'à la maison paternelle. Cette entame avancera deux protagonistes basiques, voire même simplistes dans des traits de caractère communs avec notamment Malena que l'on devinera vite être une individualiste guère préoccupée par le sort de son père et peu empressée d'aller fouiller le passé, mais au fur et à mesure que ces présentations vont se poursuivre les deux protagonistes gagneront au fur et à mesure en profondeur jusqu'à devenir plus ou moins attachants, tandis que l'élément déclencheur de l'intrigue va survenir au cours d'une pause au bord de la route au cours de laquelle Pablo va, aidé par une mystérieuse apparition, découvrir un journal intime dissimulé dans la carrosserie du véhicule. En lisant ce journal, Pablo va découvrir horrifié qu'il raconte les meurtres soi-disant commis par un homme vingt ans auparavant, avec moult détails et notamment l'adresse d'un hôtel comme théâtre du premier d'entre eux, hôtel qui comme par hasard se trouvera sur leur route, poussant Pablo à demander à sa sœur d'y passer la nuit, sans bien sûr lui dire en première approche pourquoi. Et ce ne sera qu'une fois installés dans la chambre jouxtant les lieux du crime que Pablo va raconter les dires du journal intime à une Malena quelque peu intimidée mais sceptique, laissant ainsi monter un début de tension qui ira crescendo lorsqu'à l'heure du meurtre présumé, des bruits de lutte vont se faire entendre à travers les murs, poussant Pablo et Malena à fuir l'endroit, pour se retrouver alors pris dans un cauchemar où la réalité et les réminiscence du passé vont s'entremêler pour laisser une vérité aussi horrible que terrible pour eux s'imposer au fil des situations.
Si le métrage se montrera quand même prévisible de prime abord pour certains de ses aspects (les bruits attendus dans la chambre 206 par exemple), tout en laissant en suspens des questions dont le spectateur aura une réponse toute trouvée, ce sera pour mieux surprendre par la suite, aussi bien lors d'apparitions spectrales glaçantes imprévues que pour avancer ces fantômes bien réels et palpables qui vont définir les rebondissements et s'imposer d'eux-mêmes à l'écran, sans que jamais le spectateur ne soit amené à les trouver improbables, impliquant ainsi de fait dans l'intrigue et dans les atrocités commises, qui seront parfois visualisées lors de scènes-chocs mémorables (celle dans le restaurant au bord de la route restera l'exemple le plus marquant). Mais ensuite le métrage va encore gagner en profondeur en ajoutant un élément historique douloureux du passé argentin avec une mise en relation avec le régime dictatorial et cette Alliance Anti-Communiste qui tortura et massacra les opposants au régime militaire, dénonçant ainsi les atrocités commises au travers d'un exemple simple mais frappant.
Chaque composant de l'intrigue sera présenté de manière convaincante pour continuer de titiller le spectateur sur le déroulement du film et sur les orientations possibles, sans jamais faillir pour laisser le suspense intact jusqu'au final hélas quelque peu gâché par une happy-end classique et cette fois peu crédible, tout en laissant une note cynique et un plan splendide achever les débats.
L'interprétation est cohérente, sans surjouage mais sans réel charisme du duo principal qui n'aura qu'une présence à l'écran assez fade. La mise en scène du réalisateur est bien construite, magnifiant ainsi constamment les plans tout en laissant paraître une connaissance du genre et de ses codes que Paco Cabezas s'amusera sporadiquement à détourner pour ainsi tromper efficacement son spectateur, quand il ne lui lancera pas des clins d'œil faciles mais souriants. Les effets spéciaux sont probants, réalistes pour quelques petits plans sanglants et pour jouer avec l'invisibilité de certains spectres.
Donc, ce "Les disparus" sera une petite réussite dans son genre, en ayant le mérite de sortie des ornières classiques pour étoffer son intrigue et la rendre originale, mais sans pour autant éviter quelques petits impairs heureusement négligeables !
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