Réalisé par un Umberto Lenzi déchaîné, ce "Brigade spéciale" va, quitte à rendre l'intrigue quelque peu brouillonne, multiplier jusqu'à l'outrance les crimes et délits commis dans la bonne ville de Rome afin d'étayer son discours sécuritaire parfois limite avançant notamment l'incapacité de la police à faire régner l'ordre face à des lois contraignantes et une bureaucratie étouffante.
Le script va suivre les aventures du commissaire Tenzi, un policier brutal et peu respectueux des lois, enquêtant en même temps sur le "gang des marseillais" et voulant à tout prix mettre hors d'état de nuire une bande de dangereux malfrats menés par un bossu sarcastique.
D'entrée le métrage va avancer son personnage principal, le commissaire Tenzi, que nous allons suivre d'abord rencardé par un indicateur sur un tripot clandestin qu'il va perquisitionner avec plusieurs collègues sans parvenir à avancer dans sa enquête sur le "gang des marseillais", mais non sans avoir distribué quelques baffes et autres coups de poing, avant d'arrêter un suspect qu'il devra bientôt relâcher face à la ténacité de l'avocat de celui-ci.
Dans sa première partie l'intrigue cherchera de manière flagrante à mettre en avant les bâtons mis dans les roues de Tenzi lorsque celui-ci mettra la main sur des truands et autres petits délinquants (occasionnant à chaque fois des situations musclées et bourrées d'action) que ce soit par ses supérieurs hiérarchiques timorés ou par sa petite amie travaillant au ministère de la Justice et relâchant des jeunes délinquants, impliquant de fait une colère larvée qu'il aura de plus en plus de mal à refreiner.
Et lorsque son enquête va le faire croiser le cynique Moretto, un bossu travaillant dans un abattoir mais roulant en Porsche, il va en faire une affaire personnelle, qui s'avérera être justifiée puisque Moretto et ses comparses vont semer la terreur dans Rome en multipliant les exactions violentes et sanglantes, tout en n'hésitant à intimider la petite amie de Tenzi de façon bien méchante.
Mais ce qui marquera surtout dans le métrage, ce sera la volonté d'Umberto Lenzi et de son scénariste Dardano Sacchetti d'accumuler les séquences d'action présentant le commissaire Tenzi comme une sorte de "justicier" malmenant les truands de façon violente, tout en ayant pris soin auparavant de bien avancer les méfaits de ceux-ci que ce soit par des braquages, vols à l'arraché ou même en se montrant bien plus sordide lors d'un viol en réunion commis par une bande "fils à papa" sûrs de leur impunité et que Tenzi attaquera méchamment (le meneur aura par exemple la tête balancée contre une vitre de flipper), quand le commissaire ne se retrouvera pas à poursuivre sur les toits un voyou ayant pris sous son aile en la droguant la fille d'un de ses collègues tués en service.
Cet enchaînement de péripéties rythmera bien entendu l'ensemble de manière plus qu'efficace mais viendra quelque peu parasiter l'intrigue principale et rendre même certaines situations peu crédibles (Tenzi aura par exemple le don pour tomber sur des exactions et de la sorte devoir se lancer à la poursuite des malfrats ou pour plus tard les retrouver par "hasard" lorsqu'ils auront réussi à lui échapper), noyant ainsi dans cette masse de rebondissements l'affrontement entre Tenzi et ce Moretto aussi cruel que croustillant par ses réparties cinglantes et qui constituera un personnage de choix bien plus charismatique que le monolithique Tenzi et véhiculant le seul humour (souvent noir) du métrage.
Dans ce contexte explosif, les personnages auront ainsi une importance capitale pour la bonne marche du film et ceux-ci seront à la hauteur, car si le commissaire Tenzi affichera une mine souvent impassible, ses colères sont impactantes et récurrentes pour véhiculer l'idéologie sécuritaire et expéditive visant à ne plus prendre de gants pour s'occuper des truands. Et outre Moretto, les différents voyous qui viendront peupler le film auront tous des caractéristiques propres (tendant à démontrer que le crime est partout) plus ou moins approfondies selon les cas. L'ensemble bénéficiera d'une interprétation exemplaire, Maurizio Merli (qui reprit plusieurs fois ce rôle de "justicier") affichant une froideur glaçante dans l'action tandis que le génial Tomas Milian trouvera encore une fois un rôle tout à sa démesure en se mettant dans la peau de Moretto.
La mise en scène d'Umberto Lenzi est dynamique, vive pour suivre l'action incessante du film, aussi bien pour parfois créer une atmosphère tendue ou encore glauque et sordide dans les méfaits avancés qui généreront quelques petits effets spéciaux sanglants rapides mais volontaires.
Donc, ce "Brigade spéciale" sera largement efficace dans sa démarche volontaire pour assurer le spectacle tout en exacerbant un des thèmes récurrents du polar italien de cette époque perturbée en Italie, avec cette police aux mains liées ne pouvant décemment pas faire régner l'ordre et la sécurité.
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