Petit film indépendant ayant au moins le mérite d'essayer de se démarquer par son intrigue originale, ce "Gruesome" peinera pourtant à tenir la route sur la longueur en s'essoufflant dans sa seconde partie vide de sens.
Le script va laisser une demoiselle mélanger passé, présent, réalité, rêves et hallucinations alors qu'elle va se retrouver face à un serial-killer l'ayant prise pour cible.
Après un générique bien pensé et encourageant, le métrage va nous présenter Claire, une étudiante travaillant en plus de nuit dans une station-service et venant de finir son service pour aller attendre Jimmy, son petit ami au bord e la route. Mais elle sera surprise en voyant débarquer le véhicule de celui-ci avec à son bord un inconnu qui prétendra être un ami de Jimmy le remplaçant pour la ramener chez elle. En route, l'homme se montrera de plus en plus pressant et indiscret au travers de ses sous-entendus salaces et Claire sera ravi d'arriver devant le domicile familial et quitter cet inconnu étrange. Mais après un tour de passe-passe, cet homme va réussir à pénétrer chez Claire pour la frapper violemment avant de l'emmener au sous-sol. Fin de la séquence, Claire se réveille sur son lieu de travail et ce sera bien son petit ami qui viendra la chercher cette fois-ci. La vie semble reprendre son cours pour la demoiselle partagée entre ses cours, Jimmy et son boulot de nuit, permettant au métrage de nous présenter plus amplement ses deux protagonistes principaux tout en laissant quelques petits détails venir titiller notre attention et conserver intacte cette tension installée dès le début du film.
Mais le tueur ne va pas tarder à faire une nouvelle apparition, directement à la station-service pour s'en prendre à nouveau à Claire qui découvrira bientôt l'identité et la condition de cet assassin insaisissable, ce qui va la pousser à sombrer peu à peu dans une folie où elle ne saura plus que croire et vers qui se tourner, Jimmy ne la croyant pas et elle-même doutant de ce qu'elle voit ou croît voir.
Les deux frères réalisateurs auront le don de brouiller les pistes pour pouvoir ainsi s'amuser à perturber et à semer continuellement le doute dans l'esprit du spectateur, obligeant celui-ci à considérer et reconsidérer chaque séquence du film pour essayer (vainement) de comprendre quelque chose à ce qui se trame sur l'écran, l'héroïne vivant et revivant plusieurs fois certaines périodes de sa journée à l'identique, avec forcément pour elle et pour nous une impression de déjà-vu, tandis que ce meurtrier apparaîtra quand bon lui semblera tandis que Claire ne parviendra pas à savoir s'il est issu du présent ou du passé, s'il est vivant ou si c'est un fantôme. Toutes ces questions fonctionneront à merveille pendant la première partie du métrage en intriguant le spectateur mais hélas, au bout d'un moment, cette succession de séquences sans lien direct finira par lasser et les déboires spatio-temporels de Claire finiront par ne plus avoir d'intérêt en ne nous laissant juste le choix d'attendre une éventuelle révélation finale pour éclaircir l'ensemble du film. Et justement le final comportera bien une explication à tout ceci, mais elle sera alambiquée et tortueuse, même si certains petits détails avaient jalonné l'intrigue pour nous mettre sur la voie, tout en n'offrant aucune ampleur digne de ce nom.
Heureusement, parmi ces rebondissements, plusieurs événements se distingueront et seront porteurs d'un graphisme réussi, tant au niveau de l'ambiance que de l'aspect sanglant (très peu présent) rehaussé par des bruitages sévères, notamment lorsque l'assassin énigmatique entrera en scène.
Les personnages resteront plutôt superficiels et plus ou moins stéréotypés, laissant seule Claire occuper réellement les débats, avec une interprétation impliquée et exemplaire de la jeune et mignonne Lauren Currie Lewis qui portera littéralement le film sur ses épaules, tandis que Chris Ferry donnera du charisme au tueur. La mise en scène du duo de réalisateurs est plutôt efficace, avec des références affichées clairement mais bien retranscrites et accommodées au métrage, avec ces effets de style adaptés. Très peu sanglant, le métrage comportera quand même quelques effets spéciaux plutôt réussis, avec ce visage arraché et ce coup de fusil dévastateur en pleine face.
Donc, ce "Gruesome" parviendra à faire fi de son tout petit budget pour trouver une originalité indéniable dan son intrigue qui sera hélas trop tarabiscotée et exagérément compliqué pour au final n'apporter qu'une réflexion symbolique.
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