Thriller horrifique bien plus intelligent que ce que l'on pourrait être amené à penser au premier abord, ce "Farmhouse" va réussir à interpeller instantanément son spectateur pour mieux ensuite l'intriguer et le plonger dans une atmosphère sordide, mais hélas, certains développements de l'intrigue resteront communs, trop souvent prévisibles et le twist final viendra quand même gâcher l'impact de l'autre révélation finale bien plus glauque.
Le script va envoyer sur une route déserte un couple fuyant un passé douloureux, mais un accident de voiture va les immobiliser au milieu de nulle part et la seule aide qui semblera tomber du ciel avec ce couple de viticulteurs va se révéler être un terrible cauchemar puisque ces derniers seront de dangereux psychopathes adeptes de la torture physique et mentale.
Après une séquence introductive obscure suivant une gamine assistant à l'enterrement de son père, le métrage va nous présenter ses deux personnages principaux, Chad et Scarlet, un couple quittant leur habitation et leur ville pour se rendre à Seattle afin d'y prendre un nouveau départ après un événement douloureux. D'entrée, le métrage va jouer la carte du mystère en ne nous montrant au travers de flash-backs que le début des ennuis de ce couple en apparence normale mais devant subir les conséquences d'une dette de jeu importante à mettre au tribut de Chad et poussant ses créanciers à harceler Scarlet, sans que l'éventuel rapport avec la perte sous-entendue de leur bébé ne soit clarifiée.
C'est dans ce contexte que le couple va avoir un accident de voiture sur une route définitivement déserte, tout en ayant la chance d'apercevoir au loin une maison au milieu des vignes. Arrivés sur place, le couple va être accueilli par Samael, le propriétaire, un homme jovial et apparemment ravi d'avoir de la compagnie au point d'inviter Chad et Scarlet à rester coucher chez lui et son épouse Lilith en attendant de les emmener en ville le lendemain pour y trouver un garagiste.
Bien entendu, l'intrigue va commencer à laisser paraître quelques petits éléments inquiétants sous l'apparente convivialité de Samael (sa brutalité envers Alal, un jeune sourd, par exemple), tentant alors d'installer un suspense hélas bien surfait puisque les intentions de ce couple trop accueillant ne feront aucun doute, surtout que d'autres détails viendront renforcer de manière simpliste cette impression (les photos des invités sur les murs de l'étage).
Et après quelques péripéties parfois quelque peu déviantes (le voyeurisme de Chad), la vraie nature de Samael et de la perverse Lilith va être révélée, lançant alors le métrage sur un schéma typique amplifiant quelques sévices (avec une séance de râpage de genou assez méchante) jusqu'à l'obligatoire rébellion des victimes.
Mais au-delà de cette trame basique, le métrage va réussir l'exploit de maintenir le spectateur en haleine grâce au passé des victimes dont l'ampleur et l'aspect tortueux du drame qu'ils ont vécu se mettra en place peu à peu, par les bribes racontées toujours en de nombreux flash-backs impactants et laissant volontairement le spectateur frustré afin de mieux continuer de l'impliquer dans l'intrigue, surtout que ces retours en arrière viendront s'imbriquer naturellement dans l'ensemble sans jamais donner l'impression d'être avancés de manière incongrue.
Mais au fur et à mesure que l'on va avancer dans l'intrigue, au travers des rebondissements prévisibles mais parfois bien méchants et vicieux, quelques incohérences notoires vont commencer à apparaître (la connivence présumée bien opportune et quand même invraisemblable de Samael et de Lilith avec les créanciers du couple), laissant entrevoir ce dénouement venant fausser la donne de manière pas franchement glorieuse et surtout occultant largement la révélation exacte de l'horreur sordide et terrible du passé de Chad et de Scarlet, qui aurait suffit à clore le métrage sur une note désespérée et malsaine.
Les personnages joueront un rôle important dans la mise en place de la structure de l'intrigue, et les deux principaux protagonistes arriveront facilement à interpeller le spectateur, Chad se montrant d'emblée comme un lâche pleutre énervant et houspillé par une Scarlet que l'on sentira vindicative, et le personnage de Samael viendra apporter un charisme sournois efficace, l'ensemble étant porté par une interprétation convaincante, et notamment celle de Steven Weber dans le rôle de Samael, tandis que William Lee Scott ne parviendra pas forcément à être à la hauteur des enjeux mis en œuvre par le métrage et que la belle Kelly Hu apportera une touche de sensualité non négligeable.
La mise en scène du réalisateur, auparavant auteur d'un "Lake dead" basique mais quelque peu déviant, est adaptée pour créer une ambiance glauque tout en arrivant à diriger un suspense certes parfois superficiel, mais devenant aussi régulièrement troublant devant les choix cruels imposés au personnages.
Les effets spéciaux sont probants, pour un métrage ne jouant par spécialement la carte du gore mais n'hésitant pas à avancer rapidement quelques plans sanglants douloureux agencés de manière à être efficaces pour donner l'impression d'en montrer plus que ce qui sera visible sur l'écran.
Donc, ce "Farmhouse" aura le mérite d'une intrigue élaborée et prenante qui supplantera ses situations simplistes et basiques pour réussir à captiver son spectateur en l'interrogeant et en le titillant de bout en bout !
|