Film fantastique adulte et sérieux, flirtant parfois avec le drame psychologique, ce "L'orphelinat" arrivera à utiliser ses influences flagrantes de manière efficace grâce notamment à une intrigue parfaitement gérée pour arriver à impliquer rapidement son spectateur et parvenir à l'effrayer avec des moyens simples, loin de la surenchère d'effets spéciaux et autres artifices à la mode ces derniers temps.
Le script va faire retourner dans l'orphelinat où elle a passé son enfance, Laura, une femme accompagnée par son mari et Simon, leur jeune fils, endroit qu'il comptent bien restaurer pour en faire une maison d'accueil pour enfants attardés mentaux. Mais rapidement Simon, qui jouait avec des amis invisibles va disparaître inexplicablement tandis que Laura va avoir la certitude que les "amis" de Simon existent bel et bien quelque part…
Dans sa séquence introductive, le métrage va avancer une bande de gamins jouant à "Un, deux, trois, soleil" et notamment une petite Laura, que le réalisateur va intelligemment nous présenter comme de jeunes orphelins, Laura étant en passe d'être adoptée. Et c'est tout naturellement que l'intrigue fera alors un bond en avant pour nous faire retrouver ce personnage devenu adulte, mariée à Carlos et étant racheté l'orphelinat de son enfance afin de le restaurer, tandis que les jours semblent s'écouler de façon heureuse pour cette petite famille en compagnie de leur fils Simon dont le seul défaut sera de jouer avec deux amis imaginaires, et ce depuis longtemps déjà. Mais cette apparence de bonheur sera de courte durée puisque bientôt des ombres au tableau vont apparaître progressivement concernant l'origine de Simon et son état de santé, tandis que ce dernier va déclarer avoir de nouveaux "amis", bien entendu visibles que de lui.
Cette entame du métrage parviendra aisément à faire rentrer le spectateur dans l'intrigue, grâce à quelques scènes frissonnantes précoces mais maîtrisées (la grotte), alors que le réalisateur s'arrangera pour titiller notre curiosité sur ces personnages imaginaires en réussissant à nous faire espérer les découvrir au détour de plans bien entendu frustrants. Et si certaines situations pourront sembler quelque peu inutiles, comme la venue de cette vieille assistance sociale, ce sera pour trouver des échos lorsque l'intrigue sera véritablement lacée avec la mystérieuse disparition de Simon, lors d'une fête masquée guère innocente puisqu'elle pourra permettre une éventuelle première visualisation de l'invisible pour une scène forte et marquante. Ensuite, le climat surnaturel va peu à peu gagner du terrain, affirmant son climat propice à l'effroi de manière feutrée et largement efficace, sans scènes chocs stupides pour continuer de questionner le spectateur qui commencera hélas à se faire sa petite idée sur l'origine du tourment habitant cet orphelinat, le métrage restant quand bien classique dans l'agencement de ses éléments, jusqu'à cette "récession" bien stressante et frustrante qui aura aussi le mérite de sortir un temps l'intrigue d'ornières toutes tracées.
La révélation attendue tombera de manière tout à fait en phase avec le déroulement du film tout en étant quand même un peu simpliste, pour alors lancer un dernier acte qui se montrera bien cruel et macabre dans sa résolution tout en laissant un soupçon de poésie touchante venir caresser l'issue du métrage.
Et si le jeune réalisateur paiera largement son tribut à ses aînés, "La maison du diable" de Robert Wise et "Les autres" de Alejandro Amenabar en tête dans le positionnement du récit et pour certaines scènes de terreur classiques mais toujours probantes, on pourra aussi trouver quelques coïncidences avec la "Saint-ange" de Pascal Laugier dans le développement de l'intrigue, sans que cela ne vienne pour autant nuire à la qualité ou à l'efficacité de cette ambiance trouble et largement propice à des scènes de frissons édifiantes parfois couplées à des effets de surprise éreintants qui détourneront de manière appropriée des jeux enfantins devenus ainsi de véritables instruments de peur.
Mais au-delà de ces effets simples mais effrayants, le métrage pourra aussi compter sur ses protagonistes pour assurer son emprise sur le spectateur, avec bien sûr en tête Laura, sur qui reposera toute l'intrigue et dont la psychologie sera le plus fouillée pour réveiller les peurs enfouies du spectateur tout en stigmatisant une certaine recherche d'une jeunesse passée et désespérément révolue qui éclatera lors du dernier acte du film. L'interprétation aidera largement l'ensemble en étant convaincante, poignante même dans la détresse des parents suite à la disparition de leur fils. La mise en scène du réalisateur participera bien entendu à générer ce climat de tension frissonnante qui englobera le métrage grâce à des plans soignés et travaillés pour ajuster les appréhensions du spectateur. Les quelques effets spéciaux sont probants et discrets.
Donc, ce "L'orphelinat", malgré son classicisme exacerbé, atteindra son but avoué en étant stressant et en parvenant à distiller quelques frissons bienvenus et si rares !
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