Après les déboires connus par ses derniers longs métrages, le réalisateur Renny Harlin signe avec ce "Cleaner" un thriller classique aussi bien dans son fonctionnement que dans l'agencement de cette machination dont le seul élément original et permettant à l'auteur d'avancer quelques rapides plans sordides sera le travail de nettoyeur de scènes de crimes du personnage principal.
Le script va manigancer une machination impliquant un ancien policier reconverti en nettoyeur/ désinfecteur d'endroits où des personnes sont décédées de morts violentes qui va se retrouver sans le savoir à faire disparaître les traces d'un crime crapuleux mais après s'être aperçu par hasard que quelque chose cloche dans cette mission, il va se retrouver au milieu d'un complot à base de policiers corrompus.
D'entrée le métrage va avancer son personnage principal, Tom Cutler, qui va en voix-off nous conter les ficelles de son métier, nettoyeur de scènes de morts violentes, sur un ton enjoué et léger, qui contrastera avec quelques plans volontairement repoussants avançant les dégâts laissés par ces morts brutales, pour ensuite nous permettre de bien cerner ce personnage extrêmement méticuleux (presque maniaque) dans sa vie quotidienne au travail et avec sa fille Rose. C'est ainsi qu'un banal appel d'un inspecteur de police laissant à son agence une mission de nettoyage de scène d'homicide va changer le cours de sa vie puisque si ladite mission pourra sembler au premier abord banale (sauf qu'il ne va trouver personne dans la maison bourgeoise à nettoyer avec seulement l'indication d'un emplacement caché pour trouver la clé lui permettant d'y entrer), Tom va rapidement se rendre compte qu'il a été berné. En effet, après avoir fait son travail (qui nous sera décrit jusque dans le moindre détail sanglant), il va repartir en emportant la clé lui ayant permis d'entrer et en voulant plus tard la rendre à son propriétaire, il va tomber sur une jeune femme ignorant tout de la mission de Tom sur place, ce qui va l'inciter à se taire pour finalement apprendre que le propriétaire de la maison nettoyée est porté disparu. En désespoir de cause, il va reprendre contact avec Eddie Lorenzo, son ancien coéquipier policier, de qui il va espérer obtenir des renseignements sur cette disparition étrange et réveillant de vieux démons au bénéfice d'une actualité brûlante au sein de la police avec une affaire de pots de vin mise à jour et menaçant un commissaire.
Hélas, si la première partie du métrage va tirer profit du statut de son personnage principal pour étonner et se montrer impactante au travers de quelques séquences presque glauques, cet élément sera ensuite balayé par une intrigue terriblement classique de corruption au sein de la police, à laquelle Tom aura bien entendu été mêlé par le passé, pour n'avancer que des situations au fort goût de déjà-vu, impression encore plus flagrante lorsque le métrage ira se perdre quelque peu dans un sous-intrigue sentimentale basique impliquant la fille de Tom et sa difficulté à se remettre de la mort de sa mère.
Et alors que l'identité de l'instigateur de la machination censée berner Tom sera connue de tous très rapidement, le métrage va essayer de faire perdurer cette interrogation obsolète en se gardant bien de nous livrer un motif valable pour au final verser dans le drame familial le plus anodin pour justifier l'ensemble de l'intrigue qui du coup perdra au passage toute ampleur et achèvera de lasser le spectateur largement revenu de la bonne entame du film, surtout avec cette morale simpliste trop clairement avancée.
Mais heureusement le métrage pourra compter sur des protagonistes convaincants et attachants, avec ce trio formé par cet ancien policier reconverti pour essayer d'oublier le drame terrible ayant détruit sa vie et celle de sa fille, cette "femme fatale" cherchant à savoir ce qui est arrivé à son mari avec trop de ferveur et cet ancien coéquipier bien amical, tous campés de manière adéquate faisant que l'on retrouve avec plaisir aussi bien Ed Harris que Samuel L. Jackson dans le rôle principal portant presque à lui seul le film ayant adopté son point de vue de bout en bout. La mise en scène de Renny Harlin est ici bien posée par rapport à ses films précédents, même si quelques effets clipesques inutiles subsistent, et alors que le réalisateur ne nous gratifiera pas ici du moindre "coup de folie" dont il est capable.
Donc, ce "Cleaner" se suivra sans déplaisir mais n'exploitera pas suffisamment son postulat de base intéressant pour au contraire se contenter de recycler une intrigue basique déjà vue maintes et maintes fois !
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