La chute d'une idéologie personnifiée par l'un des plus grands criminels de l'histoire de l'homme à travers les yeux d'une de ses secrétaires, telle est la volonté louable de son réalisateur Oliver Hirschbiegel.
Louable mais brouillonne, en effet on ne sait pas trop s'il a désiré au final, faire un documentaire ou un film. Il était primordial, pour l'histoire, de présenter ce dictateur sous forme humaine afin de crédibiliser les décisions atroces qu'il a prises durant tout son règne avec une méthodologie froidement pensée qui ne peut émaner d'un soi disant fou.
Le réalisateur prend la décision de vivre l'histoire du côté allemand mais perd en crédibilité sur l'histoire. Les innombrables exactions effectuées sur les civils allemands par les russes sont complètement occultées, le suicide du dictateur est volontairement détourné des yeux du spectateur. On assiste méthodiquement "au suicide" des 6 enfants de Goebbels, un par un, sans en louper une miette, alors que la caméra se détourne volontairement du couple lorsqu'il se donne la mort. Dans les faits ce n'est pas la mère qui tue ses enfants mais un médecin, et c'est un SS qui tue le couple. Pourquoi aseptiser la mort de tels monstres ? Pour garder la ligne directrice de son scénario, parce qu'aucun témoin n'a assisté à ces faits. Quand on décide de filmer une telle entreprise, je m'interroge sur de telles décisions artistiques frisant le racolage. Cette pudeur dessert finalement la volonté de montrer le jusqu'au-boutisme de cet état major prêt à mourir pour l'idéologie qu'ils avaient épousée. L'histoire ne doit pas oublier que de tels personnages font l'histoire, quelque soit leurs actes, ne perdons pas de vue que ce sont des humains avec toute la complexité qui en découle. Ce film documentaire est donc important pour la mémoire.
Les acteurs sont époustouflants, Bruno Ganz pour son étrange ressemblance et surtout Ulrich Matthes pour son incarnation charnelle du mal absolu, son regard vide de tout sentiment humain fait vraiment froid dans le dos. Alexandra Maria Lara est de par sa fonction les yeux de l'histoire, finalement elle incarne parfaitement le symbole d'un peuple rendu volontairement aveugle par l'idéologie nazisme, qui symbolisait pour eux la puissance et l'espoir aux dépens de tout respect humain.
Je disais brouillonne sur la forme mais louable sur le contenu, car présenter Hitler sous un aspect humain démontre qu'il faut rester constamment vigilant face à ces "prédicateurs illusoires", et cela sera ma chute !
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