Pour sa première production (en compagnie de son collègue Gregory Levasseur), Alexandre Aja, le réalisateur de "Haute Tension" et du terrible remake de "La colline a des yeux", a confié à un autre de ses compagnons de route, Franck Khalfoun, la mise en scène de ce "2ème sous-sol" pas foncièrement original mais ayant le mérite de respecter les codes du genre pour nous offrir un thriller lorgnant vers le "survival" rythmé mais prévisible.
Le script enferme une jeune femme dans le parking souterrain de l'immeuble où elle travaille le soir du 24 décembre, avec pour seule compagnie un gardien psychopathe amoureux d'elle qui va la pourchasser lors d'une nuit riche en rebondissements.
Après une rapide mais aguichante petite séquence d'ouverture, le métrage va directement nous présenter son personnage principal, Angela, sur son lieu de travail à plancher sur un dossier le soir du 24 décembre, tandis qu'autour d'elle ses collègues s'en vont un à un et que sa famille jointe par téléphone l'attend pour le réveillon. Elle se décidera finalement à partir, raccompagnée par Carl, le veilleur de nuit, pour rejoindre seule le parking souterrain ou l'attend sa voiture. Mais celle-ci ne daignera pas démarrer, l'obligeant à aller quémander l'aide du gardien de nuit du parking, Thomas, qui va s'empresser de l'aider, en tentant de recharger les batteries du véhicule puis en portant une partie de ses affaires lorsqu'Angela va se résoudre à prendre un taxi. Taxi qui arrivera quelques temps après mais qu'Angela ne pourra rejoindre, les portes de l'immeuble étant désespérément closes et Carl ayant disparu, elle va redescendre dans le parking à la recherche de Thomas pour finalement être attaquée par ce dernier qui va l'endormir. Quand elle se réveillera, ce sera pour se retrouver dans le local de surveillance de Thomas, habillée d'une robe de soirée et avec en face d'elle un Thomas conversant avec elle comme si elle était son invitée, malgré la chaîne la retenant prisonnière.
Cette mise en place de l'intrigue sera assez rapide pour surtout chercher à créer un climat tendu qui se manifestera dès la première descente dans ce parking déserté, tout en avançant un personnage principal assez hautain et donc pas forcément sympathique au premier abord, avec notamment cette franche suffisance face à ce pauvre gardien désirant l'aider et divers détails laissant sous-entendre un égoïsme réel. Mais dès son réveil dans l'antre de Thomas, le spectateur va vite revoir ses impressions en découvrant une Angela prisonnière, maquillée et habillée de façon sexy par son geôlier dont les penchants s'afficheront clairement, surtout que celui-ci laissera en plus une névrose s'exprimer de manière aussi doucereuse que pleine de sous-entendus menaçants malgré les apparences. Cette impression sera bien vite confirmée par le terrible mais trop prévisible cadeau de Noël fait par un Thomas qui révélera au passage ses tendances sanguinaires lors d'une séquence bien sanglante, tout en déclarant uniquement vouloir aider Angela par "amitié", jusqu'à ce que la demoiselle ne parvienne à s'enfuir, lançant alors l'attendue partie de cache-cache à travers les étages du parking souterrain. Mais contrairement à ce que l'on pouvait légitimement craindre, le métrage va réussir à renouveler régulièrement ses situations, certes de manière souvent bien classique (l'arrivée opportune de la voiture de police), mais également en présentant des rebondissements plus originaux (l'ascenseur), chaque partie du métrage laissant une métamorphose s'opérer chez Angela qui de proie sans défense va peu à peu s'enhardir et oser même défier son ennemi d'un soir jusqu'au final, méchant par définition et libérateur de la tension accumulée auparavant. Car même si l'intrigue restera quand même cousue de fils blancs et les diverses situations seront la plupart du temps prévisibles dans leur généralité, le métrage parviendra à garder une ambiance tendue de façon permanente pour délivrer ainsi de petits effets de surprise au fur et à mesure que la lutte entre les deux personnages prendra une allure de combat mortel, et ce même si Thomas continuera à déclarer ne vouloir qu'aider (aimer ?) Angela. C'est d'ailleurs ce qui fera régner une certaine ambiguïté sur l'ensemble du métrage, puisque ce sera l'attitude rebelle d'Angela qui transformera les intentions de Thomas, car même si les stigmates de la folie demeureront bien classiques, ses intentions premières n'étaient pas de meurtrir la demoiselle.
Le métrage arrivera également à se jouer de ses décors claustrophobes et propices à générer un climat tendu pour donner une certaine ampleur à l'ensemble, et ce même si ces couloirs et ces étendues désertes ne seront pas forcément visités de façon complète et approfondie, offrant quand même parfois une impression de redite.
Les deux personnages principaux seront suffisamment fouillés pour donner de l'impact aux rebondissements, avec ce côté non pas imprévisible mais plutôt changeant de ce Thomas désolé de devoir blesser sa protégée qui se verra opposer l'instinct de survie farouche d'Angela et sa volonté de sortir de cet enfer souterrain. A ce titre, l'interprétation sera plutôt convaincante, et notamment celle de Wes Bentley, tandis que la craquante et parfaitement mise en valeur Rachel Nichols paraîtra par moments détachée de son rôle. La mise en scène du réalisateur est assez fluide pour être capable de s'énerver lors des scènes d'action du métrage, tout en arrivant à gérer sur la longueur la tension permanente, et ce malgré une intrigue guère originale.
Les effets spéciaux sont probants pour verser dans un gore qui n'hésitera pas à s'étaler complaisamment sur l'écran (la mort du chien, par exemple), donnant ainsi un aspect graphique pas vraiment attendu au métrage.
Donc, malgré un classicisme évident, ce "2ème sous-sol" arrivera quand même à captiver son spectateur pour l'entraîner dans une atmosphère tendue et pleine de menaces parsemée de quelques dérapages sanglants volontaires !
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