Chronique lycéenne douce-amère, Rushmore trace le parcours atypique d'un adolescent qui souffre de sa maturité précoce comme de sa condition sociale modeste. Moins acide que le Bienvenue dans l'âge ingrat de Todd Solondz, le film d'Anderson contribue pourtant lui aussi à faire voler en éclats le genre archicodé de la teenage comedy : le lycéen tourmenté s'éprend d'une enseignante de vingt ans son aînée, l'origine sociale crée des barrières presque infranchissables, l'école publique est clairement mise en cause etc.. Ceci dit Rushmore n'a rien d'un pamphlet et reste avant tout une comédie initiatique et sentimentale. C'est dans la peinture de ses personnages, en mal d'affection, que le réalisateur semble le plus à l'aise. Qu'il s'agisse de Max, le protagoniste, de l'industriel dépressif campé par un magistral Bill Murray, ou de l'institutrice esseulée depuis la mort de son mari, tous sont en porte-à-faux avec leur environnement social. Si l'on peut regretter que le cinéaste ne développe pas davantage le petit grain de folie qui habite Rushmore, on lui sait gré de signer une oeuvre attachante qui évite le piège de la bluette insipide.
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