|
Avec ce "John Rambo" Sylvester Stallone nous livre un film terriblement jouissif et puissant où chaque scène d'action devient un morceau de bravoure incroyablement sanglant tout en laissant apparaître une réalité d'une noirceur totale et ce malgré une intrigue que l'on pourra quand même qualifier de basique.
Le script envoie John Rambo, menant pourtant désormais une vie tranquille en Thaïlande, délivrer quelques américains menant une action humanitaire et enlevés par l'armée birmane.
Après une série d'images de journaux télévisés suivant les événements dramatiques se déroulant dans l'ancienne Birmanie avec ce génocide meurtrier, le métrage va commencer par mettre en avant le sadisme et la méchanceté gratuite de ces soldats s'amusant avec des prisonniers qu'ils vont faire courir dans une rizière minée avant d'exterminer les survivants, identifiant ainsi d'entrée l'ennemi dans toute son horreur de manière très claire.
Ensuite, l'intrigue va mettre en scène le personnage principal que nous allons retrouver menant une vie rangée comme chasseur de serpents en Thaïlande, bien loin de la fureur d'antan, jusqu'à ce qu'il soit accosté par Michael Bennett, un américain oeuvrant avec ses compagnons pour une association humanitaire et demandant à Rambo de leur faire remonter le fleuve jusqu'à un camp de réfugiés afin de leur apporter une aide médicale mais aussi spirituelle. Refusant en bloc la proposition de l'homme, John Rambo va alors voir la femme de Bennett, Sarah, venir tenter sa chance à deux reprises et en jouant sur les sentiments et la fierté, va pousser Rambo à accepter de les conduire. Cette mise en place de l'action montrera un personnage principal désabusé, ne croyant plus en rien et ne voulant surtout pas se mêler de ce qui ne le regarde pas, avant de sortir de son mutisme devant la volonté émérite de cette femme qui en plus semblera lui avoir légèrement "tapé dans l'œil".
Le voyage sur le fleuve sera quand même pimenté par l'intervention de pirates que Rambo va dessouder avec une rapidité et une violence froide et sanglante terrible et laissant ses passagers sans voix, nous rappelant si besoin en était le passé guerrier du bonhomme.
Après avoir déposé ses "clients", Rambo va s'en retourner à son quotidien, mais le camp où les humanitaires ont commencé à officier va se faire attaquer par l'armée lors d'une séquence démente dans sa violence jusqu'auboutiste et sans concession (le gamin jeté dans les flammes) et les volontaires vont être capturés. Quelque temps après un pasteur américain appartenant au mouvement de ses anciens passagers va informer Rambo du non-retour de ceux-ci et lui demander d'amener jusqu'au camp de réfugiés quelques mercenaires dépêchés sur place pour qu'ils puissent juger de la situation et si besoin libérer les otages. Ce que Rambo va faire tout en prenant bien entendu lui aussi part au combat à venir.
Si cette intrigue pourra quand même sembler bien basique, elle ne sera jamais caricaturale dans un souci de réalisme parfaitement retranscrit et surtout permettra à une action continue de se développer sur la durée du métrage pour l'alimenter régulièrement de séquences violentes de combats qui ne feront pas dans la demi-mesure pour nous offrir un véritable festival sanglant de morts brutales par balles, mais aussi au couteau ou carrément à mains nues, tout en laissant aussi un aspect bien plus noir et sordide ressortir de l'ensemble, avec par exemple cette meute de soldats hystériques qui vont s'en prendre à quelques prisonnières venues danser pour eux lors d'une scène barbare et immorale, ou encore ce relent de pédophilie avéré chez les ennemis de Rambo, thème qu'il fallait oser aborder (même de manière détournée) quand on connaît la réputation de cette partie du monde pour un tourisme un peu "spécial".
Sylvester Stallone viendra, en tant que réalisateur, démystifier également le personnage de Rambo en révélant sa vraie nature guerrière et sanguinaire, presque psychopathe de la guerre, et on aura même l'impression qu'il n'attendait finalement que cela pour pouvoir reprendre du service, et ce malgré sa réticence du début du film. Et lorsqu'il se mettra en marche, ce ne sera pas pour faire dans la dentelle puisque sa violence sera particulièrement destructrice mais ciblée.
Par contre, Stallone réalisateur aura aussi l'intelligence de ne pas céder à la redite ou au plagiat des films précédents pour ainsi par exemple ne jamais créer de relation directe entre le chef des "méchants" et Rambo lui-même, supprimant la notion de duel auparavant présente, même si notre homme réglera son compte de manière très expansive et graphique au chef du groupe de soldats en question et en lançant des scènes de guerre inédites et farouchement réalistes dans leur traitement sans détour et insistant largement sur les plans gores.
Et c'est d'ailleurs ce qui pourra aisément surprendre, cette volonté d'aller aussi loin que possible dans la surenchère sanglante dans un film en apparence destiné à un public très large, pour faire éclater les têtes et les corps, ou alors carrément démembrer et réduire en charpie les ennemis dans des gerbes sanglantes en ne reculant devant aucun détail.
Par ailleurs les personnages autres que Rambo resteront quand même caricaturés, tels ces mercenaires plus que typés ou encore ces humanitaires adeptes de la non-violence et aveugles dans leur volonté de bien faire, mais cela ne gênera pas l'ensemble, parfois presque au contraire pour donner au film un petit accent de cinéma "bis" appréciable, tout en bénéficiant d'une interprétation convaincante. La mise en scène de Sylvester Stallone sera largement efficace par son dynamisme propre à rendre plus que percutantes les scènes d'action sans tomber dans l'excès de mouvements de caméra. Les effets spéciaux très nombreux dans ce film très saignant seront bien souvent probants par leur réalisme déconcertant, mais hélas l'apport du numérique sera quand même régulièrement visible.
Donc, ce "John Rambo" nous offrira donc un spectacle délirant par sa violence gore sans limite pour un jusqu'auboutisme sans concession rarement vu dans une production de cette importance, ce qui rendra le métrage follement jouissif et subversif dans ce contexte !
|
