« Les gens du Nord courbent le dos lorsque le vent souffle très fort. […] L’accordéon les fait danser et puis la bière les fait chanter. […] Les gens du Nord zazazaï » chantait Enrico Macias en 1967, année justement du plus grand film français de l’époque jusqu’en janvier dernier, j’ai nommé « la grande vadrouille ».
Avant 2008, le Nord (de la France), c’était les maisons de briques rouges, le chômage, la grande braderie de Lille, les moules-frites, le mauvais temps, l’alcool, des chanteurs très joyeux, des films plutôt dramatique. Il n’y avait guère que « confessions intimes » et « strip-tease » pour rigoler de quelques personnes du Nord avec leur Tuning ou la guerre des voisins, etc…
C’est alors que l’ambassadeur du Nord (Dany Boon) décide de faire un film sur sa région, pour lui donner une bonne image au reste du monde, c’est à dire au reste de la France.
Est-ce que le résultat est à la hauteur de ses ambitions ?
Remercions celui sans qui tout cela, ne serait arrivé, je présente : Jean-Pierre Pernault, l’excellent journaliste de TF1 à 13h00, il a réussi à créer un buzz bien avant sa sortie régionale ou nationale (normal il est originaire du Nord), en casant des sujets avec des extraits du film, entre un sujet sur un vendeur de clou de girofle de Bar-le-duc et un autre sur la neige à Villeneuve d’asc.
Début 2008, la France à peur, l’essence monte, le pouvoir d’achat baisse, plus de pub sur le groupe France Télévision, il neige en plein mois de janvier, bref tout fou le camp ma petite dame ! Heureusement au milieu des films comme Into the wild, Juno, Cloverfield, Les Faussaires, No Country For old men, Sweeney Todd… est apparu le sauveur du cinéma français : “Bienvenue chez les ch’tis”.
Qu’un mauvais film sorte au cinéma, ce n’est pas gênant, que des gens aillent le voir non plus, (j’en ai vu tellement de mauvais film y compris celui-ci au cinéma), mais qu’il devienne le film français le plus vu de tous les temps, Là je nage en pleine 4ème dimension.
Et pourtant, je suis quelqu’un de plutôt bon public, je regarde autant des petits bijoux comme Into the Wild et d’autres films de moindre envergure avec parfois un certain plaisir (comme Disco qui m’a amusé alors que c’est loin d’être un chef d’œuvre).
Mais lorsque j’ai vu les ch’tis au cinéma, la première fois, j’ai trouvé cela affligeant, je n’ai pas rigolé une seule fois et visiblement j’étais bien le seul dans la salle.
Le film commence sur un gros cliché : Les gens du Sud, c’est à dire : présomptueux, menteurs, arnaqueurs, très ambitieux et très cons, mais pas autant que les femmes, en effet la femme de Kad Mérad, n’est jamais sortie des frontières du 0-6 et ne regarde pas la télévision ou les infos (remarque avec JPP, elle n’a peut-être pas tord), car pour elle le Nord, ça équivaut à une expédition à la Paul-Emile Victor, c’est à dire que pour son petit esprit, le Nord (de la France) = le Kosovo avec – 40°C.
Elle et son mari sont conforté dans cette idée, par (attention seul moment ‘drôle’ du film) Michel Galabru qui donne une image du NPDC (Nord Pas De Calais) pas très glorieuse et surtout pour un esprit censé, très peu probable.
C’est ainsi que par une faute, Kad Merad postier émérite se retrouve muté dans la fameuse région en question, à Bergues et c’est là que commence la deuxième série de clichés : Les gens du Nord, alcoolique mais très sympa (simplet en fait), gentil, aux grands cœurs qui aiment le maroilles, les frites, la bière et les femmes non de Dieu !
Puis ce qui a fait le succès du film, des gags à mourir de rire, c’est à dire le Ch’timi, qui comme chacun sait est la langue officielle du Nord, c’est ainsi que jusqu’à la fin du film, nous avons des gags de répétition de grande qualité à base de « Hein !!! » « Biloute ! » « c’est le chien, che que che dit, hein ! Biloute ! » « Biloute ! Monte l’son hein !! ».
A ce moment là du film, je me suis dit est-ce vraiment redorer le blason du Nord, un tel film ? Alors oui en effet, ils ne passent plus pour des dépressifs, mais pour des gentils simplets qui adorent l’alcool et le maroilles au petit-déjeuner est-ce vraiment meilleur ?
Mais ce n’est pas tout, troisième cliché : Les facteurs : fainéants, irresponsables, alcooliques (remarque la région n’aide pas), c’est d’une telle facilité que s’en est navrant.
Par respect pour les acteurs, je ne parlerais pas de leur façon de jouer (qui a parlé de Zoé Felix, dans le rôle de potiche).
Dany Boon par ce film est devenu le nouveau Dieu français après Zidane, un film qui serait passé inaperçu sur France 3 à coté de Loulou la Brocante, mais qui par un procédé réprouvé de nous faire acheter ce qui est plutôt mauvais ou tout juste passable comme un chef d’œuvre du cinéma français en dépassant même « la grande Vadrouille » qui lui est un vrai film de comédie avec une écriture fine et des gags de qualité, il y a un minimum de scénario au moins.
Mais que les Ch’tis fassent plus de 20 millions d’entrée frôlant le naufrage du Titanic, c’est incompréhensible, c’est à ce moment là que j’ai saisi que la France allait vraiment mal pour que des gens y compris ceux du Nord (qui pourtant passent pour des abrutis finis) aillent voir ce film, 2,3,4,10 fois juste par jeux pour que le chauvinisme gagne en battant un film américain. Et pourtant ils ont raté des petits bijoux en ce début de 2008, mais ils sont passés à coté en allant voir un petit film qui sans toute cette pub serait insignifiant, à la limite le premier film de Dany Boon était meilleur.
Je sais que je suis minoritaire, je m’attends à des réactions, mais rassurez-vous pour les fans du film, une suite est prévue, les gens du Nord, iront dans le Sud. J’imagine déjà les dialogues :
« Bonne mère, qu’est-ce qui me parle lui, peuchère, mais articule fiston, on ne comprend pas ce que tu dis !! Bon sang ».
Vivement le 3 en Alsace « Da, nous avons les moyens de vous faire parler Kad Mérad », le 4 en Martinique « T’veux un ptit punch, ça te fera du bien pour ce que t’as, en plus il est 15h00 c’est déjà la fin de la journée, et oui !! », le 5 en banlieue « Wesh, k’es ke t’as brother ? » Et enfin le 6 en Corse « Jé une offre qué tu né peux refuser !! ».
Vive la France, vive Dany Boon et vive le cinéma français !!
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