Le moins que l'on puisse dire, est que David Fincher pour son premier coup d'essai frise le coup de maître. Ce troisième opus arrive encore à se démarquer des 2 premiers, il prend une direction plus biblique et philosophiquement marquée qui de ce fait, privilégie les dialogues à l'action et peut expliquer son relatif échec commercial.
C'est une vision future chaotique que nous propose le réalisateur un peu à l'image du tournage où le complet désaccord de ce dernier avec les producteurs l'amena à quitter la réalisation une fois les images tournées sans même participer au montage. Fincher a un vrai contentieux avec notre société moderne, tout son univers transpire le pessimisme, les lieux: des souterrains crasseux, les personnages: des prisonniers oubliés de la civilisation, l'obligation de se raser le moindre poil (signe de pureté ?) vermine oblige, c'est un regard sans concession sur ce qui nous attend et cette "métaphore physique" lors de la scène d'incinération de newt et la naissance de la bête étaye sa théorie. Indiscutablement l'épisode le plus sombre, on est loin du divertissement de Cameron mais finalement cet antagonisme renforce un peu plus la richesse de la série. Allez quittons un peu la métaphysique pour se reconcentrer sur le sujet et reconnaissons que ce troisième épisode est pas mal torché. On peut lui reprocher quelques longueurs, certaines passages un peu trop gores et une scène poursuite un peu décousue , mais je tiens à préciser que j'ai visionné la version longue qui en fait est une autre version, voire vision du film. En effet le corps de ripley n'est pas récupéré dans le vaisseau, la fusion de la bête ne se fait pas avec le même animal et surtout la fin sombre carrément dans le biblique avec une vision du sacrifice de ripley plus marquée. L'anecdote concerne le doublage français où l'on ne retrouve pas les mêmes voix sur les scènes rajoutées et c'est plutôt curieux quand celle-ci sont insérées entre 2 passages originaux. Sigourney Weaver est magnifique, pour la première fois elle s'affirme en tant que femme charnelle sur une scène très furtive où l'on découvre malgré le crâne rasé sa grande beauté, elle continue à dominer les débats mais semble déjà plus lasse et résignée, elle démontre tout son talent et c'est peut être pour ma part son meilleur film. Charles Dance est étonnant de présence pour finalement un rôle assez court, c'est sans doute cela la force des grands acteurs et je donne une mention toute spéciale à Ralph Brown - QI65, l'anti-héros par excellence, "l'enfant" perdu dans ce monde sans foi ni loi.
Cette version anti-commerciale de l'alien, froide comme ses décors, peut en rebuter plus d'un, mais ce serait dommage de passer à côté d'un univers propre à son réalisateur, déjà les prémices de son futur et formidable seven.
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