Inspiré d'une histoire vraie qui défraya la chronique à la fin du dix-neuvième siècle, ce "American haunting" parviendra à se montrer captivant et prenant à défaut de générer les frissons escomptés, grâce notamment à un rythme soutenu et une justesse dans l'utilisation de ses effets.
Le script suit les déboires d'une jeune adolescente confrontée à une entité invisible qui va la malmener tout en terrorisant sa famille.
Dans une sorte de prologue, le métrage va prendre place de nos jours pour suivre une demoiselle poursuivie dans la neige par une force inconnue avant de se réfugier dans sa chambre où elle va se réveiller, vraisemblablement victime d'un cauchemar, bientôt rejoint par sa mère qui va lui enlever une poupée et des manuscrits trouvés dans leur grenier, pour, une fois installée devant un verre de vodka à son bureau, se mettre à lire ce qui se révélera être le journal intime d'un professeur ayant vécu au dix-neuvième siècle, lançant du coup véritablement l'intrigue, puisque nous allons nous retrouver à cette période pour y suivre le quotidien de la famille Bell.
C'est ainsi que sera introduit Betsy, le personnage principal, une adolescente espiègle s'amusant avec ses compagnons de jeu et vivant avec ses parents et ses frères dans une harmonie seulement au départ perturbée par des bruits nocturnes en provenance du grenier.
Et ce ne sera qu'après avoir perdu un procès contre une prétendue sorcière locale que la malheur va s'abattre sur la famille Bell, puisqu'une force démoniaque va harceler Betsy, allant jusqu'à la gifler violemment en pleine lévitation, obligeant ses parents à avoir recours à une sorte de prêtre qui va tenter en vain d'exorciser les lieux, avant de chercher du secours auprès du professeur de Betsy, un homme de sciences qui essaiera de trouver une explication logique à ces phénomènes avant d'être lui aussi témoin des exactions de l'entité, celle-ci devenant de plus en plus violente et nuisant aussi vraisemblablement à la santé du père de Betsy qui pour sa part sera régulièrement visité par un loup noir plus qu'agressif.
Le métrage ne cherchera pas vraiment à innover dans les manifestations de cette chose mystérieuse qui aura une dent contre cette famille en apparence sans histoire, avec portes qui claquent, vitres qui explosent et autres figures obligées du genre en lorgnant aussi régulièrement du côté de "L'exorciste" lorsque ce sera Betsy qui sera physiquement agressée de manière graphique (les traces d'ongles sur le plancher, et surtout cette douloureuse montée des marches sur le postérieur) et vers les films de fantômes asiatiques pour plusieurs apparitions surprises qui n'obtiendront pas franchement l'effet désiré en étant trop prévisible (les miroirs), mais se dotera d'un intérêt hérité de l'interrogation sur la raison de cette hantise malveillante, puisque l'explication souvent avancée dans le métrage et concernant la soi-disant sorcière en procès avec la famille Bell apparaîtra comme bien trop facile, laissant ainsi la porte ouverte à toute les suppositions obligeant le spectateur pris au jeu de s'intéresser de près à ce qui se passe sur l'écran, dans une quête de vérité qui sera récompensée par une révélation finale efficace et presque bluffante qui rendra le chemin de croix de Betsy encore plus éprouvant tout en amenant à reconsidérer l'ensemble du métrage et surtout quelques indices qui aurait pu nous mettre sur la voie.
Mais l'intrigue bénéficiera également de personnages fouillés et crédibles dans un dix-neuvième siècle très réaliste, loin des caricatures (pas de chasse aux sorcières ici), qui donnera de la profondeur à l'ensemble tout en oeuvrant pour multiplier les pistes quant à l'identité de ce mystérieux esprit vengeur. En plus, l'atmosphère régnant sur le métrage sera quand même parfois oppressante, avec une photographie remarquable (la fuite à travers bois qui se terminera par une cascade spectaculaire).
L'interprétation est plutôt convaincante, malgré un Donald Sutherland guère impressionnant, heureusement largement compensé par le jeu attendrissant de Sissy Spacek et la prestation touchante et troublante de la jeune Rachel Hurd-Wood, parfaite dans le rôle de Betsy. La mise en scène de Courtney Solomon est appréciable, donnant un rythme constant et vif à l'ensemble et même si ses effets en caméra subjective pour imposer la présence de l'entité pourront finir par lasser, passée la bonne impression de ce passage de la couleur au noir et blanc pour signaler la venue de l'esprit.
Les quelques effets spéciaux de maquillage sont probants, mais le métrage demeurera bien sage à ce niveau-là.
Donc, ce "American haunting" s'avérera être une bonne surprise malgré un certain classicisme dans ses situations, pour parvenir à impliquer le spectateur dans les malheurs de son personnage principal attachant tout en arrivant à donner un certain impact à ses nombreuses séquences surnaturelles !
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