La soif du mal est le dernier film de studio d’Orson Welles. D’une façon assez logique finalement, son film clôt la période classique du style film noir, alors même que son Citizen Kane a inspiré pour beaucoup cette mouvance (narration en flash-back, voix-off omniprésente, mise en scène baroque et tournage en décor réel sont en effet quelques caractéristiques du film noir). La soif du mal est tout d’abord une démonstration technique assez hallucinante. Enchaînant des plan-séquences d’une durée défiant les possibilités du médium, le film estomaque sur le fond du propos, terriblement noir : corruption policière, abus physique, chantage, sont les mailles d’un filet dont on ne sort pas indemne. La frontière classique entre le bien et le mal n’a pas lieu d’être : aucun personnage n'est "pur". Même Susan Vargas, interprétée par Janet Leight, semble être séduite par un petit truand, lorsqu’elle décide de son plein gré de le suivre dans les rues mal famée du bord mexicain. On retrouve dans le film la notion de frontière, l’intrigue prenant place à la frontière mexicaine, et le couple Charlton Heston/Janet Leight étant lui mexicain, elle mexicaine. Chacun, à leur façon, vont être confronté à la « touch of evil » du titre. Heston la rencontre en la personne d’un collègue inspecteur, le véreux Quinlan, interprété par Orson Welles. Dès lors sortir de la spirale infernale sera difficile.
Un film qui fait clairement partie des grands classiques du cinéma mondial, rempli d’une noirceur abyssale autant dans le propos que dans la forme (l’intrigue se déroule souvent de nuit).
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