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C’est bien loin des frasques de son "Cannibal holocaust" que le réalisateur italien Ruggero Deodato nous livre avec ce "Body count" un slasher basique et confus qui va se contenter de ressasser les poncifs du genre au point d'en devenir involontairement souriant.
Le script envoie quelques jeunes dans un camping désaffecté théâtre d'un double meurtres des années auparavant, mais bien entendu, un mystérieux tueur rôde.
Après une longue séquence d'introduction vaguement sanglante qui verra deux adolescents se faire massacrer par un mystérieux individu alors qu'ils faisaient du camping, sous l'oeil de Ben, le jeune fils de Robert, le propriétaire des lieux, le métrage va nous présenter ses principaux personnages, deux bandes de jeunes on ne peut plus traditionnelles dans leurs stéréotypes navrants qui vont converger sans se connaître vers un camping plus ou moins abandonné d'où ils se seraient fait jeter par Robert sans la présence de son fils pris en stop par l'un des deux groupes. Cette mise en situation accumulera les situations essayant vainement d'être drôles "grâce" au comique du groupe, plus pitoyable qu'autre chose, avant qu'un premier meurtre n'ait lieu alors qu'un couple s'était déjà désolidarisé du reste de la troupe pour faire de l'escalade. Guère affolé par l'absence prolongée de leurs camarades, les autres vont continuer à bêtement s'amuser (la séquence de nettoyage des douches où ils vont s'arroser mutuellement, par exemple), tandis que le shérif local va suivre de près ce qui se passe dans le coin et surtout dans la maison de Robert, et pour cause, il entretient une liaison avec la femme de celui-ci.
Ensuite, l'intrigue va faire alterner les obligatoires séquences de meurtres, peu réjouissantes en étant ni tendues ni vraiment gores, avec encore et toujours des situations légères débilitantes où le groupe va s'amuser puérilement, et ce même après la découverte du corps de la première victime, plombant définitivement le peu de crédibilité qu'il pouvait rester à l'ensemble en n'étant nullement affecté par ce drame.
Et si le métrage va tenter de brouiller les pistes avec cette histoire ce chaman hantant les lieux et possible responsable des crimes de l'introduction, ce ne sera que pour rendre la quête de l'identité du tueur fastidieuse et même pas captivante, avec en plus cet élément vaguement emprunté au giallo (le petit nounours en peluche dont la présence à l'écran sera accompagné d'une comptine enfantine en fond musical) inutile, et à la limite, le triangle amoureux entre Rober (évidemment une brute épaisse), sa femme et le policier sera plus intéressante dans son issue violente que l'intrigue principale terriblement basique et qui même avec son dernier plan renversant la vapeur pour donner une connotation surnaturelle au métrage ne parviendra pas à captiver véritablement, par ses incohérences et les nombreux dérèglements récurrents aussi bien relatifs au déroulement même des événements qu'à la façon de les mettre en scène de Ruggero Deodato.
En effet, les protagonistes auront quand même une tendance plus que fortuite et improbable à s'isoler et notamment à vouloir aller prendre des douches dans ce baraquement en ruines insalubre, s'offrant ainsi littéralement au meurtrier qui semblera apprécier largement l'endroit (et pour cause…), tout comme le réalisateur qui verra là la possibilité de dévoiler un érotisme très léger. Autre souci, cette fois-ci largement plus dommageable, la propension de l'auteur à passer du jour à la nuit d'un plan à l'autre sans artifice, tout comme ces problèmes géographiques désolants, faisant par exemple aller faire courir les "pauvres" demoiselles affolées juste sorties des douches alors que leur campement semblait se trouver non loin.
Et de même, l'habitation du propriétaire semblait suffisamment proche pour que les jeunes aillent y faire des blagues (la sinistre scène du "nudiste" tellement stupide qu'elle fera pitié), mais ses occupants ne vont pas avoir vent qu'il s'y passe des choses étranges et personne avant le derneira cte n'aura l'idée d'aller s'y réfugier.
Enfin, Ruggero Deodato va presque se ridiculiser lors des séquences de fuites forestières, scrutant les demoiselles courant, trébuchant n'importe comment devant un danger invisible ou se collant à un arbre pour voir venir, ainsi que lors des scènes tentant un humour définitivement pas drôle. Alors, dans ce marasme, on pourra uniquement se consoler avec quelques petites péripéties presque conciliantes et avec les rares effets gores dignes de ce nom qui seront acceptables.
L'interprétation est guère convaincante, avec de jeunes acteurs peu crédibles, tandis que seule Mimsy Farmer tirera son épingle du jeu, laissant un David Hess en roue libre en faire des tonnes (notamment lorsqu'il se fera frapper au visage, avec une grimace tordante).
La mise en scène du réalisateur peine à donner du rythme à l'ensemble et se sacrifie à recycler bien souvent inutilement les effets du genre.
Les quelques effets spéciaux sanglants seront probants, pour des blessures meurtrières et assez méchantes.
Donc, ce "Body count" risquera de décevoir les amateurs de slashers, à moins de se prendre au jeu du second degré, auquel cas le film pourra devenir amusant dans sa bêtise !
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