Nous venant de Corée, cette "Réunion sanglante" constituera une bonne surprise, en proposant des personnages fouillés au service d'une intrigue dépassant ainsi le cadre du "slasher" de base pour prendre une réelle dimension dramatique.
Le script suit les retrouvailles chez leur ancienne maîtresse d'école de quelques uns de ses élèves, mais peu à peu les rancoeurs du passé vont resurgir, tandis que quelqu'un va se mettre à décimer le petit groupe.
Après une courte séquence d'introduction faite de plans très rapides qui va retracer le parcours de cette maîtresse d'école accouchant d'un enfant au visage difforme au grand dam de ses parents, poussant même le père à se pendre, le métrage va suivre un policier, bientôt rejoint pas son collègue, découvrant un carnage sanglant dans une cave avec des victimes mutilées, avant de se rendre à l'hôpital pour questionner une jeune femme survivante qu'il trouvera au chevet d'une vieille dame elle aussi rescapée du massacre. Après un long mutisme, la demoiselle va se décider à parler, lançant alors véritablement l'action au travers d'un long flash-back qui occupera la majeure partie du film. En délivrant d'entrée quelques clés de l'intrigue, le réalisateur va ainsi laisser le spectateur s'affairer à essayer de cerner chacun des personnages qui vont ensuite être présentés, avec d'abord cette ancienne maîtresse malade et se déplaçant en fauteuil roulant qui a recueilli une de ses anciennes élèves qui vit désormais chez elle et lui sert d'auxiliaire de vie, puis les différents invités d'un week-end de retrouvailles puisque ce sont quelques autres anciens écoliers qui sont conviés chez leur ancienne institutrice. Et si ces différents protagonistes porteront à première vue les stigmates de stéréotypes classiques (la bimbo, le "marrant", le voyou, le grand timide ne parlant à personne…), chacun avancera au fil des événements un passé écorné par leur maîtresse et qui aura laissé des traces bien réelles, physiques ou émotionnelles, dans leur vie d'adulte. Cette rancœur s'exprimera d'ailleurs progressivement, blessant par de petites phrases assassines la vieille dame, jusqu'à ce qu'un des personnages, ivre, ne s'en prenne ouvertement à elle avant de quitter le groupe attablé. Arrivé sur la plage jouxtant la propriété, il sera attaqué par un individu portant le même masque de lapin que celui dont le fils de l'institutrice se servait pour cacher son visage effrayant, et ce bien qu'il ait passé sa jeunesse enfermé dans une cave avant de disparaître mystérieusement. Ce premier meurtre au cutter sera sauvage et sanglant mais nous réservera encore une surprise gore et extrêmement douloureuse dans son aboutissement.
Ensuite, l'intrigue va faire se succéder une série de rebondissements palpitants et tendus, l'assassin s'en prenant tout à tour à plusieurs protagonistes avant qu'une autre série de situations ne viennent perturber la traditionnelle quête de l'identité du meurtrier en accumulant les retournements de situation plaçant la vielle institutrice au centre d'une violence qui fera mal surtout à la vue de l'âge de cette dernière, mais qui finira par provisoirement démasquer le tueur, avant qu'un twist assez simple dans sa conception mais original dans sa façon d'obliger le spectateur à reconsidérer l'ensemble du métrage, ne vienne chahuter l'intrigue définitivement et clore le métrage sur une note triste et pleine de ressentiments.
En prenant pour cadre cette réunion d'anciens élèves, le métrage arrivera facilement à interpeller directement son spectateur par les souvenirs crédibles qu'il colportera, avant de devenir un brin méchant et presque sadique envers cette vieille femme d'apparence douce et paisible qui aura maltraité plus ou moins vertement et volontairement ses écoliers, et l'introduction de ce tueur laissera place à une spéculation bien hasardeuse quant à l'identité de celui-ci pouvant se cacher derrière n'importe lequel des invités puisque ceux-ci auront tous des raisons d'en vouloir aux autres, ou être trop simplement le fils disparu. Et les séquences de meurtre vraiment graphiques viendront donner un impact fort à l'ensemble, en prouvant bien l'existence d'une amertume terrible à l'encontre des victimes qui seront sévèrement maltraitées (les morceaux de lames de cutter, par exemple ) avant de mourir.
Et c'est dans ce contexte que le twist final viendra bafouer l'intégralité de l'intrigue passée pour apporter une autre vision tout aussi plausible des événements et décrire une existence dramatique riche en traumatismes divers, ce qui achèvera de donner à l'ensemble une répercussion émotionnelle inattendue qui fera presque oublier la violence graphique montrée auparavant.
L'interprétation est largement convaincante, portée par des acteurs impliqués dans leur rôle, tandis que la mise en scène du jeune réalisateur sera globalement efficace, grâce à une utilisation constante de plans tournés caméra à l'épaule qui donnera un rythme et de la vie au métrage, et même si quelques zooms hasardeux viendront désagréablement perturber certaines séquences.
Les effets spéciaux sont plus que probants, avec des plans sanglants réalistes, très graphiques et volontaires (les fourmis).
Donc, cette "Réunion sanglante" tiendra toutes ses promesses au sein d'une intrigue fouillée et tendue, en s'octroyant en plus une profondeur et un impact dramatique imprévus !
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