Réalisé en 1965 par le cinéaste français Philippe de Broca, auteur des célèbres L’homme de Rio ou encore Cartouche, Le roi de coeur est une oeuvre très originale de ce cinéaste. On pourrait même être amené à revoir le point de vue sur ce réalisateur qui n'a pas fait que des comédies populaires, comme le prouve ce Roi de coeur. C'est d'ailleurs certainement la raison de son échec en salles en 1966. Le film bénéficie d'un excellent pitch de base, que le cinéaste utilise à merveille : à la fin de la première guerre mondiale, des fous réussissent à sortir de l'asile où ils résidaient. Ils récréent alors un monde qui utilise divers mythes, notamment celui d'Alice au pays des merveilles. Alan Bates interprète de manière excellente ce soldat écossais dépassé par les événements qui se retrouve dans ce village comme le roi de coeur. Le film de De Broca est très bon sur le fond et les scènes de comédie se multiplient à une vitesse incroyable. Dans ce côté décalé où les militaires sont pris pour des pantins et des gens écervelés, on peut penser que ce film de De Broca se rapproche surtout des comédies à la Lubitsch, To be or not to be notamment. Le cinéaste français se montre d'ailleurs complètement contre la guerre, comme le prouve une scène où les 2 armées (allemande et écossaise) s'entre-tuent en deux temps, trois mouvements.
Le film a également un côté romantique, avec cet amour idyllique entre le roi de coeur et Coquelicot, interprétée par une jeune Geneviève Bujold.
Servi par une distribution de premier choix qui sur-joue à fond (Pierre Brasseur, Jean-Claude Brialy, Micheline Presle, Michel Serrault), Le roi de coeur est une comédie douce-amère qui révèle un côté très personnel de la carrière de Philippe De Broca. Il s'agit d'ailleurs certainement d'un de ses meilleurs films.
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