C’est en reprenant à son compte le principe du "Hostel" d'Eli Roth et en le déplaçant au Brésil que ce "Paradise lost" (également connu sous le titre de "Turistas") lorgnera du côté du "survival" pour un résultat hélas bien trop prévisible, mais quand même prenant et parsemé de quelques pointes de gore volontaire.
Le script envoie quelques touristes américains en vacances au Brésil où, après l'accident du bus les transportant, ils vont échouer sur une plage paradisiaque. Mais après une soirée de beuverie ils vont se réveiller esseulés et dépouillés de leurs biens. En cherchant à rejoindre la civilisation, ils vont devenir les victimes de curieux trafiquants d'organes.
Après une courte séquence d'introduction floue mais prometteuse, le métrage va directement mettre en scène ses personnages principaux, quelques touristes américains ayant pris place au milieu des autochtones à bord d'un bus sillonnant à vive allure de petites routes sinueuses du Brésil jusqu'à ce qu'en voulant éviter des enfants marchant le long de la route, le car se renverse et laisse juste le temps à ses passagers de sortir avant de sombrer dans un ravin. Solidarité nationale oblige, les différents américains vont sympathiser et faire connaissance, nous permettant de la sorte de se familiariser avec eux, mais les stéréotypes trop flagrants et l'aspect bien lisse de ces protagonistes empêcheront de les rendre attachants.
Rapidement, le petit groupe va découvrir une plage idyllique abritant sur son bord un bar où ils vont décider de rester faire la fête plutôt que de continuer leur périple à bord du prochain bus.
Toute cette première partie du métrage restera bien superficielle, s'attardant à décrire l'insouciance béate des personnages tout en jouant sur la couleur locale pour assurer le dépaysement et en exploitant au maximum la plastique irréprochable des demoiselles du groupe largement scrutées par la caméra pour un soupçon d'érotisme timide à base de baignades et de danses lascives au cours de la soirée arrosée qui va immanquablement avoir lieu, tandis que l'intrigue tentera trop facilement d'intriguer le spectateur avec quelques plans introduisant des personnages locaux plutôt suspects.
Et bien entendu, la rupture de ton attendue va ensuite avoir lieu, laissant le groupe se réveiller au petit matin sur la plage désertée, les laissant se rendre compte qu'ils ont été volé de toutes leurs affaires pourtant récupérées dans le bus, mais aussi de leur argent et de leurs papiers, tandis que le métrage va s'offrir un premier écart violent et quelque peu sanglant pour nous faire suivre la cruelle destinée d'un autre couple de touristes avec lequel ils avaient fraternisé la veille au soir.
Après plusieurs rebondissements les entraînant dans un village très pauvre où personne ne semblera pouvoir ni vouloir les aider, ils vont retrouver Kiko, un brésilien avec qui ils avaient sympathisé sur la plage, celui-ci les aidant à se sortir d'une situation délicate en leur proposant de les emmener dans la maison de son oncle située en plein milieu de la jungle, ce qu'ils vont faire, invitant le métrage à s'éparpiller dans diverses situations apparemment sans lien direct avec l'intrigue globale (la visite des grottes sous-marines, dévoilant des décors naturels exceptionnels, mais bon…) jusqu'à l'arrivée mouvementée (avec un accident bien opportun !) dans cette baraque complètement isolée où ils vont pouvoir se restaurer. Mais l'arrivée du propriétaire des lieux (le vraisemblable commanditaire brutal des enlèvements) va définitivement faire basculer l'intrigue dans le "survival" parfois bien sanglant (avec notamment une opération tout en détails pour le prélèvement d'organes sur l'un des personnages), mais trop souvent prévisible jusqu'au final en happy-end assez facile.
Car s'il y a bien un reproche que l'on pourra faire au métrage, c'est son aspect terriblement prévisible. En effet, la plupart des situations vécues par les différents personnages ne sortiront guère des sentiers battus ouverts par Eli Roth et son "Hostel", laissant ainsi le spectateur attendre d'abord patiemment l'évidente rupture de ton, puis la rencontre avec le "méchant" vu à l'oeuvre auparavant, tandis que les affinités du réalisateur avec certains personnages laisseront présager du sort de chacun des protagonistes.
En plus, la présentation des brésiliens demeurera bien trop facilement caricaturale et presque aussi désobligeante pour cette population présentée comme pauvre (ce qui effectivement le cas !), mais surtout menteuse, roublarde, voleuse et arriérée, tandis que le motif invoqué par le responsable des mutilations, pour justifier ses actes comme un revers de la médaille infligé aux touristes et autres profiteurs de la détresse de son pays, sera trop complaisant et coulant.
Mais heureusement, le métrage avancera quand même des raisons de se faire apprécier. Déjà, même s'il ne sera finalement que peu gore, quand le réalisateur décidera de verser dans le sanglant, il le fera sans aucune fioriture pour quelques excès très graphique. Ensuite, au-delà de la trame globale prévisible, certains rebondissements seront percutants (le combat sous-marin final dans la grotte, par exemple) et l'ambiance humide et presque glauque du dernier acte sera parfaitement retranscrite même si elle peinera à provoquer le malaise. Enfin, l'ensemble sera mené sur un bon rythme, ne laissant que de rares temps morts s'installer lorsque le réalisateur développera des situations quelque peu "hors sujet".
L'interprétation est cohérente mais superficielle et sans âme, n'aidant ainsi aucunement l'implication du spectateur, tandis que la mise en scène du réalisateur est assez vive et dynamique, mais hélas, l'action, se déroulant beaucoup dans l'obscurité au cours de la seconde partie du métrage, aurait mérité un meilleur éclairage.
Les effets spéciaux, principalement sanglants pour quelques gros plans volontaires, sont probants et réalistes, en ne versant pas dans la démesure.
Donc, ce "Paradise lost" se suivra sans effort, mais ne parviendra pas à obtenir l'effet escompté en arrivant seulement à captiver son spectateur sans jamais le surprendre ni l'impliquer véritablement !
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