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Pour sa relecture de l'oeuvre de l'écrivain H.G. Wells, Steven Spielberg, pourtant à la tête d'un budget faramineux, a préféré nous livrer un métrage ne se tournant pas exclusivement vers les prouesses techniques et les effets spéciaux excessifs pour plutôt adopter un point de vue intimiste de l'invasion de notre planète par des extraterrestres plus que belliqueux, tranchant ainsi grandement avec la production hollywoodienne contemporaine.
Le script va donc suivre cette attaque massive d'entités extraterrestres au travers des déboires d'un homme accompagné de ses deux enfants fuyant devant l'envahisseur tout en cherchant à rejoindre son ex-épouse.
Après un petit laïus installant la situation de façon adaptée et originale, le métrage va nous présenter son personnage principal, Ray, un grutier de précision que nous allons rapidement voir rejoint à son domicile par son ex-femme qui va lui laisser son fils, un adolescent rebelle et sa fille plus jeune, pour le week-end, permettant de la sorte au réalisateur de bien exposer la situation de Ray face à ses enfants qu'il ne maîtrise pas beaucoup, ceux-ci n'ayant qu'un respect limité pour leur père, tout en rendant ce trio foncièrement attachant, ce qui aura bien entendu son importance pour impliquer par la suite le spectateur.
Car après cette phase d'exposition vaguement entaillée d'éléments annonciateurs du drame à venir (les orages en dans l'est de l'Europe), le métrage ne va pas tarder pour lancer son action en plaçant Ray et son entourage face à un orage étrange, lors d'une séquence terriblement intrigante qui va déboucher sur une première attaque d'un "tripode" sorti de sous le bitume qui va littéralement désintégrer les badauds s'étant rassemblé au point d'impact des nombreux éclairs ayant frappé l'endroit.
D'une efficacité exemplaire, tant visuelle (la désintégration des humains et les dégâts spectaculaires causés par l'envahisseur sur les bâtiments et les structures urbaines) que dans son élaboration générant une action bardée de suspense quant au sort réservé à Ray dans sa fuite pour retourner à son domicile pour y rejoindre ses enfants, cette première séquence d'attaque sera rondement menée de façon à instantanément induire la supériorité des extraterrestres et leur force de destruction sans égal, tout en démontrant bien leur volonté sans pitié de détruire les humains et la planification exemplaire de leur attaque.
Ensuite, le métrage va laisser s'enfuir Ray et sa petite famille à bord du seul véhicule en état de circuler, nous faisant ainsi commencer à mesurer l'étendue des dégâts, même si les protagonistes vont pouvoir quitter la zone sinistrée et retrouver un semblant de vie normale en se rendant chez l'ex-compagne de Ray, absente de son domicile.
Mais bien entendu, la menace va les rattraper et obliger Ray à fuir encore et toujours au cours de rebondissements tendus et bourrés de suspense, alternant action pure, phases ensuite clairement orientées vers la science-fiction (notamment dans la seconde partie du film), mais en injectant une bonne dose de tension (voir même d'épouvante) à l'ensemble, lorsque Ray se réfugiera dans la cave, notamment.
Mais là où Steven Spielberg parviendra sans mal à se différencier des insipides "Independence day" et consorts, c'est en reliant tous les développements de l'intrigue au personnage de Ray, qui n'aura ici rien d'un patriote forcené, ni d'un sauveur de l'humanité, mais juste d'un homme confronté à une situation extrême et cherchant à rester en vie tout en protégeant ses enfants. C'est ainsi que les différentes phases de l'invasion extraterrestre sera suivie du point de vue du personnage principal, lui même témoin de l'avancement des opérations, offrant ainsi l'opportunité à Steven Spielberg de visualiser des scènes de destruction certes grandioses, mais cadrées à taille "humaine" et ne cherchant jamais la grandiloquence de destructions massives de monuments historiques ou autres scènes gratuites ne visant qu'à montrer la perfection des effets spéciaux, puisqu'ici chaque apparitions des envahisseurs sera justifiée par la narration et la quête de survie de Ray.
Le métrage s'octroiera quand même des phases de répits pour continuer de développer la relation existant entre Ray et ses enfants, sans que cela ne vienne nuire au rythme global de l'ensemble, bien au contraire, cela lui donnera un impact dramatique d'autant plus fort (la scène d'"adieu" entre Ray et son fils), même si le final en "happy-end" pourra paraître quelque peu surfait.
Le réalisateur en profitera également pour stigmatiser le comportement de ses concitoyens, individualistes à souhait dans une société malade et arrivera même à dresser une certaine parallèle entre l'invasion extraterrestre et un autre plus réelle, au travers de la visualisation de l'exode des populations.
L'interprétation est convaincante, avec un Tom Cruise humble et complètement impliqué dans le rôle principal, tandis que la mise en scène de Steven Spielberg est remarquable aussi bien pour dynamiser le métrage que pour filmer les séquences à effets spéciaux qui seront tout simplement époustouflantes. Et justement, ces effets spéciaux demeureront toujours parfaits pour s'incruster parfaitement dans chaque plan où ils interviennent, donnant ainsi une crédibilité totale au film, aussi bien lors des destructions causées par les extraterrestres que pour mettre en avant leurs matériels (les fameux "tripodes") et leurs habitudes sanguines.
Donc, cette "Guerre des mondes" version 2005 s'avérera être une oeuvre complète, spectaculaire sans tomber dans l'outrance béate et émouvante grâce à des personnages fouillés et attachants, tout en ne reculant pas devant l'envie de créer une ambiance tendue percutante.
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