Nous venant d'Australie, ce "Les traqués de l'an 2000" est un vrai film d'exploitation débridé se parant d'une connotation politique simpliste mais débouchant sur des situations graphiques et violentes.
Le script prend place dans un futur totalitaire où trois individus rejoignent pour différentes raisons un camp de redressement pour "déviants" et vont être choisis pour participer à une chasse à l'homme avec à la clé leur liberté s'ils survivent.
Après un générique composé d'images réelles suivant des émeutes entre manifestants et policiers à travers le monde, le métrage va nous présenter ses trois personnages principaux, enfermés dans l'arrière d'un camion en route vers un camp de redressement, pour nous faire suivre en de rapides flashbacks les raisons de leur arrestation, entre méprise pour l'une des deux demoiselles, tandis que l'autre aura été simplement dénoncée comme prostituée et que l'homme du trio sera un farouche opposant au régime en place.
L'arrivée au camp lorgnera ostensiblement vers les films de "WIP" (Women In prison) ou encore certains "Nazisploitation" pour nous faire partager l'extrême rudesse des gardiens bien décidés à mater les "déviants" du système, le tout avec une violence aveugle et sexuelle sous-jacente (même si les gardiens sont apparemment tous castrés, pour être encore plus brutaux), tandis que le réalisateur en profitera pour fustiger l'état totalitaire en place dans son métrage, celui-ci n'étant pas sans rappeler certaines dictatures réelles, notamment au travers du personnage de Thatcher, le responsable du camp mielleux et endoctriné devant un membre du gouvernement en visite sur place.
Toute la première partie du métrage s'attachera donc à nous dépeindre la vie dans ce camp au travers des déboires et des expériences vécues par le trio de nouveaux arrivants, délivrant au passage quelques situations sadiques (le jeu de la balle), tandis que certains développements emprunteront aux films de guerre plus classiques, avec ces projets d'évasion avortés.
Ensuite, le métrage va nous proposer une nouvelle version des "Chasses du Comte Zaroff", en introduisant quelques dignitaires du régime qui semblent venir régulièrement "s'amuser" au camp pour des chasses à l'homme mortelles pour les "déviants" sélectionnés, exposant devant la caméra quelques personnages typiques mais délicieux, notamment cette femme cruelle spécialiste de l'arbalète et une sorte d'hybride ressemblant à un loup-garou qui va épauler un autre chasseur dans sa quête.
Et bien entendu, les trois "déviants" suivis depuis le début du film seront choisis pour participer à cette chasse en échange d'une promesse de liberté, en compagnie de deux autre prisonniers.
Lâchés un par un dans la nature, les différents protagonistes vont donc devoir tenter d'échapper séparément à leurs poursuivants, même si la manière définie par l'auteur pour appréhender chacun tout au long de la première partie laissera largement anticiper qui va survivre de qui va périr.
Cette chasse sera orchestrée de façon très rythmée en avançant constamment des rebondissements parfois sanglants mêlés à une action sans cesse renouvelée jusqu'au final en véritable guérilla entre "déviants" et gardiens dans un camp dévasté.
En plus de sa capacité à exposer des situations volontaires et poussées à l'extrême (la jeune femme battue à mort sans raison pour prouver au trio qu'il vaut mieux obéir), le métrage s'octroiera un mauvais goût récurrent aussi bien dans l'agencement des personnalités véritablement déviantes des chasseurs, entre ce ventripotent homme politique pervers ou encore cette femme rusée et lesbienne, la palme revenant au gardien en chef Ritter, véritable monstre de bestialité difficilement contenue qui en imposera par sa présence charismatique.
Par contre, l'aspect politique du film demeurera succinct et basique pour une dénonciation en règle du totalitarisme en utilisant des clichés quand même croustillants ( la devise du camp ne commencera-t-elle pas par "La liberté c'est l'obéissance"...) et prétexte à une violence gratuite mais complètement assumée.
L'interprétation est assez convaincante, avec un Steve Railsback hélas pas assez crédible, mais sa prestation mitigée sera largement compensée par l'excellent Roger Ward dans le rôle très physique de Ritter. La mise en scène du réalisateur est vive et colle de près à l'action, tout en restant plutôt classique.
Les effets spéciaux sont ici tournés vers des plans sanglants généreux pour l'époque, avec par exemple deux mains sectionnée à la machette ou encore ce corps explosant sous les impacts de balles.
Donc, ce "Les traqués de l'an 2000" s'avérera être un pur divertissement jouissif et volontaire, parfois délirant et essentiellement tourné vers l'action avec une bonne dose de mauvais goût !
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