Nous venant d’Allemagne, ce "Flashback" verse dans le "slasher" en parvenant aisément à captiver et à impliquer son spectateur tout en respectant au premier abord les codes du genre pour mieux s’en jouer ensuite.
Le script réinsère dans la "vraie" vie une jeune femme tout juste sortie d’un hôpital psychiatrique où elle était enfermée après avoir assisté enfant au meurtre de ses parents, mais bien sûr quelque chose ne va pas tourner rond.
Après une courte séquence d’introduction suivant un jeune couple s’apprêtant à batifoler dans un compartiment d’un train qui va se faire trucider par un mystérieux tueur vêtu d’un e robe à fleurs et armé d’une faucille, le métrage va prendre place dans le cadre bourgeois d’une famille pour y suivre la soirée de la jeune Jeanna et de ses parents, un allemand et son épouse italienne, tandis qu’au dehors semble rôder l’assassin aperçu auparavant, ce qui se vérifiera lorsque les deux adultes seront tués sous les yeux de leur fille, laissant alors celle-ci seule face au tueur, jusqu’à ce que le métrage, par un artifice assez facile, ne nous fasse découvrir Jeanna plus âgée, devenue une jeune femme qui se sera remémoré ce passage difficile si en est de son enfance justifiant son placement dans un établissement spécialisé au milieu de déments pittoresques. Mais son psychiatre va bientôt décider de la rendre à la vie normale en lui ayant trouvé un travail de professeur particulier d’italien (langue parlée couramment dans sa jeunesse avec sa mère) auprès de trois jeunes d’une riche famille qui va l’héberger.
Cette mise en situation sera efficace malgré une impression évidente de déjà-vu dans la mise en place du double meurtre, avec une notion de rythme complètement assimilée par le réalisateur qui palliera ainsi au manque d’originalité de ses situations initiales, avant de poursuivre sa présentation de Jeanna lorsque celle-ci va se retrouver "dehors" et rapidement face à trois grands adolescents, deux soeurs et leur frère vivant dans une luxueuse demeure perdue au milieu de la montagne, leur père en voyage d’affaires et avec pour seul "garde-fou" la présence d’une gouvernante acariâtre.
Déjà rendu attachant, le personnage de Jeanna le deviendra définitivement avec ses premiers pas au côté de ses trois "élèves" qui avanceront des personnalités loufoques dans un humour certes peut-être quelque peu potache, mais exubérant et communicatif, tandis que le métrage laissera déjà entrevoir quelques signes inquiétants lors des différentes situations décrites.
Ensuite l’intrigue va continuer à suivre l’apprentissage de sa nouvelle vie par Jeanna, tout en avançant plusieurs premiers meurtres qui clôtureront une soirée arrosée donnée par les trois jeunes chez eux, toujours de façon classique et volontairement prévisible mais en restant énigmatique quant à l’identité de l’assassin, alors que l’inévitable bluette va naître entre Jeanna et son élève masculin, entraînant le métrage dans divers développements pas si anodins que cela, comme viendra le justifier un premier twist inattendu mais basique, vite balayé par un second bien plus impactant qui donnera un second souffle bienvenu à l’ensemble.
Ce sera donc en puisant allégrement dans les codes du genre que le réalisateur va tisser la toile de fond du métrage, entre ce tueur en robe de femme directement inspiré de "Psychose" et cette présence hostile bien présente qui arrivera par moments à générer un petit suspense et jouera sur les diverses interprétations envisageables (réalité ou imagination débordante de Jeanna ?), pour embarquer le spectateur dans une direction qui sera par la suite complètement révisée et jettera le voile sur plusieurs incohérences mineures relevées ici ou là grâce à une première révélation qui aurait été décevante si elle était restée isolée, mais la seconde surprise du métrage, rebondissant sur la première, viendra plus certainement cueillir le spectateur tout en permettant au film de se livrer à un joyeux jeu de massacre peu gore mais quand même efficace, jusqu’au dernier clin d'oeil savoureux lancé par l’auteur, mais la dynamique d’ensemble du métrage aura le mérite de ne jamais se moquer du spectateur dans sa quête d’effets de surprise en demeurant crédible.
Le métrage aura aussi l’avantage de mettre en avant des personnages bien déjantés et délurés, qui trancheront parfaitement avec la personnalité réservée de Jeanna tout en apportant au film sa dose d’humour cocasse et pour une fois véritablement souriant, qui rendra la mesquinerie à venir encore plus méprisable et donnera au dernier acte du film un aspect expiatoire jouissif. Mais le réalisateur saura également placer des traits d’humour dans l’environnement de l’intrigue (les deux policiers) grâce à des situations annexes croustillantes.
L’interprétation est plutôt convaincante, reposant en grande partie sur une Valérie Niehaus parfaite d’innocence dans le rôle de Jeanna, tandis que la mise en scène du réalisateur sera probantes en suivant l’action de près et en utilisant ses effets avec opiniâtreté tout en se servant des décors avec brio.
Les effets spéciaux sont ici discrets mais efficaces pour un métrage pas vraiment décidé à verser dans le gore franc pour ne laisser place qu’à quelques petits plans sanglants.
Donc, ce "Flashback" pourra logiquement espérer se faire sa petite place de choix dans le genre, par ses qualités évidentes et son souci de surprendre son spectateur.
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