La nuit de tous les mystères (House on haunted hill) est réalisé en 1958 par William Castle ; le film constitue une très honnête série B dont la réputation est aujourd'hui flatteuse. Le film a eu droit à un remake en 2000. Comme clin d'oeil, le personnage principal se nomme Price, d'après Vincent Price qui, lui, joue dans l'original. Plusieurs personnes se retrouvent ici conviés à passer une nuit dans une demeure supposée hantée ; au matin, le ou les survivants se partageront 10 000 $. Sur ce canevas simple, viennent rapidement se greffer d'autres sous-intrigues qui complexifient les relations entre les protagonistes, et rendent floues les réelles motivations d'une telle soirée.
Les apparitions fantomatiques seront aussi rapidement de mise, et dès lors une question sous-tendra tout le film : sont-elles réelles (sont-ce de vrais fantômes) ou pas ? On est vite tenté de dire non, car les soit-disant apparitions semblent vraiment des objets factices, composantes d'une sorte de train fantôme élaboré. On est donc, avec les personnages, emmenés dans une montagne russe d'apparitions comme autant de mises en scène à l'intérieur du film. Dans ce procédé on reconnaît avantage et inconvénient : l'avantage, c'est d'offrir une réflexion sur le dispositif filmique, donc de jouer sur l'ambiguïté d'une telle représentation. Le cinéma étant déjà l'art de l'illusion, comment distinguer une illusion considérée comme vraie dans le film ou fausse (en tenant compte du fait de l'ancienneté du film, et donc des limites en termes d'effet spécial, il est possible que ce qui "fasse" faux soit tout de même réel dans le film)? L'inconvénient est ici que le procédé fasse prendre du recul au spectateur, ce dernier se détachant de l'intrigue devant autant d'artifices. L'artificialité du film est assumée, à vous de voir si vous entrez dans la danse ou pas. Car le cœur du film est bien là : le jeu des apparences, remarquablement détournées ou manipulé par le personnage de Vincent Price, tout à la fois rassurant et étrange, donc inquiétant. Au final, le noir et blanc -très beau pour un film de petit budget- sied bien à l'atmosphère étrange, fantastique mais artificielle où un microcosme se "donne en spectacle". La faible durée (1h12) en fait un petit divertissement qui se rapproche d'un "Alfred Hitchcock présente" version longue. On aura vu pire modèle !
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