Rendez-vous manqué entre deux maîtres du genre italiens, Dario Argento ici producteur et le regretté Lucio Fulci qui devait le réaliser s'il n'était pas décédé juste avant le début du tournage, ce "Le masque de cire" échoua entre les mains de Sergio Stivaletti, spécialiste des effets spéciaux, qui repris le flambeau pour un résultat rendant hommage à l'âge d'or du gothique, tout en laissant de la place à un aspect sanglant assez volontaire.
Le script se focalisera autour de ce musée de cire présentant des mannequins étonnamment réalistes, pour y suivre l'enquête d'un journaliste suite à un décès étrange, l'amenant à percer à jour le terrible secret du tenancier des lieux.
Après un prologue prenant place dans le Paris de 1900 pour nous faire découvrir un double meurtre très sanglant découvert par des policiers horrifiés qui vont trouver sur place le seul témoin du drame, une fillette caché sous un meuble, le métrage ira situer son action une douzaine d'années plus tard à Rome où nous suivrons un jeune homme qui, suite à un pari lancé dans une maison close pour contredire un de ses amis et épater une prostituée dont il est épris, s'en ira passer une nuit dans ce musée de cire afin de montrer qu'il ne connaît pas la peur. Mal lui en prendra, car après quelques péripéties, une mauvaise rencontre le fera apparemment mourir de peur.
Cette introduction permettra à l'intrigue de nous faire pénétrer dans ce musée impressionnant de réalisme, tout en posant les bases des événements à venir puisque ce décès bizarre intéressera non seulement la police mais aussi un journaliste, en passe de devenir l'un des principaux personnages, qui se décidera à mener son enquête sur place, alors que conjointement le propriétaire du musée, Boris Volk, va embaucher une jeune demoiselle comme costumière.
Ensuite, l'intrigue va en parallèle suivre ce journaliste qui va bien entendu rencontrer et tomber amoureux de la nouvelle recrue du musée, tout en nous plongeant dans l'univers très spéciale du musée et des manières étranges de Boris Volk, nous amenant au fur et à mesure des événements à appréhender l'horrible vérité, évidemment prévisible, mais présentée ici de manière graphique lorsqu'une malheureuse sera littéralement vidée de son sang pour se voir ensuite injecter un liquide la laissant vivante mais incapable de bouger.
L'enquête de ce journaliste restera quant à elle bien classique et il faudra plutôt compter sur les dérives d'un script opportuniste ( l'identité de l'héroïne, en plus facilement anticipable ) et par moment même franchement improbable ( le final et ce "Terminator" métallique qui paraîtra bien déplacé dans un tel contexte ) pour alimenter le métrage de scènes fortes, telle cette autopsie avortée ou encore notre héroïne attachée et saignée dans une grange remplie de cochons qui viendront renifler de trop près les plaies pour une éventuelle mise à mort très sadique, reflétant bien ainsi l'implication de Lucio Fulci dans l'écriture du scénario, tandis que la "patte" de Dario Argento se retrouvera également dans des détails typiques du réalisateur, comme ce disque coutinuant de jouer sa musique alors que du sang vient le maculer pour finalement l'arrêter lorsque la petite flaque sera trop franche.
Et en plus de ces extravagances souvent sanglantes et horrifiques, le métrage pourra s'appuyer sur une galerie de personnages secondaires hauts en couleur, comme le vassal du propriétaire du musée, docile jusque dans les coups qu'il recevra suite à une grossière bourde engendrée par la jalousie, ou encore cet autre employé au visage défiguré et cette prostituée bien trop belle qui finira mal, tout en épaississant l'intrigue avec cet amour impossible et quasiment incestueux que va porter Boris Volk à sa jolie couturière.
Les décors restitueront à merveille l'Italie du début du vingtième siècle avec un aspect gothique affiné, tandis que la reconstitution de ce musée de cire et de ses sous-sols aura de quoi avoir un impact évident sur le spectateur.
L'interprétation est cohérente, grâce à un Robert Hossein mystérieux à souhait et la mise en scène de Sergio Stivaletti, pour son coup d'essai, ne sera pas trop simpliste malgré un style épuré de tout effet.
Les effets spéciaux seront globalement probants, notamment lorsqu'ils verseront dans un gore franc et plus que régulier, mais les inserts demeureront quant à eux bien visibles.
Donc, ce "Masque de cire" version italienne respectera en grande partie ses objectifs, mais il manquera quand même un petit quelque chose à l'ensemble pour qu'il devienne véritablement efficace, d'autant que le final dévira de la trajectoire initiale pour gentiment flirter avec le n'importe quoi !
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