Avec ce "Outlaw", le cinéaste britannique Nick Love signe un "Vigilante movie" brutal, violent et réaliste, ce qui ne l'empêchera pas d'apporter une réflexion intéressante sur l'état de notre société et notamment sur l'efficacité de la justice.
Le script suit le parcours d'un militaire tout juste revenu de la guerre en Irak, qui va fonder avec quelques victimes de crimes impunis une milice s'efforçant de réparer les erreurs judiciaires, et notamment celles les ayant touché de près.
Après une première séquence déjà bien agressive bous montrant un homme se rendant à son propre mariage en compagnie de sa future épouse et qui vase faire salement amoché par une bande de petits voyous, pour ce qui ne sera qu'un cauchemar mais surtout un moyen efficace de nous présenter un des personnages principaux, tandis que le métrage va ensuite justement mettre rapidement en avant ses autres protagonistes, et notamment ceux qui bien entendu deviendront les membres de ce gang de justiciers, pour une mise en situation efficace mélangeant ces petites sous-intrigues douloureuses auxquelles le réalisateur laissera le temps de s'exprimer pleinement, justifiant ainsi largement le passage de l'autre côté de la barrière de ces victimes cruellement atteintes dans leur chair suite à une violence tout à fait crédible et réaliste.
Ensuite, l'intrigue s'attachera à consolider la formation de ce petit groupe d'individus plus ou moins prêts à se venger dans le sang sous la coupe de ce militaire dans l'impossibilité de se réinsérer dans la société après son retour de l'actuelle guerre en Irak et désireux d'être reconnu par ses nouveaux compagnons de route à qui il enseignera l'art de la violence, pour ensuite les emmener sue les traces des bourreaux d'hier qui vont à leur tour devenir victimes.
Mais le métrage ne se contentera heureusement pas d'accumuler les séquences de vengeance brutale pour revenir régulièrement sonder judicieusement les états d'âme des différents personnages devant leurs actes reprochables, ce qui mettra même en péril la cohésion du groupe.
En choisissant comme fil conducteur le cas de cet avocat plaidant contre un riche trafiquant de drogue qui subira d'abord une intimidation à base de menace envers son épouse enceinte avant que celle-ci ne soit sauvagement attaquée et poignardée en plein ventre, le métrage cherchera également à fustiger une certaine connivence entre le crime et la police de façon certes facile mais présentée ici de manière crédible.
Il en sera de même lorsque le réalisateur dénoncera à mots couverts l'invasion de caméras de surveillance faisant fureur en Grande-Bretagne, celles-ci épiant les moindres faits et gestes de chacun, mais uniquement lorsque cela peut servir aux autorités.
Si la dernière partie du métrage connaîtra une légère baisse de rythme couplée à des rebondissements quelque peu tirés par les cheveux, cela n'entachera pas la virulence de l'ensemble, quoi que l'on puisse penser des partis-pris radicaux de Nick Love vis à vis de son sujet délicat et sujet à de nombreuses interprétations possibles.
L'interprétation est largement convaincante, entre un Sean Dean qui en impose dans le rôle du leader du groupe froid et direct, et un Danny Dyer jouant un poltron qui se transformera au contact de ses nouveaux amis.
La mise en scène de Nick Love est véritablement efficace, en adoptant un point de vue collant à l'action grâce à de nombreux plans tournés caméra à l'épaule, donnant ainsi à l'ensemble un aspect "pris sur le vif" criant de vérité, mais hélas un découpage trop haché des scènes d'action viendra parfois limiter la lisibilité de ces séquences.
Donc, ce "Outlaw" aura largement de quoi passionner son spectateur et le pousser à la réflexion, tout en le confrontant à une violence sèche et graphique appuyée !
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