Plutôt que de céder à la facilité de la surenchère sanglante, le réalisateur Eli roth a judicieusement choisi pour ce "Hostel 2" de continuer à explorer l'univers façonné dans le premier film, pour nous faire découvrir les mécanismes de cette "usine" à tortures, en suivant les mésaventures de trois demoiselles en voyage à travers l'Europe.
En effet, le script va donc suivre trois jeunes américaines, en vacances artistiques en Europe qui vont, après avoir suivi une jeune femme rencontrée à Rome jusqu'en Slovaquie, tomber entre les mains des riches bourreaux payant pour pouvoir torturer et mutiler leurs victimes.
Après un générique qui verra les effets personnels d'une personne brûler dans un crématoire que l'on devinera aisément comme appartenant à la sinistre usine du premier "Hostel", le métrage va commencer par réintroduire Paxton, le survivant du premier film dont nous suivrons la funeste destinée alors qu'il commençait à réapprendre à vivre après ses déboires sanglants, pour ensuite nous présenter ses principaux personnages, deux jeunes étudiantes américaines prenant des cours de dessins à Rome avec un groupe et s'apprêtant à poursuivre leur périple européen vers l'Est, bientôt rejointes par une troisième demoiselles quelque peu fantasques et évaporée qu'elles vont emmener avec elles presque par pitié.
Ce sera dans un train, après avoir connu une petite mésaventure avec une bande de dealers obsédés, qu'elles vont "fortuitement" retrouver la jeune femme ayant posé pour elles à Rome, celle-ci leur proposant avec succès de changer de destination pour la Slovaquie et un séjour en thalassothérapie.
Si l'entame du métrage aura de quoi déconcerter légèrement en s'attardant de manière finalement inutile sur le sort de Paxton, qui permettra juste au réalisateur d'imposer une séquence de cauchemar assez probante et remettant parfaitement en mémoire les événements d'"Hostel" tout en offrant une première petite scène choc peu graphique malgré une bonne volonté évidente ( le chat ), la présentation des différents personnages principaux sera limitée au maximum et ne partira pas longtemps dans des situations potaches comme précédemment pour rapidement se recentrer sur le fil conducteur et placer ces demoiselles face à une série de protagonistes louches, laissant ainsi Eli Roth jouer sur leur éventuelle appartenance à l'organisation de "l'usine" pour alimenter une certaine tension.
Ensuite, dès lors que l'intrigue se positionnera dans ce fameux village et son hôtel inquiétant, le métrage va parallèlement suivre la progression des préparatifs du rapt des futures victimes du côté des tortionnaires, en nous faisant découvrir les futurs bourreaux sous leur visage humain, tout en laissant les jeunes femmes s'acclimater à l'endroit, où le piège se refermera inexorablement sur elles, jusqu'à la dernière partie glauque et parfois saignante qui prendra bien sûr place dans "l'usine".
Mais au lieu de simplement calquer l'intrigue du premier "Hostel" en changeant juste le sexe des personnages, Eli Roth, même s'il devra laisser s'exprimer ses personnages pour une série de situations assez prévisibles et du coup ne parvenant pas vraiment à générer un réel suspense, agrémentera son intrigue d'éléments propres au mécanisme d'enlèvement pour nous montrer toutes les "ficelles" de cette organisation criminelle bien huilée, tout en mettant en avant ces deux hommes de personnalité bien différente voulant goûter au plaisir du meurtre, pour de la sorte créer un véritable puzzle dont les différentes pièces s'imbriqueront au fur et à mesure de l'avancement du métrage, rendant ainsi l'ensemble captivant.
Le métrage n'échappera pas alors à une rupture de ton qui précipitera les choses vers un dernier acte tour à tour glauque, violent et porteur d'un humour noir ( la scie ), tout en ménageant des retournements de situations tour à tour faisandés ( le bourreau ) puis ingénieux, pour finalement ne pas verser dans un gore franc, mais avec quand même quelques plans juteux ( la castration ).
Si l'issue du film pourra donc légèrement décevoir par son manque d'hémoglobine ( sur lequel s'est pourtant en partie vendu le métrage ), cela n'empêchera pas Eli Roth de se plonger avec délectation dans l'univers inhumain de "l'usine", pour par exemple nous gratifier d'une séquence esthétiquement remarquable directement héritée du "gothique" et de la comtesse Bathory, mais en ne s'attardant pas trop sur les méfaits des différents tortionnaires.
L'interprétation est convaincante, portée par une Lauren German tout à fait crédible, alors que l'on retrouvera dans un petit rôle Edwige Fenech, icône bien connue des amateurs de cinéma-bis italien à tendance érotique, et que Ruggero Deodato, l'auteur de "Cannibal Holocaust", viendra ici faire un petit caméo.
La mise en scène d'Eli Roth est adaptée au style de narration du film pour suivre l'action parfaitement et donner un rythme constant au métrage.
Les effets spéciaux sanglants sont probants et quand même volontaires même s'ils ne versent pas dans l'outrance.
Donc, ce "Hostel 2" s'imposera comme une suite tout à fait pertinente et riche, largement digne d'intérêt !
|